Journée internationale des Droits des femmes : entre révolte et ras-le-bol

Lemauricien.com a donné la parole aux femmes de milieux différents en cette Journée internationale des droits des femmes, ce mercredi 8 mars.

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Les échanges ont tous un point commun : la révolte ! Face à la lenteur persistante des autorités et les idées arrêtées, ce sentiment s’accentue au fil des années, avec un arrière-goût de ras-le-bol. Car, à Maurice, selon celles interrogées, nous sommes encore loin derrière.

Catherine Prosper-Modeste, porte-parole de Linion Fam
et survivante de violences domestiques :

« Ce n’est pas une célébration »

« C’est une foutaise. Ce n’est pas une célébration. Nous sommes encore loin derrière, nous devons encore redoubler d’effort alors que nos droits sont légitimes. Il y a des institutions, mais rien n’est fait. Pensez-vous qu’une femme battue avec des enfants et juste un salaire minimum peut trouver un logement ? Beaucoup de femmes restent par manque de moyens. Nous avons des lois, mais uniquement sur papier. Une femme battue n’obtient pas de congé médical. En plus des traumatismes liés à la violence, elle doit aussi gérer ce choc émotionnel en étant sur son lieu de travail.

Il nous faut des prédispositions, des logements sociaux ou les femmes sont en sécurité. Il faut des lois avec des gestes humains. Il y a un manque de volonté. Ceux qui sont à la tête de nos institutions ne sont pas sur le terrain. A savoir qu’à Maurice, il y a juste trois Shelters qui prennent en charge les femmes. Il faut revoir tout ce système ».

Anushka Virahsawmy, Country Director de Gender Links Mauritius :
« Bizin kas sa bann tabou-la »

« Zourne internasional drwa bann fam li touzour pe montre nou ki ena enn gap ek li montre difikilte ki bann fam pe gagne dan diferan sekter. Nou Konstitision koz lor legalite dan Seksion 16, me dan Moris li ankor bien flagan, ena zis trwa fam Minis. Si zot pli diplome ki bann zom, ena kan mem mwin fam dan Top Management.

Bizin kas sa bann tabou-la, bizin amenn enn kota pou ekite. Pou sa lazourne-la, bizin amenn bann diskision ek solision ansam ek bann zom ».

Tessa Prosper, Tattoo Artist :« Pourquoi pas une
femme à la tête du pays comme Première ministre ? »

« Effectivement, les droits des femmes à l’égalité demeurent toujours aussi fragiles. Étant moi-même dans un monde typiquement ‘réservé’ à la gente masculine, je me vois souvent confrontée à des difficultés et des obstacles liés à ce manque d’inégalités. J’espère de tout cœur voir changer la mentalité de tout un chacun envers les femmes, surtout le respect envers la femme de différentes communautés. Nous sommes tous égaux. L’accès aux différentes facilités doit impérativement être sur la même base d’égalité et d’équité. Les femmes se font souvent juger facilement surtout ici. La femme actuelle peut beaucoup faire et peut faire bouger les choses si on l’encadre et on met à disposition les outils nécessaires. J’aurais bien voulu avant ma mort voir des femmes à la tête du pays comme Première ministre et même à la tête des institutions gouvernementales et privées.

Pourquoi pas des résolutions pour Empower plus les femmes ? Je dis courage et chapeau bas à toutes celles qui malgré les difficultés avancent la tête haute. »

Shaama Sandooyea, biologiste marine:
« Nous avons encore du chemin à faire »

« Il ne faut pas oublier que les femmes ont dû militer pour avoir leur place dans la société et elles militent toujours de nos jours. D’ailleurs, à Maurice, nous avons encore du chemin à faire en ce qu’il s’agit des droits de la femme. Il existe encore des discriminations envers la femme et le dénigrement est quelque chose de bien ancrée. Nous devons lutter contre cela.

On m’a déjà dit que je ne peux pas faire ça parce que je suis une femme. Il y a encore tellement de choses à faire à Maurice. Ailleurs, ce sont des choses normales pour les femmes, telles que l’avortement, qui est un choix »

Karola Zuël, créatrice de contenus sur l’éducation
sexuelle en Kreol : « Les femmes ne se réveillent pas assez »

« La Journée des droits de la femme ce n’est pas que de jolis posts sur les réseaux sociaux. Les femmes ne se réveillent pas assez, je suis révoltée. Changer les mentalités est un énorme travail. En plus nous devons faire face aux différentes générations et nos lois ne changent pas assez vite.

Il faut arrêter de nous voiler la face : Maurice est en retard et, en plus, n’a pas l’éducation sexuelle adéquate. Il faut sensibiliser les jeunes filles sur le consentement, les risques, les maladies, entre autres. Les manquements sont partout. C’est bien de prendre des initiatives, mais il faut aussi un suivi. Il est aussi important de s’éduquer pour comprendre pourquoi on milite ».

Anne Murielle Ravina, Miss Universe Mauritius 2021:
« Mettre à l’honneur la contribution de la femme »

« C’est une journée importante car c’est important de mettre à l’honneur la contribution de la femme dans notre société. Il ne faut pas oublier que les femmes à travers le monde font toujours face à des difficultés et des stigmatisations juste parce qu’elles sont des femmes.  Il est aussi important de se demander si l’émancipation n’est pas juste un terme utilisé uniquement le 8 mars.

Le thème choisi cette année est l’innovation et des technologies pour l’égalité des sexes : pour un monde digital inclusif, mais certains outils informatiques sont encore souvent utilisés contre les femmes. Je pense qu’à travers la technologie il faut aussi éduquer sa population afin de mieux comprendre le rôle de la femme dans notre société ».

Emily Bauluck, mannequin et maman: « Urgent de trouver
des solutions pour les femmes en difficulté »

« Il est urgent de trouver des solutions pour les femmes en difficulté avant tout. Le problème de violence domestique continue de grandir à Maurice et rien n’est fait. Le ministère de la Femme doit prendre sa part de responsabilité et mettre en place des solutions pour les encadrements adéquats. La formation et le suivi sont également importants afin que les femmes puissent s’en sortir dans la société »

Karen Fanny, Bloggeuse et créatrice de Vidéo : « Sois le changement »

« Comme moi, beaucoup de femmes ont été et sont persécutées, blessées, injuriées, maltraitées, ignorées parfois par la famille, les proches, les gens qui l’entourent, l’époux, le conjoint, les enfants et j’en passe.
Toi, cette femme qui me lit, qui te reconnais, sois forte! Sois le changement! Panse tes blessures, éloignes-toi de ces gens toxiques, n’attends pas qu’on le fasse pour toi. Lève-toi et bats-toi. Tu es plus forte que ce que tu crois ou que ce qu’on a pu te faire croire!
Mon message pour toi femme : La vie te brisera et te mettra souvent à l’épreuve. Si quelqu’un cherche à te rabaisser, dis-toi que ta puissance nourrit son complexe et ta force le dérange. Si tu es assis à attendre que quelqu’un te sauve, te répare ou même t’aide, tu perds ton temps parce que toi seule qui a le pouvoir de prendre la responsabilité de faire avancer ta vie. »
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