Hommage : L’ultime tour de piste de Georgie Joe…

La scène musicale locale est en deuil. Dans la soirée du 15 juin, l’un de ses doyens, Georgie Chamtyoo, plus connu du grand public comme Georgie Joe, s’en est allé. Il avait 87 ans.

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Le chanteur emblématique était récemment hospitalisé après une méchante chute à son domicile, route Sadally, à Vacoas. L’accident lui avait valu une fêlure.
L’interprète de Tel papa, tel piti; Mo rakont mo lavi; Mo demann to pardon, ou encore By sadoo; Move defo; Langaz parabol, confiait d’ailleurs à Scope Magazine, en janvier 2020, qu’il était « davantage parolier que ségatier ».

Pour preuve, Georgie Joe était de ces artistes qui, de ses propres mots, trouvait « fasil mo fer enn sega lor enn dimounn ».
Connu pour ses improvisations, Georgie Joe, fils de cordonnier, et ayant lui-même épousé cette profession, a failli ne pas être la légende locale que l’on connaît. En effet, des débuts pénibles, surtout auprès des maisons de disques qui refusaient de publier ses albums à l’époque sur cassettes audio, avaient eu, à un certain moment, raison de sa passion première pour la musique. Puis, grâce à un certain Alar Figaro, qu’il prend comme apprenti dans son atelier de cordonnier, il se présente au concours de chants, Top Pop, organisé par la MBC, en 1972. Figaro s’était enregistré, mais avait préféré céder sa place à Georgie Joe par amitié.

Le passage du jeune Georgie Joe à la télé nationale est époustouflant ! Faisant sensation à chacune des étapes du concours, il ravit le grand public avec son improvisation de Mo rakont mo lavi. C’est ainsi qu’il rafle son premier trophée et s’engage dans cette voie qui a fait de lui l’artiste local très connu et apprécié que l’on connaît. Georgie Joe a, à son actif, plus de 130 chansons, 18 albums et trois LP (long play).

Comme nombre de ses pairs, Georgie Joe a eu une carrière en dent de scie. Enregistrer, produire et vendre tantôt des 45 tours, tantôt des cassettes audio, étaient déjà un calvaire pour les artistes des années 70 et 80’. Fancy-fairs, bals, mariages, anniversaires… C’est en animant ce type de soirées qu’il démarre. De nature simple, humble et bosseur, Georgie Joe n’arrêtait jamais de tenter de nouvelles aventures. Et comme il le disait à chaque fois qu’il en avait l’occasion, comme à Scope Magazine, « c’est ma foi qui m’a aidé à surmonter les désillusions et les épreuves de la vie ». Ajoutant : « La première chose que je fais en me réveillant le matin, c’est de faire une prière. J’ai toujours été proche de Dieu. »
C’est ainsi qu’il s’ouvre les voies de la coopération régionale. Au nom des liens fraternels entre Maurice et les îles avoisinantes, Georgie Joe devient rapidement un invité de marque pour les Seychelles et La Réunion. Chez lui, il a d’ailleurs précieusement conservé et chéri ces prix, trophées, photos et coupures de presse faisant état de ces étapes de son parcours.

Né en 1935 d’un père d’origine chinoise, qui ne voyait pas du tout d’un bon œil que son fils chéri fasse carrière dans la musique, Georgie Joe est monté sur scène une dernière fois en 2016. C’était dans le cadre du concert « Nostalgie », organisé par Gérard Louis. Des promoteurs et des producteurs continuaient de faire appel à l’auteur-compositeur-interprète pour des tours de chants dans des hôtels ou des soirées, de même que pour enregistrer des albums. Des offres qu’il déclinait toutefois. Sa santé, disait-il, ne le lui permettait plus. Le Mauricien présente ses plus vives sympathies à la famille endeuillée.

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