Journée mondiale des sourds : du progrès mais aussi de grands défis à relever…

« La Journée des sourds est l’occasion de dresser un bilan de la situation des sourds et malentendants, de mesurer le progrès réalisé en leur faveur et le travail qu’il reste à faire pour éliminer toute forme de discrimination à leur encontre. Nous mettons aussi l’accent sur l’importance de la langue des signes pour une meilleure communication. » C’est ce qu’a fait ressortir Ashvin Gudday, vice-président de l’Association pour la Protection des Droits des Handicapés (APDH) en amont de la Journée mondiale des sourds qui a lieu le dernier samedi du mois de septembre. Il a annoncé une journée d’activités le samedi 21 septembre à Alex Vellin Municipal Hall pour sensibiliser à l’inclusion, l’égalité des chances et la promotion de la langue des signes pour les personnes ayant une déficience auditive.

- Publicité -

Sensibiliser le public au monde de la surdité, mettre en lumière toutes les difficultés quotidiennes rencontrées par les personnes sourdes et malentendantes tout en suggérant les possibles solutions et les adaptations réussies, tels sont les objectifs de la Journée mondiale des sourds, qui permet ainsi d’exprimer la volonté d’intégration dans la vie sociale et de revendiquer le droit d’égalité avec tout autre citoyen.

Dressant un bilan de la situation des personnes vivant avec une déficience auditive, Ashvin Gudday estime qu’il y a eu du progrès au sujet de la langue des signes qui est plus présente aujourd’hui dans les médias. « Il y a une amélioration. Pendant le Covid-19, par exemple, beaucoup de personnes sourdes n’arrivaient pas à comprendre les informations, nous avions donc écrit à MBC et nous sentons une amélioration. Maintenant, nous souhaitons que la langue des signes parvienne également au Parlement ainsi que dans d’autres espaces publics », plaide-t-il.

Concernant les écoles, regrette-t-il par contre, à l’exception des écoles spécialisées, il y a un manque cruel pour ce qui est de la langue des signes. « Nous prônons une éducation inclusive pour les sourds. Le Mainstream doit pouvoir accueillir des enfants sourds », s’appesantit-il.

S’agissant de l’employabilité, il considère qu’il n’y a pas suffisamment de perspectives malgré la nouvelle loi, la Protection and Promotion of the Rights of Persons with Disabilities Act. « Nous sentons qu’il faut plus d’efforts à ce niveau pour permettre aux personnes vivant avec surdité de trouver un emploi et d’intégrer la société. Nous notons du progrès pour les personnes sourdes mais ce n’est pas suffisant », ajoute-t-il.

Le défenseur des droits des personnes vivant avec un handicap souhaiterait que pour chaque décision prise à leur intention, ces personnes soient consultées à travers les ONG qui s’en occupent et les parents en vue de prendre en ligne de compte les doléances. « Il n’y a pas assez de forums où les difficultés de ces personnes peuvent être entendues. Il y a certes une nouvelle loi mais quelle est son efficacité ? » s’interroge-t-il. La pension de base aujourd’hui, ajoute-t-il, est autour de Rs 14 000 pour une personne jugée handicapée à 60%. Or, fait-il voir, une personne peut avoir un problème de surdité mais n’est pas éligible à une telle allocation. « Si le médecin évalue son handicap à (-)40%, elle ne reçoit aucune allocation d’invalidité et entre 40-59%, elle reçoit Rs 2 500 », regrette-t-il.

Au-delà des allocations, estime-t-il, il importe encore d’améliorer les facilités existantes et autres infrastructures. « Il faut davantage de facilités pour ceux voyageant par autobus et plus de panneaux informatifs pour les malentendants. Il faut aussi plus de personnes parlant la langue des signes dans le public. Au cas contraire, ces personnes se sentiront frustrées et s’enfermeront dans le mutisme. Il faut que les personnes sourdes puissent participer pleinement aux activités quotidiennes. »

La loi non plus ne suffit pas, maintient-il. « Il faut un plan. Le problème de surdité ne fera que s’accroître avec la pollution sonore et le vieillissement de la population. Dans cette perspective, il faut que les appareils auditifs soient plus accessibles et de bonne qualité. Les bons d’achat ne suffisent pas car les appareils coûtent plus cher. Une personne avec surdité devrait pouvoir, après consultation, pouvoir choisir un appareil qui lui convient et obtenir l’aide de l’État. Certains n’utilisent pas leur appareil, celui-ci n’étant pas adapté à eux. Il ne faudrait pas donner un appareil juste pour dire qu’on donne. Il faut qu’il soit de qualité et adapté à la personne », rajoute-t-il.

Implant cochléaire

L’APDH soutient des enfants ayant un implant cochléaire, un appareil électronique qui permet aux personnes atteintes de surdité profonde d’avoir un meilleur accès aux sons. Il est composé d’une partie interne et d’une partie externe. La partie interne est insérée sous la peau derrière l’oreille lors d’une chirurgie qui nécessite une anesthésie générale. La partie externe est constituée du processeur qui est relié à une antenne. L’antenne est munie d’un aimant qui permet de la maintenir en place vis-à-vis de la partie interne pour que le contact puisse s’établir.

Une quarantaine d’enfants à Maurice ont subi des interventions chirurgicales à cet effet. « Nous les soutenons car cet appareil peut coûter jusqu’à Rs 600 000. L’opération coûte plus de Rs 1 million pour un enfant. Le coût de réparation est très élevé aussi. Nous sommes actuellement en train de faire des démarches pour aider une jeune fille à changer son appareil après 13 ans d’utilisation. Nous lançons un appel aux autorités pour accorder davantage de facilités d’accompagnement aux enfants concernés », plaide-t-il. Tout aussi important e est la mise à disposition des orthophonistes pour les jeunes malentendants. Ashvin Gudday regrette que très peu de jeunes intègrent une école normale. « Il faudrait qu’il y ait plus d’enfants qui puissent intégrer le système normal. »

Si une nouvelle loi a été introduite en faveur des personnes en situation de handicap, Ashvin Gudday souligne qu’il faut encore appliquer la loi et avoir plus de consultations entre les décideurs et les parties prenantes dont les parents. « Le Medical Board doit avoir aussi une approche sociale et non purement en termes de pourcentage de handicap pour qu’une personne puisse bénéficie d’une allocation d’invalidité. Il y a des handicaps qui sont permanents, il est donc aberrant de faire subir une réévaluation à la personne. Il faut un système transparent certes, mais c’est un traumatisme pour la personne handicapée de subir plusieurs fois ces évaluations. » Il souhaite davantage de panneaux visuels dans les espaces publics et que les employeurs respectent le quota de recrutement de personnes handicapées. « À ce moment, on pourra dire que ce n’est pas qu’un slogan mais qu’il y a vraiment inclusion. »

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -