Hausse des prix : Le pouvoir d’achat réduit en peau de chagrin

Avec la hausse vertigineuse des prix de toutes parts, ils sont de plus en plus nombreux ces Mauriciens à travailler mais à ne pas pouvoir boucler leur fin de mois. L’on ne s’alarme plus aujourd’hui de la baisse du pouvoir d’achat, devenue le New Normal, mais pour beaucoup, on doit plutôt parler d’absence de pouvoir d’achat. Jusqu’où nous mènera ce voyage au bout de la nuit ?

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Pour Reza Uteem, député et avocat spécialisé en finance, la priorité du gouvernement est de combattre la cherté de la vie et l’inflation. « S’il ne le fait pas, les gens descendront dans la rue. »

Même avec le Maximum Mark-Up, « les profits réalisés par les entreprises sont suoérieurs à ceux d’avant 2020 ». Ce qui l’amène à parler d’hypocrisie quelque part. Le responsable du dossier économique au MMM est convaincu qu’avec la chute du prix du pétrole par plus de 10% sur le cours mondial, le Petroleum Pricing Mechanism devrait se réunir pour baisser les prix. Par ricochet, « cette baisse au niveau mondial est une bonne nouvelle pour le CEB qui n’aura pas à augmenter les tarifs d’électricité ».

Reza Uteem en appelle à l’Utility Regulatory Authority pour tenir compte de l’impact que n’importe quelle augmentation de l’électricité aura sur les consommateurs et sur le coût de production des industries. Il s’élève en outre contre ces gros financiers du secteur privé qui font pression contre l’importation parallèle.

Le président de la Consumer Advocacy Platform (CAP), Mosadeq Sahebdin, prévoit qu’il n’y aura pas de répit de sitôt sur les prix et que « nous nous dirigeons vers une crise alimentaire sans précédent ». S’agissant d’une éventuelle hausse des tarifs du CEB, il ne manque pas de souligner que toute nouvelle hausse aura un impact certain sur les poches des consommateurs. « Nous résisterons à toute tentative de puiser dans les poches des consommateurs pour pallier les largesses dont le CEB a fait preuve dans un passé récent », dit-il.

Pour Mosadeq Sahebdin, les augmentations des prix n’ont pas pour causes que la guerre et le Covid-19. « Le peuple n’est pas dupe. Il sait qu’il y a des profiteurs et autres exploiteurs qui profitent de la situation pour imposer des prix forts ». Pour éviter une explosion sociale, « les décideurs devraient savoir que le peuple attend d’eux une action forte. »

Mubarak Sooltangos est d’avis que le monde va vers une récession. Laquelle sera « aggravée par l’action inconsidérée des banques centrales à travers le monde de rehausser les taux d’intérêt ». Quant à une hausse du tarif venant du CEB, il juge qu’il n’y a aucune justification à cela parce que le prix du fuel baisse. « Même si le CEB doit attendre quelques semaines pour que la baisse de son prix d’achat se traduise dans les faits, elle peut, en tant qu’entreprise d’utilité publique, absorber ces coûts élevés pour un temps, et se récupérer ensuite sur un certain nombre de mois. »


REZA UTEEM (EXPERT EN DROIT FINANCIER) : « Le Petroleum Pricing Mechanism doit baisser les prix »

Reza Uteem

Cela fait des mois qu’on s’alarme de la baisse du pouvoir d’achat. À présent, avec la fin des subsides sur les denrées alimentaires, la continuelle hausse des prix, la hausse latente du tarif d’électricité et cette guerre qui, semble-t-il, durera longtemps encore, force est de constater que nous devons maintenant parler d’absence de pouvoir d’achat… Des gens travaillent sans pouvoir boucler leur fin de mois. Votre vision des choses pour les prochains mois ? Où allons-nous ?

La priorité de ce gouvernement est d’alléger la souffrance des plus vulnérables. C’est la raison pour laquelle, mardi d’avant, j’ai envoyé une interpellation parlementaire pour demander si le gouvernement considérait des Direct Transfers aux plus vulnérables. C’est d’ailleurs une des mesures recommandées par le FMI dans son dernier rapport. La balle est dans le camp du gouvernement. Comme vous le dites, beaucoup n’arrivent pas à joindre les deux bouts. Ce ne sont pas les Rs 1 000 additionnelles qui feront la différence avec la hausse des prix. On ne le réalise pas, mais même avec le Maximum Mark-Up, les profits réalisés par les entreprises, quand elles importent le riz Basmati par exemple, sont plus élevés que leurs profits avant 2020. Il y a donc une certaine hypocrisie… Le gouvernement fait semblant de faire quelque chose pour la population.

