Human Trafficking – Rapport du US Department of State : Faizal Ally Beegun (syndicaliste) « Travailleurs étrangers – depuis 30 ans, aucun GM n’a bougé le petit doigt ! »

— « Plusieurs politiciens et proches du pouvoir de régimes successifs cautionnent et tolèrent le trafic humain, hélas ! »

Le syndicaliste et défenseur des droits des travailleurs étrangers, Faizal Ally Beegun monte au créneau dans le sillage de la mise en ligne du rapport 2024 du département américain sur le trafic humain pour Maurice. « Ces 30 dernières années, chaque gouvernement, qui s’est succédé, a fermé les yeux et n’a pas bougé le petit doigt en ce qu’il s’agit de trafic humain, dont sont victimes des travailleurs étrangers. Chaque année, le rapport du département US souligne et dénonce l’ampleur grandissante de ce problème à Maurice. Par incidence, malheureusement, les politiciens mauriciens ne réagissent pas comme il le faut. », dit-il.

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« Dayer, kouma kit gouvernman pou reazir ? Ces trente dernières années, des politiciens, quels que soient les régimes au pouvoir, comprenant des ministres, des nominés politiques et des proches du pouvoir cautionnent, eux-mêmes, ces pratiques illégales » , dénonce-t-il en élaborant : « au sein de certains départements, compagnies et entreprises, que ce soient dans le secteur public ou privé, le trafic humain est pratiqué, voire toléré ! »
Le rapport des États-Unis établit ainsi que « quelque 35 820 travailleurs migrants étrangers – principalement originaires du Bangladesh, de l’Inde, de Madagascar, du Sri Lanka et du Népal – sont engagés dans les secteurs de l’habillement, du textile, de la fabrication et de la construction à Maurice. Les trafiquants exploitent les migrants dans le trafic de main-d’œuvre dans ces secteurs.

Les employeurs, qui exploitent des petites et moyennes entreprises, emploient des travailleurs migrants, principalement originaires du Bangladesh, recrutés par des intermédiaires privés, généralement d’anciens travailleurs étrangers opérant désormais comme agents de recrutement à Maurice. » Le document fait ressortir par ailleurs : « les cas de trafic de main d’œuvre sont plus fréquents dans ces entreprises que dans celles plus grandes, qui recrutent directement sans recourir à des intermédiaires. Dans ces cas-là, les employeurs confisquent souvent les passeports des travailleurs étrangers pour les empêcher de les changer. »

Au sujet du commerce sexuel, le Département US avance « comme cela a été signalé au cours des cinq dernières années, les trafiquants d’êtres humains exploitent des victimes nationales et étrangères à Maurice. (…) Les membres des communautés mal desservies, notamment les personnes travaillant dans le commerce du sexe, les femmes et les enfants d’ascendance africaine (créoles) et les personnes LGBTQI+, sont vulnérables au trafic sexuel, en particulier dans les zones urbaines telles que Port-Louis, Rose-Hill et Quatre-Bornes. De plus en plus, les trafiquants, y compris des membres de gangs, forcent des enfants mauriciens et des travailleurs étrangers à transporter de la drogue. »

Le syndicaliste souhaite attirer l’attention sur cet extrait du rapport où il est fait mention que « les trafiquants exploitent généralement la consommation de substances des victimes pour maintenir le contrôle et comme moyen de coercition. Les trafiquants exploitent les ouvriers étrangers, en particulier les femmes malgaches, recrutées sous de faux prétextes d’emploi ou de tourisme, dans le trafic sexuel et la servitude domestique dans des maisons d’hôtes, des hôtels et des salons de massage. Des rapports antérieurs indiquent que des trafiquants, en partenariat avec des réseaux criminels en Russie et au Kazakhstan, recrutent des femmes biélorusses, russes et ukrainiennes pour s’installer à Maurice, sous le couvert d’une agence matrimoniale, puis les exploitent ensuite dans le trafic sexuel ».

Le rapport américain fait également état de quelques améliorations qui ont été apportées dans le cas des travailleurs étrangers, concède Faizal Ally Beegun. En effet, le document indique que « l’unité spéciale des travailleurs migrants a conservé la responsabilité de surveiller et de protéger tous les travailleurs migrants. Cette agence de l’état était tenue d’approuver tous les contrats de travail avant qu’ils ne soient envoyés aux travailleurs migrants dans leur pays d’origine, et les fonctionnaires réexaminaient les contrats une fois les travailleurs arrivés dans le pays pour s’assurer qu’il n’y avait pas de modifications frauduleuses ».

Le syndicaliste fait remarquer qu’« au cours des années précédentes, nombre de travailleurs étrangers sont entrés dans le pays avec des contrats incomplets ou non traduits dans des langues que les travailleurs pouvaient lire, augmentant ainsi les vulnérabilités à la traite ».

À cet effet, le rapport indique que « le ministère du Travail a continué à organiser des séances individuelles avec les travailleurs étrangers à leur arrivée au pays pour les informer de leurs droits, notamment en produisant les documents pertinents dans leur langue maternelle. Ce ministère a maintenu une équipe spéciale pour prévenir la traite des travailleurs migrants. Elle a œuvré en coordination avec la police et les services de protection, gérant une ligne directe pour signaler les plaintes et a diffusé du matériel de sensibilisation.»

Le document du US Department fait également état du fait que « en mai 2023, le gouvernement mauricien a signé un protocole d’accord avec le gouvernement indien pour améliorer le processus de recrutement des travailleurs indiens afin de garantir des conditions de travail sûres et un traitement juste et éthique à Maurice. Les inspecteurs du travail ont poursuivi leurs descentes de routine des sites d’emploi, en particulier dans des secteurs clés tels que la fabrication du textile et de l’habillement, notamment en interrogeant les travailleurs migrants et leurs employeurs à l’aide d’un questionnaire prédéfini comprenant un outil de sélection permettant d’identifier des indicateurs potentiels de trafic ».

Par ailleurs, le même rapport met en avant qu’en « février 2024, le gouvernement a adopté la loi sur les agences de recrutement privées qui a abrogé la loi et les règlements sur le recrutement des travailleurs, qui permettaient aux agences de recrutement de facturer des frais de recrutement allant de Rs 100 à 200 et une commission ne dépassant pas 10 pour cent sur les gains du premier mois des personnes placées en emploi. Cette nouvelle législation supprime tous les frais de recrutement payés par les travailleurs et prévoit des sanctions allant jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et une amende de 500 000 à un million de roupies (11 397 à 22 795 dollars) pour les contrevenants. »

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