Hippisme : le MTC divisé sur la question sur le Champ-de-Mars COIREC

– Entre les « petits béni-oui-oui » tout pour la gloriole d’avoir lancé la saison et ceux qui évoquent les questions de principe, des irréductibles membres préconisent le retrait pur et simple des MTC /MTCSL

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– La date du 4 juin est désormais évoquée pour le début de la saison, ce qui explique le court délai imposé par la COIREC pour la soumission des candidatures

Le débat s’est imposé au Mauritius Turf Club (MTC), depuis la fin de semaine et s’articule autour de la demande d’application pour l’exploitation du Champ-de-Mars. Cela fait suite à l’appel de candidatures lancé par la Côte d’Or International Racecourse and Entertainment Complex Limited (COIREC), désormais à la surprise générale responsable de la gestion et de l’entretien du terrain et des pistes de courses. La MTC Sports and Leisure Limited (MTCSL) doit-elle soumettre sa candidature ou pas ?

Les avis divergent au sein du MTC entre ceux qui veulent aller de l’avant avec l’application, ceux qui exigent de nouvelles actions en Cour de justice et les autres qui proposent tout simplement que les MTC/MTCSL se retirent de toute activité liée aux courses hippiques dans un contexte où le club bicentenaire a été malmené, discrédité et humilié par les pouvoirs publics avec lesquels il devrait à l’avenir se soumettre poings et mains liés.

Tout cela dans un contexte où les autorités  souhaiteraient démarrer la saison incessamment, d’où le court délai de 48 heures imposé par la COIREC pour le dépôt des candidatures. Si le processus se déroule selon les plans établis, la date du 4 juin pourrait être arrêtée pour le coup d’envoi de la saison 2022.

Toutefois, tout peut encore évoluer. Le problème est devenu encore plus complexe avec l’entrée en lice de la People’s Turf PLC, une entité qui trouve son essence dans le giron de la nébuleuse animée par nul autre que Jean-Michel Lee Shim. Cette compagnie dit détenir une lettre d’intention de cette même Gambling Regulatory Authority (GRA) comme potentielle organisatrice des courses hippiques.  À quel titre ?

Dans cette conjoncture à rebondissements et marquée par divers scénarios envisagés – dont un mariage arrangé entre les MTCSL/People’s Turf PLC comme révélé dans l’édition d’hier de Week-End d’hier –, la question de l’application auprès de la COIREC pour une licence divise fortement au MTC.

Pour les dirigeants de la MTCSL, la filiale n’a d’autre choix que de soumettre son application. Du reste, ils s’étaient réunis, samedi, pour préparer les documents à être soumis. Le président Paul France Tennant est d’avis que le temps presse. Le plus tôt que les formalités seront complétées, le mieux ce sera pour la MTCSL, qui doit honorer les salaires de ses employés pour ce mois. Pour lui, il n’y a pas de « si » ou de « mais » et il n’y a surtout pas de temps à perdre. Les membres du personnel restent la priorité.

Ainsi, il faut, comme ces dernières années, continuer à se soumettre aux diktats de la GRA et du gouvernement. Ceux en faveur de cette option sont qualifiés par leurs pairs du MTC de « petits beni oui-oui » prêts à tout pour la gloriole d’avoir permis à la saison de démarrer, faisant abstraction de « toute considération et reconnaissance pour le MTC, pourtant l’essence de leur existence ».

 

La voie légale

Une autre frange des membres du Mauritius Turf Club, mais aussi de la communauté des turfistes, est d’un avis différent. Ils préconisent de continuer le combat légal où tout est loin d’être perdu en attendant le Main Case. Toute application auprès de la COIREC affaiblirait cette initiative en Cour, contestant la décision de la municipalité de Port-Louis d’annuler le bail octroyé au MTC depuis des lustres.

En effet, selon certains dirigeants, et non des moindres, il est impératif que la MTCSL se montre prudente et refuse pour l’heure de soumettre sa candidature en entrant, par exemple, une injonction contre le ministère des Terres. Visiblement, pour ces membres du MTC favorables à la voie de la justice, il faut éviter à tout prix un piège tendu par ceux qui ont planifié une cannibalisation des MTC/MTCSL.

On note également ceux dénonçant l’attitude des autorités vis-à-vis du MTC: « elles veulent tout prendre, laissez-les faire. On verra bien ce qu’ils pourront faire ?». Les membres de cette mouvance sont d’opinion qu’il ne faut évidemment pas soumettre d’application. Il faut tenir tête à ceux qui veulent faire courber les MTC/MTCSL.

Mettre le MTCSL sous administration

D’autres, plus radicaux, vont plus loin, en affirmant qu’il faut intenter un autre procès au gouvernement pour lui réclamer le coût des infrastructures existantes et proposent de mettre la MTCSL sous administration avec effet immédiat. Ils demandent également que les écuries vident les lieux d’ici quinze jours et que les tribunes officielles et le paddock soient fermés à toute activité en particulier le matin pour l’entraînement.

Tout cela traduit un état d’esprit de rupture car ils sont exaspérés de la façon dont les autorités ont traité le MTC, ce club bicentenaire et exemplaire qui a fait l’histoire des courses pendant 210 ans. « Ce n’est pas après tant d’années d’efforts et d’investissements colossaux que la COIREC pou vinn deklar piti pa pou li . Zot anvi pran piti la, pran li touni ek abiy li kouma zot anvi » , fait-on comprendre avec exaspération.

Comme pour signifier ce ras-le-bol, un autre membre déclare : « Nous avons de la dignité et nous ne devons plus faire la courbette. Il faut qu’on se retire. Il ne faut pas que nous soyons complices de cette grande conspiration qui va permettre à l’État de mettre le grappin sur les courses. N’a-t-il pas d’autres priorités pour dépenser l’argent public ? ».

Dans cette perspective, un appel est lancé au président Tennant pour qu’il demande aux membres du MTC leur avis au lieu de tout décider seul, lui qui doit « sa place de président aux diktats du PMO et non aux membres du MTC.»

Pointés du doigt

Ces membres ne ménagent pas non plus des professionnels du droit qui gravitent autour du MTC et de la MTCSL. « Nous ne mettons pas en doute les compétences de ceux qui ont été retenus pour défendre les intérêts du MTC et la MTCSL, mais force est de constater que certains d’entre eux sont des propriétaires de chevaux. Les propriétaires en général souhaitent que les courses démarrent au plus vite car les coûts d’entretien des chevaux sont élevés », avance-t-on.

Tout compte fait, les MTC/MTCSL sont plus que jamais divisés et nul ne peut avancer si le président Tennant ira ou pas avec la demande de licence sans l’aval de ses membres…

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