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Hommage : La doyenne de Maurice, Irlande Richard est partie à 110 ans

  • Une vie marquée par la simplicité et la résilience
  • Elle était une grande fan du Liverpool FC

Lundi dernier, les familles Richard, Bimal et Boncœur ont perdu un être cher. L’île Maurice également. La doyenne du pays, Irlande Richard est partie à 110 ans. Cette grande fan de  l’équipe de foot de Liverpool a rendu son dernier souffle dans sa résidence à Père Laval, entourée de sa famille et laissant derrière elle un vide immense pour ses proches. Désormais, c’est Marie Olivette Labonne, âgée de 108 ans et habitant Rose-Hill, qui fait figure de doyenne du pays.

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C’est entourée de l’affection de son petit-fils Eddy et de l’épouse de ce dernier, Ariane Bimal, qu’Irlande Richard a vécu ses dernières années. Elle avait été accueillie chez eux à Père Laval, Quatre Bornes, il y a dix ans, alors que jusqu’à ses 100 ans, notre doyenne a mené une vie autonome à Stanley, Rose-Hill, avec l’aide d’une dame de compagnie.

Eddy et Ariane Bimal l’ont, dès lors, entouré d’amour et de soins.
“Grand-mère”, comme l’appelait affectueusement Ariane, est devenue une figure centrale de la famille, partageant chaque jour des moments de complicité et de tendresse. “Nous étions inséparables. Lorsqu’elle le pouvait encore, elle m’aidait avec plaisir dans mes tâches quotidiennes. Puis, elle me regardait travailler. Nous partagions de nombreux moments de rire et de joie. Sa présence va énormément me manquer”, raconte avec émotion Arianne Bimal.

Le jour de son départ, Irlande s’était réveillée comme à son habitude vers 5h du matin. En raison du froid hivernal, Arianne l’a encouragée à rester au chaud et à se rendormir. La centenaire s’est levée plus tard dans la matinée, mais semblait plus fatiguée qu’à l’accoutumée. Comme d’habitude, son petit déjeuner lui a été servi après sa douche. Assise dans son fauteuil, la centenaire regardait Arianne vaquer à ses occupations dans la maison. “J’avais l’habitude de parler avec elle quand je fais le ménage. J’aimais lui parler de tout et de rien, raconter les petites histoires du jour. Parfois, on écoutait la radio. On rigolait. Même des fois, je lui faisais faire quelques pas de danse”, raconte Ariane, le cœur lourd.

Mais ce lundi, Irlande n’avait pas d’appétit, ayant rejeté son repas du midi. Pensant qu’elle avait une indigestion, Arianne lui a donné une tisane d’ayapana que “grand-mère” a avalé. La voyant maussade, Arianne dit qu’elle l’a “prise sur moi et lui ai fait un câlin. Je lui ai frotté le dos, et elle a posé sa tête sur mon épaule.” Pensant que la doyenne voulait se reposer, elle la transporta dans sa chambre, mais à peine l’avait-t-elle couchée dans son lit qu’Arianne nota que “grand-mère” n’avait aucune réaction. “J’ai appelé mon fils et mon mari qui sont arrivés. Nous avons téléphoné au médecin qui est venu tout de suite et qui a constaté que grand-mère était déjà partie”, raconte Arianne.

Une vie centrée sur l’amour de sa famille
Les proches expriment une profonde reconnaissance envers le Dr Pascale Dinan, qui veillait régulièrement sur la santé de la centenaire, et Didier Jean-Louis, l’infirmier qui s’est occupé d’elle avec dévouement. Cependant, Arianne Bimal ne cache pas sa déception envers certains politiciens qui, dit-elle, n’ont pas su honorer la doyenne comme elle le méritait. “Quand ils ont besoin de votes, ils viennent frapper à nos portes. Mais pour grand-mère, il n’y a eu aucune reconnaissance. À part Xavier Duval qui passait de temps en temps à la maison, et le leader de l’opposition Arvin Boolell qui a assisté aux funérailles, il n’y a eu personne”. Et de souligner que “Tania Diolle inn vini enn fois, mais lezot la, pa finn ena aucune reconnaissance pour grand-mère. Zamé enn minis inn vinn guette li”, regrettant l’absence de reconnaissance officielle lors de son 110e anniversaire célébré le 14 juin dernier.

