Voici l’histoire inspirante d’une femme d’origine indienne ayant quitté son pays pour travailler comme infirmière dans une clinique privée de Maurice… sans se douter qu’elle y trouverait non seulement un emploi, mais aussi le soutien nécessaire pour affronter l’une des épreuves les difficiles de sa vie : un cancer de l’ovaire. Zainab (prénom fictif) a voulu garder l’anonymat, mais dans le cadre de la Journée de la femme, qui sera célébrée le 8 mars, elle a tenu à être la voix de toutes celles atteintes de cancer, afin de démontrer comment sa positivité a transformé aujourd’hui son regard sur la maladie et son métier.
Elle a choisi de se faire connaître sous le prénom de Zainab. Originaire de Madanapalle, petit village riche en culture et en histoire situé dans l’Andhra Pradesh, en Inde, Zainab a passé sa vie d’enfant et d’adolescente sans anicroche, entre des parents aimants et cette envie de réussir dans la vie. Le plus grand désir qui la tenaillait était de devenir infirmière. Un rêve devenu réalité à l’obtention de son diplôme d’infirmière, en 2012. Son diplôme en poche, elle veut s’assumer comme une grande, délaissant son village à Hyderabad pour une carrière d’infirmière à l’Omega Hospital, établissement spécialisé en oncologie.
À Maurice, Zainab la découvre à travers le métier de sa sœur cadette, installée dans l’île, et qui est aussi infirmière, et qui l’encourage à la rejoindre. En 2022, Zainab décroche le job tant convoité dans une clinique réputée de Maurice. « C’était un grand changement et j’ai eu à m’adapter à une nouvelle culture, un nouveau mode de travail et des traitements différents. Mais malgré les défis, ma mission est restée la même, soit de prendre soin des patients avec tout mon savoir et mon engagement. »
Quand on l’entend parler de sa profession, il y a dans le ton de sa voix cette envie d’aller vers les malades et de les encadrer. Ce métier, qu’elle considère comme passionnant, lui a permis d’évoluer et d’avoir une approche plus humaine et compatissante. « J’ai appris à accompagner les patients dans des moments extrêmement difficiles, et ça a renforcé ma passion pour la profession. »
Un kyste ovarien de 10 cm retiré
Mais en 2023, le couperet tombe : Zainab est diagnostiquée d’un cancer de l’ovaire, et ce, à la suite de fortes douleurs abdominales ressenties du côté gauche. Une première consultation avec le Dr Teenushka Issarsing, CEO de l’Aegle Clinic, et une IRM révèlent qu’elle a un kyste ovarien de 4 cm. Sur recommandation de son médecin, elle subit une intervention chirurgicale d’urgence. Mais lors de l’opération, le kyste s’est avéré bien plus volumineux, soit la taille de 10 cm, et celui-ci été immédiatement envoyé pour une biopsie. « Lorsque j’ai appris que j’étais atteinte d’un cancer de l’ovaire, j’ai été surprise, mais étrangement, je suis restée calme. Mon expérience en oncologie m’a aidée à mieux comprendre la maladie et à accepter la situation avec pragmatisme. »
Sa voix se noue se remémorant ce passage difficile de sa vie. Zainab dit avoir eu la vie sauve grâce à une prise en charge rapide, suivi de trois séances de chimiothérapie éprouvantes, lui faisant perdre ses cheveux. « Par chance, je n’ai pas perdu de poids, ce qui était une petite victoire pour moi. » Quand elle évoque son état physique et émotionnel à cet instant précis, elle dira que les traitements sont extrêmement difficiles, le tout accompagné d’effets secondaires, comme la fatigue provoquée par la chimiothérapie, mais aussi qu’elle aura réussi, tant bien que mal, à garder une bonne condition physique. « Émotionnellement, c’est un véritable tourbillon. Il y a des moments de doutes, de peurs, mais aussi des instants de force et de résilience. J’ai appris à gérer ces émotions et à me concentrer sur ma guérison. »
Si elle a pu garder le moral haut pour vaincre cette âpre bataille contre le cancer, Zainab doit cet état d’esprit à son entourage médical, sa famille et ses collègues, qui lui ont permis de traverser cette épreuve avec positivité. Désormais en rémission, Zainab n’oublie pour autant pas les séquelles de cette maladie. Et si elle en parle, même sous le couvert de l’anonymat, c’est pour faire prendre conscience aux malades atteints de cancer que la vie vaut la peine d’être vécue, et que l’optimisme est une force qui permet de briser les barrières de la souffrance. Et de se décrire, avant son cancer, comme une femme avide d’explorer la vie et de s’enrichir, surtout culturellement.
Profiter de chaque jour avec gratitude
Le changement de pays, de l’Inde à Maurice, était une manière à elle de rayonner dans une profession qu’elle admirait. Le métier d’infirmière, souligne-t-elle, est au cœur de l’humain et apporte du réconfort pour aider dans la guérison des malades. « Quand à mon tour j’ai été une victime du cancer, cette épreuve n’a fait que renforcer mon caractère. Je visualise la vie en appréciant chaque instant, car la maladie m’a appris l’importance de prendre soin de soi, d’écouter son corps et de profiter de chaque jour avec gratitude. »
Et quand on lui demande quelle leçon de vie elle retient après ce passage douloureux, sa réponse est sans équivoque : « Cette expérience m’a appris à relativiser et à apprécier la vie sous un nouvel angle. Je ne prends plus rien pour acquis et je savoure chaque moment. J’ai aussi appris que la force mentale est un facteur clé dans la guérison. Il faut rester positif et croire en sa capacité à surmonter les épreuves. »
Aujourd’hui, Zainab prône une vie équilibrée, privilégiant une alimentation saine et du temps pour se reconnecter à son moi intérieur. « J’essaie d’adopter un mode de vie sain et d’écouter mon corps. L’alimentation joue un rôle crucial dans le bien-être, surtout après un cancer. Je privilégie des repas équilibrés et nutritifs pour maintenir mon énergie. »
En tant qu’infirmière ayant été atteinte de cancer, et travaillant dans le domaine de l’oncologie, les conseils qu’elle donnerait aux malades porte sur le soutien de la famille et des amis, ce qu’elle considère prioritaire dans la lutte contre le cancer. « Le cancer est un combat à la fois physique et mental. Avoir un entourage bienveillant fait toute la différence. Il est aussi important de respecter les émotions du malade et de ne pas minimiser ses souffrances ou ses craintes. »
Elle partage son regard d’infirmière envers les autres malades. « D’avoir vécu cette maladie m’a permis de mieux comprendre mes patients et leurs émotions. Aujourd’hui, je ressens une connexion encore plus forte avec eux. Je suis plus attentive à leurs besoins, non seulement sur le plan médical, mais aussi psychologique. Je veux leur apporter tout le soutien possible, car je sais à quel point c’est précieux. »
L’histoire de Zainab est inspirante et son mantra du bonheur pour avancer dans la vie et ne garder aucune séquelle du cancer consiste à croire en la positivité et en la résilience. « Mon mantra est simple : chaque jour est une nouvelle chance. Profitez du présent et avancez avec courage ! La vie est précieuse, et il est important de se concentrer sur le bonheur, peu importent les défis que l’on rencontre. »
En rémission, Zainab est reconnaissante d’avoir pu surmonter cette maladie, et trouve qu’au final, le bien le plus précieux sur terre est la vie. Et sa pensée va aussi naturellement aux mères qui, justement, donnent la vie.