Mais si tout coûte plus cher, il y a aussi le fait que notre roupie continue à se déprécier. La Banque Centrale continue sa politique de dépréciation de la roupie. Cela a l’avantage d’augmenter les revenus de l’Etat en terme de TVA, mais cela affecte non seulement les plus vulnérables mais aussi la classe moyenne qui doit financer les études des enfants à l’étranger. Je lance un appel à la Banque Centrale de revoir sa politique.

Le gouvernement a donc les moyens pour des Direct Transfers aux plus vulnérables ?
Non seulement a-t-il les moyens de le faire mais il a l’obligation de le faire pour éviter une crise sociale. Ce qui m’inquiète, par contre, c’est la réponse de la ministre de la Sécurité sociale qui, dans un exercice de dotation budgétaire, a fait allusion à moins de 5 000 familles qui se retrouvent aujourd’hui sur le registre social alors que le ministre des Finances parlait, lui-même, dans son discours budgétaire, de 18 000 familles. C’est dire comment les chiffres officiels ne reflètent pas la réalité.

Le prix du pétrole vient de chuter sur le marché mondial, suite à des craintes de récession qui pourraient réduire la demande. Les autorités, ici, s’entêtent à maintenir les prix forts sur les carburants…
Le prix du baril du pétrole a glissé sous la barre des USD 100. À Maurice, il y a une réglementation qui gouverne la façon dont les prix des produits des pétroliers sont fixés et qui dit qu’il n’y a pas lieu de baisser les prix des carburants si la baisse est moins de 4%. En revanche, avec la baisse de plus de 10% sur le cours mondial, le Petroleum Pricing Mechanism doit se réunir pour rajuster les prix. Si le gouvernement a vraiment à cœur l’intérêt du peuple, il doit s’assurer qu’il y a une baisse des prix. De plus, cette baisse au niveau mondial est une bonne nouvelle pour le CEB qui n’aura pas à augmenter ses tarifs, vu que le coût de production de l’électricité connaîtra une baisse.

Justement, l’Utility Regulatory Authority (URA) a tenu des consultations cette semaine avec les associations des consommateurs et les représentants de la communauté des affaires en vue d’une hausse prochaine du tarif d’électricité…
Pendant des années, le CEB a accumulé des profits par milliards. Malheureusement, ce ministre des Finances a pris toutes les réserves du CEB pour financer ses largesses. C’est totalement injuste qu’aujourd’hui la population doit payer pour cela ! L’appel que je lance à l’URA, c’est de tenir compte de l’impact que n’importe quelle augmentation des tarifs d’électricité aura, d’une part, sur les consommateurs, et d’autre part sur le coût de production des industries.

Le gouvernement avait manifesté son intention de permettre l’importation parallèle dans le but de soulager les consommateurs dans un contexte de baisse du pouvoir d’achat. Toutefois, suite aux réserves exprimées par la MCCI et des importateurs qui estiment que cette pratique pourrait nuire à l’industrie locale, le gouvernement semble mettre le projet entre parenthèses en commanditant une étude auprès de la WIPO et de l’OMC. Qu’en pensez-vous ?
Cela prouve une nouvelle fois que le gouvernement est l’otage des lobbies des grands groupes commerciaux et pharmaceutiques à Maurice. Il n’y a pas lieu d’avoir d’autre enquête. Déjà, lorsque le gouvernement avait fait passer l’Industrial Property Act, il y avait déjà des recommandations soumises par des consultants.
Mais il y avait une pression venant toujours des mêmes personnes avec des intérêts personnels, ce qui a fait que le gouvernement n’est pas venu avec l’importation parallèle. Je trouve cela totalement inacceptable. Il n’y a aucune justification pour ne pas l’introduire. Si le gouvernement veut vraiment baisser le coût de la vie et augmenter le choix du consommateur, il doit changer la loi comme proposé par l’opposition au moment du vote de l’Industrial Property Act.

