Des restes de pétards rouges tapissent l’entrée de la maison des Poliah à Mont-Fertile, New Grove. Sur une table de la terrasse, des bouquets que Keren, 18 ans, a reçus tout au long de la journée de vendredi. S’il y avait des signes de réjouissance chez les Poliah ce soir-là, ce n’est qu’à partir d’hier que la jeune fille et ses parents, Ketsia et Balraz, ont véritablement commencé les célébrations. De foi adventiste, ils se sont rendus à l’église avant de se retrouver autour d’un repas avec les grands-parents de Keren.
Aujourd’hui, d’autres choses sont prévues. Et demain, c’est la tante de la lauréate qui viendra spécialement des Seychelles pour elle. La fête ne pourra que continuer. “C’est maintenant que je vis”, confie celle qui est la première boursière du collège d’État France Boyer de la Giroday. “Je ne mangeais plus depuis mercredi dernier… Hier (ndlr : jeudi), je ne pouvais pas dormir”, raconte-t-elle. Quelques minutes après avoir entendu la ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun annoncer son nom, Keren confiait à Week-End qu’elle n’arrivait pas à croire ses oreilles.
“I am out of this world”, disait-elle d’une voix posée. Plus tard dans la soirée, assise entre ses parents, elle n’en revenait toujours pas de son sacre. “Je ne réalise pas encore que je suis lauréate. Je ressens une profonde fierté pour mon collège, mes parents et mes enseignants. Mais c’est aussi une responsabilité envers mon collège qui m’attend, car j’espère être un modèle pour les autres élèves. Je voudrais qu’il y ait d’autres lauréates au collège France Boyer de la Giroday”.
Modèle, elle l’est déjà pour les filles de Form I. Ses jeunes admiratrices sont rentrées chez elles avec l’autographe de la lauréate, qui était présente au collège vendredi. “D’autres filles m’ont demandé des conseils et des techniques d’apprentissage”, raconte t-elle. Keren confie qu’elle a développé sa propre technique. “Je n’ai pris des leçons particulières qu’en General Paper et sociologie. L’encadrement que j’avais au collège me suffisait, je voulais travailler à mon propre rythme et me retrouver seule pour me concentrer et faire mes recherches. J’avais banni la télévision. Je pouvais me réveiller à une heure du matin et me mettre au travail et je lisais beaucoup.”
La jeune fille se consacrait à ses études pendant la semaine. Le samedi étant jour de sabbat et le dimanche décrété jour de repos pour elle. Puis, elle a fait confiance à son collège, qu’elle a intégré après le primaire à l’école Notre Dame du Refuge RCA. Avec ses six unités au School Certificate, il n’y avait aucune raison, dit-elle, pour qu’elle aille ailleurs. Brillante élève qui a raflé différents prix pendant sa scolarité, le succès de Keren au HSC n’a pas surpris ses enseignants et parents. Ces derniers, directeur d’un restaurant dans un établissement hôtelier et Quality Surveyor à temps partiel, ont misé sur l’éducation de leur fille.
“Elle est notre petite lumière”, dit fièrement Ketsia Poliah. La veille des résultats, Keren lui confiait : “Maman je vais te décevoir demain”, pensant qu’elle ne serait pas à la hauteur de ses attentes. La jeune fille n’a pas encore pris de décision sur l’orientation de ses études. “Avant je voulais étudier le droit. Maintenant j’ai un éventail de possibilités”, dit-elle. En attendant son départ pour une université anglaise, elle apprend à faire la cuisine, donne des cours privés en littérature et General Paper, et sort avec son petit ami. Car après les examens, sa mère a levé une interdiction imposée pendant les études : “Hors de question d’avoir un petit ami.”
Lauréate (Arts Side) du collège France Boyer de la Giroday : Keren Poliah, «La petite lumière » du sud
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