Initiative de la MCB et du RGSC : Le collège Saint Joseph remporte haut la main le Deba Klima 2024

La finale de l’édition 2024 du Deba Klima, compétition inter-collèges organisée par le Mauritius Commercial Bank et le Rajiv Gandhi Science Centre s’est déroulée samedi dernier. L’équipe du collège Saint Joseph, composée de Matthew Laurette, Douglas Gerval et Loïc Edouard, qui en est sortie vainqueur. Opposés au collège Notre-Dame, les Joséphiens ont tout donné pour terminer sur la plus haute marche du podium. Ils viennent ainsi confirmer le renouveau du St-Joseph qui a brillé dans d’autres compétitions Extra-Curriculum sur le plan national et régional, récemment.

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« Quand Mme Yan, la rectrice, nous avait parlé du Deba Klima, nous avions décidé d’y participer, sans penser que nous allions nous retrouver en final et remporter la victoire. » Matthew Laurette, ses coéquipiers ainsi que tout le collège ne prennent conscience de la réalité, qu’une fois la pression tombée, après la grande finale du Deba Klima, diffusée sur la MBC, samedi dernier.

C’était l’explosion de joie à l’annonce des résultats. Douglas Gerval ne peut cacher sa joie. « Nous sommes tellement contents d’avoir gagné. Nous nous sommes préparés durant cinq mois. Nous sommes très fiers d’avoir pu remporter une finale aussi belle, face aux filles du collège Notre-Dame, deux collèges confessionnels de Curepipe. Nous sommes fiers de porter haut le drapeau du collège St-Joseph. Toujours plus haut avec le Christ (Ad Altiora cum Christo). Merci à tous ceux qui nous ont soutenus et encadrés », dit-il encore sous le coup de l’émotion.

Très Fair Play, les garçons ont une pensée spéciale pour l’équipe du collège Notre-Dame, qui disent-ils, n’a pas démérité. « Nous tenons à féliciter nos adversaires du collège Notre-Dame qui ont été très courageuses et très fortes. Elles ont aussi fait honneur aux collèges confessionnels. »

Cette expérience sera gravée à jamais dans leur parcours scolaire, tant elle a été enrichissante. « Nous avons appris beaucoup de choses et nous avons aussi eu l’occasion de faire entendre notre voix par rapport au changement climatique. À travers ce débat, nous avons pu sensibiliser beaucoup de personnes », avance Matthew Laurette.
Douglas Gerval se dit heureux d’avoir pu débattre sur un sujet aussi important que le changement climatique et faire honneur à son collège, à travers sa langue maternelle : « J’ai grandi dans un foyer où nous ne parlions que le français, mais c’est en faisant Deba Klima que j’ai réalisé que la langue qui est au fond de moi, c’est le kreol morisien. Ma langue maternelle m’a permis de développer ma faculté et de m’épanouir dans ce concours. Je ne m’attendais pas à apprendre cela », reconnaît-il.

Un avis partagé par Loïc Edouard, pour qui cette expérience lui a permis de mieux connaître sa langue maternelle : « J’ai pu enrichir mon vocabulaire par rapport au thème sur lequel nous travaillions et il y a beaucoup d’expériences acquises. Ce concours m’a aussi appris des choses importantes, comme les différentes facettes de l’humanité, qui influencent directement ou indirectement, le changement climatique. »
Le Deba Klima, ajoutent les vainqueurs, aura permis de sensibiliser un maximum de personnes aux actions individuelles et collectives, qui peuvent contribuer à sauver la planète.

Le parcours dans cette compétition n’a pas été de tout repos pour le trio. C’est avec beaucoup d’humilité, voire intimidés, parfois, face aux collèges jouissant d’une grande réputation, qu’ils ont avancé, sans jamais baisser les bras. « C’est ancré dans la tête des Mauriciens que les académies qui enregistrent des lauréats chaque année, sont toujours plus fortes. Ainsi, quand nous avons affronté le QEC, nous n’étions pas très sereins. Ce collège a un nom, a un poids. Mais nous avons pu démontrer à tous nos frères joséphiens que le collège St-Joseph aussi a un poids. Les différentes victoires, aux huitièmes, quarts, demies et à la finale ont mis en lumière la véritable gloire du St-Joseph et de son prestige », partage Douglas Gerval.