L’importation parallèle soulagerait-elle beaucoup les consommateurs ?
Bien sûr ! C’est quoi l’importation parallèle ? Aujourd’hui, quelqu’un veut acheter une pièce de rechange pour sa voiture. Il achète cette pièce en Afrique du Sud. Mais il n’aura pas l’autorisation de rentrer à Maurice avec, même si c’est un produit authentique, parce qu’un concessionnaire a l’exclusivité de la marque. La Chambre de commerce est totalement à côté de la plaque. Je m’élève contre ces gros financiers du secteur privé qui font pression parce que l’importation parallèle implique une compétition qui réduira forcément les prix de vente.

Le mot de la fin…
Le gouvernement doit une fois pour toutes revoir sa priorité qui est de combattre la cherté de la vie et l’inflation. S’il ne le fait pas, les gens descendront dans la rue.


MOSADEQ SAHEBDIN (CAP) : « Impact sur les consommateurs des nouveaux barèmes du CEB»

Cela fait des mois qu’on s’alarme de la baisse du pouvoir d’achat. À présent, avec la fin des subsides sur les denrées alimentaires, la continuelle hausse des prix, la hausse latente du tarif d’électricité et cette guerre qui, semble-t-il, durera longtemps encore, force est de constater que nous devons maintenant parler d’absence de pouvoir d’achat… Des gens travaillent sans pouvoir boucler leur fin de mois. Votre vision des choses pour les prochains mois ? Où allons-nous ?
Nul ne peut, à ce stade, prédire jusqu’à quand dureront la crise économique et la guerre en Ukraine. Nous notons déjà des menaces de pénurie de produits alimentaires sur le marché mondial, avec pour conséquence une hausse des prix sur le marché mondial, et par extension des prix forts pour les pays importateurs, comme Maurice. Nous pouvons ainsi prévoir qu’il n’y aura pas de répit de sitôt sur les prix. Nous nous dirigeons vers une crise alimentaire sans précédent. Déjà, certains ménages ne peuvent se permettre qu’un seul repas par jour.

L’Utility Regulatory Authority a tenu des consultations cette semaine avec les associations de consommateurs et les représentants de la communauté des affaires en vue d’une hausse prochaine des tarifs d’électricité…
Les propositions à l’étude en ce moment tendent vers une hausse des tarifs d’électricité pour certaines catégories de clients du CEB. Sans vouloir devancer l’URA, nous pouvons dire que toute nouvelle hausse aura un impact certain sur les poches des consommateurs.
Nous résisterons à toute tentative de puiser dans les poches des consommateurs pour pallier les largesses dont le CEB a fait preuve dans un passé récent. Toute révision du tarif commercial à la hausse aura un impact direct sur les prix des produits en vente et, par extension, sur le pouvoir d’achat des consommateurs. Une hausse de tarifs impactera aussi la capacité des commerces à amortir les frais d’électricité dans leurs coûts d’opération.

Le prix du pétrole vient de chuter suite à des craintes de récession qui pourraient réduire la demande et suite à une baisse de la demande. Mais les autorités, ici, s’entêtent à maintenir les prix forts sur les carburants. Votre opinion…
Il est désormais reconnu que les prix des carburants à la pompe ne sont pas les prix réels auxquels la STC les achète. Les taxes et autres contributions représentent environ 50% des prix que la STC fait payer aux consommateurs. Le gouvernement réalise d’énormes gains sur la vente des carburants si nous nous en tenons uniquement à la TVA. Plus le prix CIF est élevé, plus les revenus découlant de la TVA sont élevés.
Nous estimons que le gouvernement devrait revoir la formule de taxation des carburants, voire réduire la TVA sur ces produits, afin d’alléger le fardeau des consommateurs car il faut savoir que les prix des carburants ont un impact direct sur de nombreux produits de consommation.

Nous ne le souhaitons pas, mais le passé nous a montré ici et ailleurs que le manque d’actions appropriées des autorités dans un contexte de souffrances débouche sur une crise sociale.
Le peuple n’est pas dupe. Il sait que les hausses de prix ne relèvent pas que de la guerre ou du Covid. Il sait qu’il y a des profiteurs et autres exploiteurs qui profitent de la situation pour imposer des prix forts. Pendant qu’on fait appel au peuple à faire des sacrifices, un ministre a même évoqué l’idée de remplacer le riz par le maïs. Le peuple est témoin des largesses que s’accordent les grands commis et les petits copains.
Afin d’éviter une explosion sociale, les décideurs devraient savoir que le peuple attend d’eux une action forte. Les envolées oratoires au Parlement ou aux réunions des lèche-bottes ne convainquent plus, encore moins les tap latab.

