Les chiffres de l’Information & Communication Technologies Authority (ICTA) sur les tentatives d’accès à des sites Web de nature pédopornographique à Maurice sont effrayants, soit pas moins de 1 835 064 en dix ans (de 2011 à 2021). L’instance a en outre bloqué 110 026 adresses IP durant cette même période.
Par ailleurs, en 2019, 465 119 tentatives, soit au moins une par minute, d’accès à ces sites ont été enregistrées à Maurice, en progression de l’ordre de 50% par rapport à l’année précédente. Contre ce fléau, qui prend définitivement de l’ampleur à Maurice, l’ICTA a présenté son dispositif à l’Union internationale des télécommunications (UIT).
L’ICTA, en tant que membre d’UIT, fait étatnde sa solution centralisée de filtrage des sites à risque, soit le Child Sexual Abuse Filtering Mechanism. Dans un document, intitulé Note by the Information and Communication Technologies Authority (ICTA) Child Sexual Abuse Filtering Mechanism, updates on child protection initiative – ITU, l’organisme explique ainsi la technologie retenue, axée sur le blocage de sites et de pages suspects aux internautes du territoire mauricien.
« Notre mécanisme de filtrage offre une meilleure protection contre le visionnage accidentel ou délibéré de matériel pédopornographique », explique l’ICTA. Ce système repose sur la méthode de Blacklisting et s’appuie depuis 2013 sur un partenariat international avec l’Ong britannique Internet Watch Foundation (IWF). « Avec ce projet, Maurice a été le premier pays d’Afrique à offrir une solution de protection des enfants contre les abus sexuels en ligne », poursuit-on du côté de l’organisme.
La solution centralisée de l’ICTA aurait permis une diminution des accès aux sites suspects et « d’éviter d’exposer de potentielles victimes à des expériences traumatisantes liées à ces contenus dangereux ». La solution de filtrage de l’ICTA n’utilise cependant pas la Deep Packet Penetration et ne repose ni sur l’analyse de contenus, ni sur le décryptage des données en ligne.
« Le CSA Filtering Mechanism s’appuie sur la base de données de l’IWF, qui répertorie et blackliste les sites à caractère pédopornographique du monde. Chaque fois qu’un nouveau site ou page Web est ajouté à la base de données de l’IWF, le mécanisme de filtrage de l’ICTA est automatiquement mis à jour, et la page ou site concerné n’est alors plus accessible sur le territoire mauricien », soutient l’instance régulatrice.
Des chiffres qui effraient
Les sites pédopornographiques continuent d’attirer à travers le monde, et Maurice n’échappe pas à la règle. L’organisme note ainsi des chiffres en dents de scie depuis 2011. Cette année-là, le nombre de Mauriciens ayant tenté d’accéder à ce genre de sites était en effet de 17 396, puis de 64 954 en 2012, 172 844 en 2013, pour retomber ensuite à 105 243 en 2014 puis 97 135 en 2015.
Après cette date, les chiffres reprennent l’ascenseur, avec 224 930 tentatives de connexion en 2016, 139 339 en 2017 (chiffres ne prenant en compte que les six derniers mois de l’année), 330 201 en 2018 et 465 119 tentatives en 2019. En revanche – et est-ce un effet du premier confinement lié au Covid-19 ? –, les chiffres sont retombés en 2020 à 80 971, répit d’ailleurs de courte durée puisque passant à 136 932 en 2021.
L’ICTA a par ailleurs bloqué un grand nombre d’adresses IP durant la même période, soit 3 518 en 2011, 7 666 en 2012, 10 924 en 2013 et 42 134 en 2014. Plus récemment, 14 214 et 14 847 adresses IP ont respectivement été bloquées en 2018 et 2019, avant de chuter à 2 479 et 4 048 en 2020 et 2021. Au total, en 10 ans, pas moins de 110 026 adresses IP ont donc été bloquées.
Par ailleurs, l’ICTA fait état de ses appréhensions quant au nombre exponentiel d’enfants utilisant le Web, et qui se retrouvent ainsi exposés à de multiples risques d’abus.