Mais cela, Irlande Richard ne l’a pas relevé car entourée du plus important pour elle : sa famille. Veuve depuis un très jeune âge, elle avait eu un fils, France. Ce dernier, marié à Maude Boncœur, il est lui aussi décédé très jeune. C’est ainsi entourée de ses petits-enfants Eddy et épouse Arianne, et de ses arrière-petits-enfants Weaver et Anfield qu’Irlande Richard a vécu. Elle faisait partie d’une fratrie de deux enfants. Sa sœur est décédée il y a plusieurs années.

Malgré son âge avancé, elle conservait sa lucidité. “Elle mangeait de tout, mais avait une préférence pour les légumes et les fruits locaux”, se souvient Ariane. De temps à autre, lorsqu’elle en avait encore la force, elle confectionnait de bons petits plats pour la famille, illustrant le métier de cuisinière qu’elle pratiquait du temps qu’elle travaillait comme bonne pour une famille de Rose-Hill. “Cette famille lui est très reconnaissante. D’ailleurs, chaque année, au moins un des membres venait lui rendre visite”, raconte Arianne Bimal. Ce que grand-mère aimait, c’était les faratas et un bon curry, aussi un bon mine bouilli. Mais ces derniers temps, elle avait besoin qu’on la fasse manger. “Li ti inpe feb, pa kapav tenir cuillère”, dit Arianne, qui ajoute en rigolant que l’aïeule avait, cependant, une bonne santé : “Tension jeune fille !”

Une disparition qui laisse un grand vide
Elle est partie sur la pointe des pieds, emportant avec elle le secret de sa longévité. Pour Arianne Bimal, ce secret devait être “sa bonté”. Ou encore, parce qu’elle a mangé beaucoup de poisson. “Elle aimait le poisson frais. Elle nous racontait souvent comment son mari, qui était pêcheur, lui en ramener quotidiennement. Elle l’accompagnait aussi de temps en temps à la pêche. Ils ont vécu heureux”, dit Arianne. Irlande Richard avait une joie de vivre et aimait le foot. Son équipe c’était le Liverpool FC. Pas étonnant que sa petite-fille s’appelle Anfield. “Li ti contan guette match Liverpool ensam. Li criyer tou fort for kan goal rentré”, raconte Arianne.

Dans sa dernière demeure à Père Laval, Quatre-Bornes, le vide est immense. “La présence de grand-mère à nos côtés était précieuse. Elle va beaucoup nous manquer. C’était une bonne personne”, dit Arianne Bimal avec tendresse. Irlande Richard, une femme dont la simplicité et la bonté ont marqué les cœurs, repose désormais en paix, laissant derrière elle un héritage de résilience et de tendresse.

APRÈS LE DÉCÈS D’IRLANDE RICHARD : Marie Olivette Labonne, âgée de 108 ans, 
la nouvelle doyenne

Avec le décès d’Irlande Richard, le titre de doyenne de l’île Maurice revient à Marie Olivette Labonne, âgée de 108 ans. Habitante de Trèfles, Rose-Hill, elle fait partie du cercle très fermé des personnes âgées de plus de 105 ans dans le pays, un groupe qui compte actuellement dix femmes. D’après les données du ministère de l’Intégration sociale, de la Sécurité sociale et de la Solidarité nationale, Maurice compte aujourd’hui 171 centenaires, dont 161 âgés entre 100 et 105 ans. Parmi ceux-ci, on compte 26 hommes et 135 femmes, dont 3 hommes et 9 femmes de Rodrigues. Les dix personnes âgées de 106 à 110 ans sont toutes des femmes.

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