Aujourd’hui, mercredi 27 septembre 2023, marque le 80e anniversaire de la fusillade ayant couté la vie à quatre travailleurs, symbole de la lutte contre les oppressions, notamment pour la défense des travailleurs et de leurs droits. Hautement symbolique, Anjalay Coopen est l’un de ces travailleurs, ayant été tuée par balles à l’âge de 32 ans alors qu’elle était enceinte. Sa mort est souvent comparée à un sacrifice ou un martyre.
Anjalay Coopen, née Soondrun Pavattan en 1911, était une militante mauricienne qui exerçait comme femme laboureur. Elle fut tuée à 32 ans au cours d’une fusillade de la police à Belle-Vue Harel, en septembre 1943. Anjalay Coopen était alors enceinte de son premier enfant.
Pour la petite histoire, dans les années 1940, le combat pour améliorer le sort de la classe ouvrière s’intensifia à Maurice, du fait qu’en dépit de la loi de 1922 entourant la réglementation des travailleurs de l’industrie sucrière, la situation ne semblait pas s’améliorer. Le 13 septembre 1943, une grève est enclenchée sur la plantation sucrière de Belle Vue Harel. Deux semaines après, le 27 septembre, les travailleurs de la propriété y organisèrent une cérémonie religieuse. Cependant, la situation devint vite tendue, menant au renfort de la police sur les lieux. Quelques centaines d’hommes, de femmes et d’enfants armés de bâtons et de pierres qui s’étaient rassemblés, refusèrent de se disperser.
S’ensuivit une altercation hostile avec les membres de la force policière. Lors de cette altercation, face à la foule hostile, les policiers se mirent à tirer des coups de feu. Trois personnes furent tuées sur le coup : Soondrum Pavatdan (Anjalay Coopen) âgée de 32 ans et enceinte, Kistnasamy Mooneesamy (ouvrier de 37 ans) et Moonsamy Moonien (garçon de 14 ans).
Un quatrième travailleur, Marday Panapen, décéda neuf jours plus tard, décéda de ses blessures à l’hôpital de Port-Louis. Leur décès, plus particulièrement celui d’Anjalay Coopen, fut l’élément déclencheur d’une grande mobilisation au sein du mouvement des travailleurs.
Les circonstances de sa mort lors du « Massacre de Belle-Vue » ont fait d’elle un symbole de la lutte contre les oppressions, notamment pour la défense des travailleurs et de leurs droits, ainsi que pour la libération des femmes. Sa vie est hautement symbolique et sa mort est souvent comparée à un sacrifice ou un martyre.
En 1991, Anerood Jugnauth, alors Premier ministre, a inauguré le Stade Anjalay à Belle-Vue Harel sur le lieu où avait eu lieu la tuerie. En 1995, une statue est érigée en l’honneur d’Anjalay Coopen à l’Aapravasi Ghat, Port-Louis.
Fin 2000, un timbre poste est édité à l’effigie de la militante.
Une stèle taillée dans un seul bloc de pierre par Harold Gentil a été dévoilée par le ministère des Arts et de la Culture, en 2003, dans le village de Cottage, lieu où ont été incinérés les travailleurs tombés avec Anjalay Coopen en 1943.
C’est dans l’enceinte de la cour commerciale à Port-Louis que se situe la troisième statue d’Anjalay Coopen, dévoilée en 2007.
Le 3 mars 2023, le stade Anjalay de Belle Vue Harel a été rebaptisé « Stade Anjalay Coopen ». Cette décision avalisée par le Conseil des ministres est survenue après la demande de plusieurs personnes, notamment l’homme de loi Rouben Mooroongapillay auprès du ministère des Arts et de la Culture, afin que le nom complet soir utilisé sur un certificat du Guiness World Records. Le record mondial du plus grand drapeau national flottant humain avec 6 145 participants, avait été battu au stade Anjalay Coopen, le mardi 24 janvier de cette même année. L’ex-ministre de l’Éducation, Armoogum Parsuramen avait abondé dans le même sens lors d’un dépôt de gerbes devant la statue d’Anjalay Coopen à la même époque.
Comme chaque année, des dépots de gerbes auront lieu dans divers endroits pour rendre hommage à Anjalay Coopen.
Nous vous invitons également à lire cet article envoyé par un de nos lecteurs et qui a été publié à la page du forum des lecteurs du journal Le Mauricien au mois d’avril de cette année :