Jacques Rivet, président-directeur-général du Mauricien Ltée, fondateur de Week-End et de Week-End Scope, et directeur de Turf Magazine, a toujours fait preuve d’un grand dévouement au développement du groupe, acquis par son père, Raoul Rivet, en 1927. Tout le monde lui reconnaît sa grande humanité, son professionnalisme et son amour profond pour le journalisme, la photographie et l’imprimerie, mais aussi pour sa plume qui dit haut ce que les autres pensent tout bas.
Jacques Rivet est aussi reconnu pour sa pratique du sport et a touché à de nombreuses disciplines avec plus de succès dans certaines disciplines comme le football, le volley-ball, le saut en hauteur, le tennis de table. Quand le temps et le physique faisaient défaut, il s’est adonné au billard et au snooker, avant de développer une véritable passion pour le golf, qu’il partageait avec ses amis, les Vagabonds, un groupe de retraités ou préretraités qui faisaient du golf, la fête et s’échangeaient des messages rigolos, jusqu’à ce que cette vilaine maladie n’y vienne mettre un terme pour lui.
Son éducation se résume à l’école Becherelle, au primaire, puis au Collège du St-Esprit au secondaire, où il a appris les valeurs essentielles de la vie : l’humanisme, la rigueur et la discipline, et où son esprit critique s’était développé. Il quitta l’école prématurément dans le sillage de la mort de son père Raoul Rivet — qui avait repris les rênes du Mauricien en 1922, lorsque Eugène Henry, qui avait fondé le quotidien en 1908, décida de se retirer — pour rejoindre les bureaux du Mauricien à la rue St Georges le 11 décembre 1957.
À la mort de Raoul Rivet, Lydie Rivet, son épouse, faisait office de directrice du Mauricien Ltée et s’est tenue aux côtés de son fils Jacques Rivet, qui avait été épaulé par son demi-frère Guy Gnany et son beau-frère Jean Delaître, mais après quelque temps, il décida de voler de ses propres ailes. Inculqué aux rudiments du journalisme et de l’administration, Jacques Rivet montra très tôt des dispositions pour tout ce qui touche à l’imprimerie et la prépresse. Dès 1958, il créa le département de la photographie et la photogravure et la clicherie dans les locaux du Mauricien.
Motivé par l’innovation
Il poursuivra, par la suite, inlassablement la modernisation tant en termes d’outil de saisie de texte pour les journalistes qu’en termes de prépresse et de presse pour assurer une qualité d’impression des journaux en constante hausse. La dernière acquisition qui fait partie aujourd’hui d’Impress Print était la presse de ses rêves les plus fous, une Man Roland qui a donné une autre dimension à la qualité des journaux. Il doit ces avancées technologiques à son inséparable collaborateur et ami Gaëtan Montenot pendant plus de 40 ans. Cette modernisation permanente de l’entreprise, Jacques Rivet l’a poursuivie grâce à ses participations fréquentes au salon de l’imprimerie et de packaging de Drupa à Düsseldorf.
Il était motivé par l’innovation, comme la composition moderne de nouveaux titres et la première presse offset de qualité dont le lancement était prévu en 1978, le mois où un incendie destructeur a éclaté et fait rage dans le bâtiment St Georges. Alors que toutes les archives ont été détruites et que beaucoup de dégâts ont été causés, la nouvelle presse offset a été sauvée. C’était le dimanche 8 janvier 1978, le moment le plus traumatisant de sa carrière au Mauricien.
Des temps forts
L’une des plus grandes réussites de Jacques Rivet est le journal Week-End, qu’il fonda en 1966. Cet hebdomadaire devint rapidement le journal le plus vendu de l’île, une position qu’il occupe toujours ces jours-ci.
Le développement d’Internet et des réseaux sociaux ont, d’après Jacques Rivet, contribué à un véritable capharnaüm de la presse mauricienne. S’il se réjouissait que certains titres, dont les siens, conservent une ligne éditoriale correcte, il craignait que la presse traditionnelle ne puisse rebondir comme ça a été le cas après l’avènement de la radio et la télévision, et qu’elle se laisse happer par le sensationnalisme ou la gutter-press.
Jacques Rivet est décédé le dimanche 10 avril et ses funérailles ont eu lieu mardi dernier, 12 avril, après la veillée qui a eu lieu la veille à son domicile de Trou-aux-Biches. La messe funéraire a été célébrée en l’église Immaculée Conception bien garnie pour l’époque sanitaire que nous vivons et fut empreinte de tristesse, mais aussi de fierté.
Trois temps forts ont marqué cette émouvante cérémonie dirigée par le père Laurent Rivet, le témoignage de sa fille Melissa, le bouquet déposé au pied de la statue de la Vierge Marie au fond de la nef par sa fille aînée Stéphanie, et les applaudissements des fidèles et visiteurs dans l’église.
Après la messe, l’épouse et les filles de Jacques Rivet ont ainsi escorté son cercueil jusqu’aux locaux de l’entreprise. Employés, proches et amis ont tenu à suivre ce cortège avec recueillement. Là, les employés, réunis devant les locaux du Mauricien, ont brandi un exemplaire du journal du Mauricien ou de Week-End, et ont longuement applaudi leur directeur. L’inhumation privée qui a suivi au cimetière de l’Ouest a aussi été un moment fort de recueillement.
Jacques Rivet a été un chef d’entreprise visionnaire et dévoué et il restera pour longtemps encore l’un des grands de la presse mauricienne. Il sera, comme Raoul Rivet, toujours source d’inspiration des cadres et employés du Mauricien Ltd. Qu’il repose en paix.
À Jacqueline son épouse, Stéphanie, Sarah, Melissa, Tatiana et Jean-Philippe, et à toute sa famille, Week-End présente ses plus sincères condoléances.