Journée mondiale de l’Alzheimer – Marie Elizabeth Planel : « Diagnostic précoce et sensibilisation comme atouts majeurs »

« Le diagnostic précoce et la sensibilisation sont des atouts majeurs pour améliorer la qualité de vie des patients. » C’est ce que fait ressortir Marie Elizabeth Planel, psychologue clinicienne spécialisée en neuropsychologie et gérontologie. Dans le cadre de la Journée mondiale de l’Alzheimer dont le thème, cette année, est « Il est temps d’agir contre la démence », elle aide à mieux comprendre cette maladie et les implications autour.
Si sur le plan mondial, environ 2 % des personnes âgées de plus de 65 ans souffrent de la maladie d’Alzheimer, à Maurice ce chiffre se situe à 15 % chez les personnes de plus de 85 ans. Avec une population vieillissante, elle anticipe une augmentation considérable du nombre de personnes atteintes de cette maladie au cours des prochaines années. D’où l’importance d’une telle journée qui constitue une occasion importante de sensibilisation en vue « de réduire la stigmatisation autour de la maladie tout en soulignant l’importance d’un diagnostic précoce pour une meilleure prise en charge ».

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Expliquant ce qu’est la maladie d’Alzheimer, la professionnelle en gérontologie indique qu’il est une pathologie neurodégénérative affectant les fonctions cognitives. « Elle vient mettre à mal l’autonomie fonctionnelle de la personne et impacte souvent sa thymie causant l’anxiété et la dépression. Elle touche généralement les personnes âgées de plus de 65 ans. À ce jour, il n’existe pas de traitement curatif mais une prise en charge précoce peut ralentir son évolution et améliorer la qualité de vie de ces patients », souligne la psychologue clinicienne.

S’agissant des facteurs de risques, le principal est l’âge avancé, notamment à partir de 65 ans. « Il est important de noter que les formes héréditaires sont relativement rares, représentant moins de 10 % des cas. Il est important de savoir qu’il existe des facteurs de risque modifiables, tels que le tabagisme, une mauvaise alimentation, la consommation excessive d’alcool, la sédentarité, l’hypertension artérielle, le diabète, l’obésité, la dépression, l’anxiété, les troubles du sommeil, le manque de stimulation intellectuelle, l’isolation et l’hypoacousie (baisse de l’audition) ». En agissant sur ces facteurs, souligne Marie Elizabeth Planel, il serait possible de prévenir ou de retarder environ 40 % des cas.
Si le principal facteur de risque est l’âge avancé, pour autant, les personnes âgées ne sont pas les seules à en souffrir. « Il existe une forme, heureusement plus rare, appelée Alzheimer précoce, qui peut toucher des personnes dès 40 ans », fait-elle ressortir. La prévention passe par l’information et la sensibilisation. Chacun a la possibilité, ajoute la psychologue clinicienne, de réduire les facteurs de risque modifiables. Elle conseille ainsi d’adopter un mode de vie sain pour aider à réduire les risques, ce qui implique une alimentation équilibrée, de l’exercice physique régulier, la stimulation cognitive telle que lire, jouer aux cartes ou apprendre de nouvelles choses, maintenir des liens sociaux actifs à travers des groupes de troisième âge, le bénévolat etc. et bien gérer les facteurs de santé comme l’hypertension ou le diabète.

Quelle prise en charge existe-t-elle ? « À Maurice, comme dans d’autres pays, la prise en charge de la maladie d’Alzheimer n’est pas curative, mais vise à gérer les symptômes. Cette prise en charge repose sur une approche pluridisciplinaire et holistique, combinant des traitements médicamenteux et non médicamenteux. Ceci a pour objectif de ralentir la progression de la maladie et d’assurer une qualité de vie satisfaisante pour le patient. Les thérapies non médicamenteuses se concentrent sur l’accompagnement et la stimulation des capacités cognitives et fonctionnelles. Des ateliers de stimulation cognitive, de réminiscence ou encore d’art-thérapie permettent de renforcer leur mémoire et leurs fonctions exécutives. Ils favorisent également le bien-être émotionnel des patients en stimulant leurs sens et leur mémoire affective », explique-t-elle encore.

L’avancée réalisée à Maurice se situe principalement au niveau du diagnostic, de la sensibilisation du public et de la gestion des symptômes, met-elle en exergue. Le développement de structures de soutien, telles que les associations, les ONG, et les centres spécialisés, continue à améliorer la prise en charge des patients atteints d’Alzheimer. Elle observe que la formation des soignants s’est renforcée, avec des programmes spécifiquement ciblés sur la compréhension et la gestion de cette maladie leur permettant d’adopter des stratégies de soins plus adaptées et bienveillantes.

« Lorsque je reçois des patients pour un bilan neuropsychologique ou des familles pour une aide thérapeutique, je constate que notre travail de sensibilisation porte ses fruits. Le bilan neuropsychologique, en particulier, s’avère essentiel pour un accompagnement efficace car il permet d’évaluer avec précision le stade de la maladie et par ricochet les besoins cognitifs et émotionnels. Grâce à cette évaluation, les patients et leurs proches sont souvent mieux informés et plus réceptifs aux démarches thérapeutiques, ce qui facilite l’accompagnement et permet une prise en charge plus sereine sur le long terme », fait-elle comprendre.

Marie Elizabeth Planel avance que si chaque avancée est encourageante, elle doit être vue comme une étape supplémentaire dans un processus d’amélioration continue. Elle estime important de ne pas se reposer sur ses acquis. « Il y a toujours des possibilités de faire mieux, de perfectionner les traitements et d’affiner les approches pour améliorer la qualité de vie des patients et soutenir les aidants familiaux et professionnels. Cela pourrait passer par une plus large et constante sensibilisation et vulgarisation concernant cette maladie sur le plan national  »

En tant que professionnelle en gérontologie, Marie Elizabeth Planel croit fermement que le diagnostic précoce et la sensibilisation sont des atouts majeurs pour améliorer la qualité de vie des patients. « Surmonter la stigmatisation liée à cette maladie est crucial pour une meilleure prise en charge. La connaissance des facteurs de risques modifiables l’est également. Il est aussi essentiel de reconnaître le rôle vital des aidants familiaux et de leur fournir les ressources nécessaires pour prévenir le burnout. Il n’est jamais trop tard ni trop tôt pour agir contre la démence et soutenir efficacement les personnes concernées », conclut la psychologue clinicienne spécialisée en neuropsychologie et gérontologie.

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