Il y a certes la guerre, les séquelles du Covid-19, mais est-ce juste d’imposer le plus gros des efforts et sacrifices sur les consommateurs ? N’y a-t-il pas d’autres efforts à faire du côté des autorités pour mieux gérer les dépenses publiques ?
Il faut que le gouvernement montre une réelle volonté de réduire les gaspillages en prenant des mesures correctives pour pallier les manquements relevés par le rapport de l’Audit ou encore celui du PAC. Il faut que le Premier ministre et les ministres donnent l’exemple. Il faut une réduction des salaires des ministres, l’élimination des postes de PPS, l’élimination des attachés de presse et autres conseillers parasites, l’élimination du gaspillage, l’élimination du favoritisme dans l’octroi des contrats pour l’approvisionnement des médicaments par exemple.

Le gouvernement avait manifesté son intention de permettre l’importation parallèle dans le but de soulager les consommateurs dans un contexte de baisse du pouvoir d’achat. Toutefois, suite aux réserves exprimées par la MCCI et des importateurs qui estiment que cette pratique pourrait nuire à l’industrie locale, le gouvernement semble mettre le projet entre parenthèses en commanditant une étude auprès de la WIPO et de l’OMC. Qu’en pensez-vous ?
Il s’agit d’une nouvelle tentative de noyer le poisson dans l’eau et de trouver un prétexte pour céder aux exigences de la Chambre de Commerce. Le gouvernement est déjà en présence du rapport sur l’étude commanditée par le ministère des Affaires étrangères. Il s’agit du rapport Pacon du nom de la consultante Ana Maria, dont les services avaient été mis à la disposition du gouvernement mauricien par l’Union européenne. Celle-ci aurait recommandé le changement de régime d’importation pour Maurice, soit l’adoption de l’épuisement international, donc la fin de la représentation exclusive, que ce soit pour les produits de consommation courante tels que le dentifrice ou les boissons énergisants, les médicaments ou les pièces de rechange.
Il est dommage que les intérêts des importateurs, donc des mercantilistes, soient encore une fois préférés à ceux des consommateurs. Il est temps que le gouvernement se ressaisisse et prouve son engagement en faveur des consommateurs en ce temps de crise économique qui frappe directement les poches des consommateurs.


MUBARAK SOOLTANGOS (OBSERVATEUR ÉCONOMIQUE) : « Aucune justification pour augmenter les tarifs d’électricité »

Cela fait des mois qu’on s’alarme de la baisse du pouvoir d’achat. À présent, avec la fin des subsides sur les denrées alimentaires, la continuelle hausse des prix, la hausse latente des tarifs d’électricité et cette guerre qui, semble-t-il, durera longtemps encore, force est de constater que nous devons maintenant parler d’absence de pouvoir d’achat… Des gens travaillent sans pouvoir boucler leur fin de mois. Votre vision des choses pour les prochains mois ?
Le prix de l’énergie est le facteur déterminant dans le prix de la plupart des produits consommés dans le monde et cela s’illustre à chaque choc pétrolier. Nous avons subi de plein fouet la flambée du prix du pétrole, couplée à l’acte criminel de spéculation étatisée des pays de l’Ouest sur les céréales depuis février 2022.
Mais toute mauvaise chose a heureusement une fin. Le prix mondial du pétrole est enfin en baisse et celle-ci a été de 6,7% au cours du mois écoulé. Cette baisse est due à une moindre demande, occasionnée par une réduction globale de l’activité industrielle par érosion du pouvoir d’achat des consommateurs. Tout semble indiquer que le monde va vers une récession. Celle-ci sera aggravée par l’action inconsidérée des banques centrales à travers le monde de rehausser les taux d’intérêt.
Ce n’est pas l’augmentation des taux qui fait baisser la demande comme pensent tous les pseudo-professionnels de ce monde. C’est, d’une part, l’érosion du pouvoir d’achat des ménages endettés, qui voient leurs mensualités de remboursement gonfler inexorablement, et d’autre part, l’accroissement du coût de production des entreprises par une charge additionnelle d’intérêts, aggravée par l’incapacité d’investir en équipement productif. Tout semble indiquer que, par l’effet d’une baisse de la demande, le prix du pétrole baissera.