Il ajoute que ce qui faisait le plus plaisir, au cours des différentes victoires, que ce soit contre le QEC ou le DMC, c’est le sourire sur le visage de ses « frères » dans la salle : « Cela fait chaud au cœur de voir une génération de Joséphiens derrière nous, avec un espoir. J’espère que cette victoire permettra de dissiper les pensées négatives sur les collèges confessionnels. Nous ne sommes pas inférieurs. »

Dans ce même esprit, les jeunes hommes se disent satisfaits d’avoir fait le choix de rester au Saint-Joseph après le National Certificate of Education (NCE). Matthew Laurette ne cache pas qu’il est entré en Grade 7 dans cet établissement, avec l’idée d’aller dans une académie en Grade 10. « D’ailleurs, j’avais eu une académie, mais mon ami Douglas a trouvé les mots pour toucher mon cœur, pour me convaincre de rester. Après quelques mois, j’ai réalisé que j’avais fait le bon choix. Car mes amis qui sont partis ailleurs m’ont témoigné que la vie là-bas, ce n’est pas la même chose qu’au St-Joseph », affirme-t-il.
Douglas Gerval dira à ce sujet : « J’ai toujours été opposé à l’idée d’avoir des académies, quelles qu’elles soient. Venir dire qu’un collège est académiquement supérieur aux autres, relève de la discrimination. Cela va contre les droits humains. Personnellement, j’ai aussi un héritage que mes deux frères joséphiens m’ont laissé. Ils m’ont transmis la culture et je n’ai pas voulu les décevoir. J’ai tout de même rempli la fiche pour les académies, juste pour connaître mon niveau. J’en ai eu une très bonne, que j’ai refusé. Si j’étais parti, j’aurais renié mes valeurs et tout ce que le Christ m’a apporté. »

Au-delà des convictions, il estime que l’actuelle génération de Joséphiens doit s’appliquer à faire renaître l’espoir. « J’ai voulu rester pour donner l’exemple aux plus jeunes. Je sens que je dois m’appliquer et briller, afin qu’eux aussi croient dans la valeur de leur collège. » Le brillant parcours au Deba Klima, tout comme celui de l’équipe qui a remporté le Vatel Quiz, récemment, ce sont déjà des pas dans cette direction, précise-t-il.
Loïc Edouard, avoue, pour sa part, n’avoir pas été tenté d’aller voir ailleurs, car son collège lui offrait tout ce dont il avait besoin, pour se développer sur le plan humain. « Je ne voulais pas me retrouver dans une Rat Race dans un collège élitiste. Car même à l’intérieur de ces collèges il y a un tri entre les très bons et les moins bons. Cela peut donner lieu à une ambiance toxique. J’ai d’ailleurs beaucoup d’amis qui me témoignent de cette situation. Il faut mettre les valeurs au centre du système éducatif.»

Parlant de l’impact du dérèglement climatique sur les jeunes, surtout avec les interruptions de classes au cours du premier trimestre, chaque année, le trio concède n’en avoir pas saisi l’ampleur du problème, avant la participation à Deba Klima. « La situation est alarmante et c’est pour cela que nous considérons que l’initiative de la MCB et du RGSC est l’une des meilleures initiatives pour sensibiliser les jeunes et le public en général. Nous avons aussi l’opportunité de dire ce que nous pensons. La voix des jeunes a un poids. Nous l’avons vu avec Greta Thunberg. Nous aussi, jeunes mauriciens, nous pouvons apporter un changement, dans notre langue maternelle et aider à notre survie », font ressortir les trois lauréats en substance.

Censurés par la MBC

Les Joséphiens ajoutent que le changement climatique, ce n’est pas uniquement la protection de la planète, mais aussi de l’humain, de la vie. « Il y a déjà des collèges qui ont pris de bonnes initiatives pour lutter contre le changement climatique. Cela permettra de mieux sensibiliser les jeunes et surtout, apporter sa contribution. Car nous avons tous une responsabilité, que ce soit individuellement ou collectivement. »

Les jeunes regrettent toutefois qu’au niveau des autorités, il y a parfois, des incohérences. « Le gouvernement a voté la Waste Management and Resource Recovery Act en 2021, mais le texte de loi est un peu contradictoire. Des amendes sont imposées sur les citoyens s’ils ne respectent pas la manière appropriée de se débarrasser des déchets dangereux, toutefois, il n’y a pas de structure pour les canaliser. Par exemple, où les pharmacies vont-elles jeter les produits périmés ? C’est un peu de l’hypocrisie. »

Ce point de vue, émis lors du Deba Klima, a été censuré lorsqu’il a été diffusé à la télévision. Lors des huitièmes de finale, les candidats devaient donner leur avis si les mesures autoritaires allaient mener vers l’accord de Paris. « Nous étions contre et nous avons cité cet exemple de la Waste Management and Resource Recovery Act, mais la télévision nationale semble ne pas avoir apprécié. »

Le trio reconnaît qu’il y a beaucoup d’entreprises qui ont fait des efforts pour réduire leur empreinte carbone. « À commencer par la MCB qui organise le concours, et dont l’Oval Building, à Trianon, alimenté par des panneaux solaires, est une référence dans ce domaine. » Ils ajoutent que le gouvernement a aussi pris une série d’initiatives et souhaitent que le partenariat public-privé puisse être privilégié dans ce combat contre le changement climatique. « Nous avons vu ce qui s’est passé cette année avec le cyclone Belal. La population est en danger, tout le monde doit se donner les coudes pour venir avec des initiatives, permettant de limiter l’impact du changement climatique. »

Et qu’en est-il du Green Washing ? Un thème qui fait sourire les jeunes hommes qui ne cachent pas que c’était justement le sujet sur lequel ils ont débattu en quarts de finale. « C’est une réalité, il ne faut pas se voiler la face. Il y a des compagnies, par exemple, qui disent qu’elles collectent les bouteilles et autres logements en plastique et qui, en même temps, encouragent la consommation et veulent toujours en vendre plus. Nous ne savons tous que c’est quasiment impossible de récupérer toutes ces bouteilles et autres en circulation », mettent en avant les Joséphiens.

