Cette entreprise, qui a pour principal actionnaire une Top VVIP du pays, est en situation de délicatesse financière. Elle a accumulé des dettes auprès de certaines institutions bancaires et de la Mauritius Investment Corporation, la création de Harvesh Seegolam de la Banque de Maurice, mais a cessé d’assurer le remboursement lors des échéances dues. Le montant total des dettes s’élève à quelque Rs 3,6 milliards. Un scénario similaire s’était développé en 2014, avant qu’une opération de sauvetage ne soit enclenchée…
Actuellement, dans un contexte politique électrique, tout est mis en œuvre en vue de ne pas ébruiter les tenants et aboutissants de cette sombre affaire de dettes massives impayées, de peur d’éclabousser les protagonistes très bien connectés avec Lakwizinn du Prime Minister’s Office. Le plus grave est qu’une bonne partie de ces créances douteuses (Non-Performing Loans) concerne l’argent public.
Les dessous de cette affaire circulent depuis peu dans des milieux autorisés mais aussi au sein des différentes institutions impliquées. La consigne demeure motus et bouche cousue, pour ne pas mettre le clan de cette VVIP dans une fâcheuse posture et nuire à son image, surtout dans un contexte où le pays se prépare à aller aux urnes à plus ou moins brève échéance.
Le hic c’est que cette entité, gérant un patrimoine foncier et immobilier de premier plan dans une zone touristique, serait officiellement dans l’incapacité de rembourser ses emprunts alors qu’elle opère dans un secteur d’activités qui est actuellement en plein boom. Elle est également engagée dans un ambitieux vaste projet immobilier de villas de luxe sur la côte Ouest, comprenant une quinzaine de résidences High Class : villas, appartements et Penthouses.
Pire, comment se fait-il que ces emprunts massifs ont été octroyés alors que l’entreprise n’a pas soumis ses comptes au Registrar of Companies depuis quatre ans déjà. D’ailleurs, le dernier bilan financier soumis en date de 2020 révélait des pertes de Rs 25,6 millions. Depuis, plus aucun bilan financier n’a été soumis. Sans doute parce que l’un des administrateurs de la compagnie est susceptible de faire trembler ceux qui oseraient se mettre en travers de sa route.
Cette entreprise a contracté un emprunt de Rs 500 millions auprès d’une grande banque du pays, mais en l’absence de remboursement depuis quelque temps, cet emprunt est déjà considéré comme un Impaired Asset dans les comptes de cette institution financière. Que fera cette banque qui se trouve également être actionnaire de ladite compagnie ?
Déjà dans l’incapacité de rembourser les Rs 500 millions, l’entité a fait une demande pour un autre prêt de Rs 200 millions, mais le Credit Committee de la banque en question n’a pas approuvé cette nouvelle demande. Des professionnels confirment d’ailleurs que le risque crédit de l’entreprise est perçu comme « plus élevé que la moyenne ».
Une autre difficulté est que cette entité n’honore plus ses obligations financières depuis plusieurs mois, elle ne paie plus ses fournisseurs locaux également, dont trois entreprises engagées dans l’alimentaire et le transport.
La compagnie a un deuxième Exposure auprès d’une deuxième banque de la place, spécialisée dans le Writing Off’ de dettes de certains personnages proches du pouvoir, d’un montant de Rs 1,2 milliard. Des pressions sont exercées au sein de cette banque pour une restructuration de la dette. Un professionnel siégeant au sein du Credit Committee a exprimé son désaccord par rapport à cette proposition de rééchelonnement. Mal lui en a pris, puisqu’il s’est retrouvé être transféré dans un autre département par le Grand Manitou de cette banque, omniprésent dans toutes les hautes sphères du pays…
Les effets de ces emprunts non-remboursés pourraient être massifs sur la profitabilité de ces institutions bancaires, surtout dans le cas de la deuxième banque mentionnée. « Les emprunts non remboursés de cette compagnie sont très problématiques. Car les banques doivent faire des provisions pour ces créances irrécouvrables et cela se répercute directement sur leur profitabilité et par ricochet sur dividendes des actionnaires, » explique un banquier. Cette deuxième banque qui a octroyé le prêt de Rs 1,2 milliard fait tout actuellement pour reléguer au second plan ce potentiel scandale.
Le troisième emprunt que la compagnie ne rembourse plus actuellement est celui contracté auprès de la Mauritius Investment Corporation, le Covid-19 War Chest du Banker of the Year. En 2022, cette compagnie avait bénéficié d’une enveloppe de Rs 650 millions, mais son emprunt à la MIC aurait atteint le montant de Rs 1,9 milliard.
Les milieux du monde des affaires s’interrogent sur les réelles visées de cette compagnie : « où sont passés ces Rs 3,6 milliards, dont les millions provenant des caisses de la Banque de Maurice par l’intermédiaire de la MIC ? » se demande-t-on.
L’autre question qui reste en suspens c’est comment ces institutions ont pu accorder du financement à une compagnie qui ne soumet plus ses états financiers au Registrar of Companies et surtout qu’est-ce qui se trame au sein de cette société bénéficiant de connexions intouchables au niveau de Lakwizinn…