Pourtant, l’Utility Regulatory Authority a tenu des consultations cette semaine avec les associations de consommateurs et les représentants de la communauté des affaires en vue d’une hausse prochaine du tarif de l’électricité…
Il n’y a aucune justification pour augmenter les tarifs d’électricité parce que le prix du fuel baisse ! Lorsque ce prix baisse, le prix du charbon baisse aussi par effet de levier puisqu’il devient moins demandé.
Même si le CEB doit attendre quelques semaines pour que la baisse de son prix d’achat se traduise dans les faits, elle peut, en tant qu’entreprise d’utilité publique, absorber ces coûts élevés pour un temps, et récupérer ensuite sur un certain nombre de mois. C’est comme cela que marche le Price Equalisation Mechanism, et il est tout indiqué pour l’électricité, commodité de base dont le prix influe sur toute l’économie.

Le prix du pétrole vient de chuter suite à des craintes de récession qui pourraient réduire la demande et suite à une baisse dans la demande. Les autorités ici s’entêtent à maintenir les prix forts sur les carburants…
Si les réserves de la STC destinées à stabiliser le prix du carburant sont effectivement épuisées, elle peut choisir de ne pas baisser les prix immédiatement, et profiter de la baisse du prix mondial pour reconstituer des réserves. Il n’est pas prudent pour la STC d’opérer sans réserve. Mais le problème fondamental est plus profond et il faut aller aux sources des taxes sur le carburant pour le comprendre.
Parmi ces taxes, il y a une contribution à la RDA, assurément pour l’entretien des routes. À quoi servent alors les recettes sur les vignettes des véhicules, la Road Tax ? Pourquoi faut-il taxer l’essence pour financer, dans l’opacité, le Covid Solidarity Fund qui, semble-t-il, a aussi un budget pour aménager des drains ? Quelle est la connexion entre essence, Covid et drains ?
Il y a d’autres taxes sur l’essence dont l’utilisation est noyée dans une masse inconnue, dont les Excise Duties (10%) et la TVA (15%). En passant, les prélèvements de TVA ont augmenté de Rs 7,99 par litre en février 2022 à Rs 9,66 en mai 2022, soit de 20 %. Si le gouvernement ne fait pas du Profiteering sur la TVA parce qu’il n’y a pas de majoration du pourcentage, il encaisse quand même 20% de plus en l’espace de quatre mois et de manière durable. Pourquoi ce n’est pas cette manne de la TVA, provenant du carburant, qui est utilisée pour la constitution des réserves de la STC concernant précisément le carburant ? Il faut être rationnel.

Il y a certes la guerre, les séquelles du Covid-19, mais est-ce juste d’imposer le plus gros des efforts et sacrifices sur les consommateurs ? N’y a-t-il pas d’autres efforts à faire du côté des autorités pour mieux gérer les dépenses publiques ?
On en a archiparlé. Il y a le gaspillage du secteur public qui saute aux yeux. Mais il y a certainement d’autres dépenses qui ne sautent pas aux yeux, n’étant pas officiellement classifiées comme gaspillage, mais qui n’ont pas nécessairement d’utilité, surtout en période de difficulté. C’est un exercice qui demande une analyse détaillée, et surtout objective, et le plus tôt on s’y attellera, le mieux ce sera.

Le gouvernement avait manifesté son intention de permettre l’importation parallèle dans le but de soulager les consommateurs dans un contexte de baisse du pouvoir d’achat. Toutefois, suite aux réserves exprimées par la MCCI et des importateurs qui estiment que cette pratique pourrait nuire à l’industrie locale, le gouvernement semble mettre le projet entre parenthèses en commanditant une étude auprès de la WIPO et de l’OMC. Qu’en pensez-vous ?
Il existe bel et bien du Profitering, rendu possible, et même protégé par une loi de 2017 qui interdit l’importation de tout produit de marque, même authentique, sans l’approbation du Trade Mark Holder. Cela donne lieu à toutes sortes d’abus, notamment la surfacturation, lorsqu’il y a un Maximim Mark-Up. Le gouvernement n’a qu’à permettre la libre importation, à travers les grossistes, de produits pharmaceutiques de marque qui sont fabriqués par les laboratoires eux-mêmes, et on verra une dégringolade des prix sans précédent dans le mois qui suit.
Quant à la protection des productions locales, il n’y a rien de plus simple que de taxer les équivalents importés, comme on taxe l’essence sans que la très libérale OMC ne s’en émeuve. On n’a pas besoin d’étude pour cela. C’est un eye wash.

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