D’autre part, poursuit le trio, il y a des compagnies qui ont adopté des initiatives positives, mais ne savent pas comment les présenter de manière appropriée et cela passe pour du Green Washing. « L’économie a ses réalités qu’il faudra courber. À travers la COP28, il y a différentes opportunités pour permettre aux entreprises de changer de modèle. Par exemple, le Green Climate Fund finance des projets liés à l’énergie renouvelable et Maurice a bénéficié de financement pour six grands projets. C’est au gouvernement de savoir comment cet argent sera utilisé à bon escient. » Ils citent en exemple, le projet conjoint de ferme solaire de la MCB avec Green Yellow, à Arsenal, qui permet d’alimenter 4 500 foyers de la région, qui est une initiative à saluer.

Évoquant des efforts entrepris pour réduire l’empreinte carbone à Maurice, ils citent l’annulation de la taxe sur les voitures électriques, qui a permis une plus grande circulation de ces modèles moins polluants sur les routes.

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Jean Michel Ng Tseung (CEO, MCB Group): « Permettre aux jeunes de s’exprimer »

Jean Michel Ng Tseung, Chief Eexcutive Officer de MCB Group, se félicite du succès de la deuxième édition du Deba Klima a été un franc succès. Il a salué les efforts de tous les participants et a eu un mot spécial pour l’équipe gagnante, ainsi que son enseignante, Anaïs Karghoo.

« À travers le Deba Klima, nous avons permis à la jeunesse de mieux s’exprimer sur ce sujet qui touche petits et grands. Encore un grand bravo aux finalistes qui ont démontré une grande maitrise du sujet mais aussi du kreol. Nou finn anvi donn bann etidian lokazion pou exprim zot dan lalang ki zot servi tou lezour, me osi ed nou popilasion konpran sa bann lide ek argiman extra inportan-la, parski problem sanzman klimatik, li konsern tou dimounn », fait-il ressortir.

Pour sa part, le Dr Aman Kumar Maulloo, directeur du RGSC, s’est dit fier de la qualité des débats et des idées mises en avant par les participants. « Abordant des questions cruciales telles que la justice climatique, le déplacement de population et la vulnérabilité des petits États insulaires, ils ont fait preuve d’une profonde compréhension et d’un engagement à relever les défis urgents liés aux changements climatiques. Au RGSC, nous sommes déterminés à favoriser de telles discussions critiques et à donner à la prochaine génération les moyens de susciter des changements positifs », a-t-il dit.

Le collège Saint Joseph, qui n’avait pu atteindre la finale précédemment, est revenu plus fort pour la deuxième édition, selon l’enseignante Anaïs Karghoo. « Cette année, c’est un peu une revanche que nous sommes venus prendre, mais nous rempilons en étant mieux préparés. Ce fut une très belle aventure, riche en émotions et en enseignements. »
L’accompagnatrice salue au passage « l’engagement et le courage » de ses élèves. « Je suis convaincue qu’ils ont non seulement rendu fière la famille du Saint Joseph, mais ont aussi acquis une précieuse expérience personnelle qui les aidera dans leur vie future. »
Ce parcours a été justement récompensé, puisque les vainqueurs et leur enseignante ont décroché un voyage éco-découverte à Rodrigues, du 28 juillet au 1 er août. Ils ont aussi empoché des Vouchers de Rs 30 000 respectivement, et leur enseignante un Voucher de Rs 6,000.

Les runners-up du collège Notre Dame, ont pour leur part obtenu des cadeaux d’une valeur de Rs 15 000. Les demi-finalistes du Mahatma Gandhi Secondary School (Solférino) et du Dr Maurice Curé State College ont également été récompensés, avec des cadeaux d’une valeur de Rs 8000.

Tous les prix ont été offerts par la MCB.

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Coup double pour Douglas Gerval et Matthew Laurette

Deux membres du l’équipe du collège Saint Joseph, à savoir Matthew Laurette et Douglas Gerval, ont été sélectionnés pour représenter Maurice à l’édition 2024-2025 du concours d’éloquence de la Francophonie. Ils ont terminé à la première et deuxième place, respectivement, lors de la finale qui s’est tenue le 14 juin dernier, réunissant 10 finalistes venus de différents établissements secondaires. Le troisième prix a été attribué à Séléna Mungur du Collège de Lorette de Port-Louis.

Tous les trois effectueront le voyage à la Réunion, pour la prochaine étape, au niveau régional, l’année prochaine.

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