« Que tous les Mauriciens aient de quoi manger chez eux, qu’il y ait un salarié dans chaque ménage et que la méritocratie prévale ! Que les jeunes diplômés ne quittent pas le pays… » Tel est le souhait du président du Mauritius Labour Congress (MLC), Haniff Peerun, pour 2025. Il attend vivement que le gouvernement introduise le contrôle des prix, surtout au niveau des médicaments, en vue de freiner la hausse des prix. Le syndicaliste invite enfin le nouveau gouvernement à ne pas attendre la fin de son mandat pour mettre en pratique les mesures annoncées dans son manifeste électoral, « car le Mauricien est intelligent aujourd’hui ».
L’année a-t-elle bien commencé pour les consommateurs ? Avec le 14e mois, ce mois de janvier ne sera pas connu comme le mois le plus long de l’année…
Chaque année, nous disons que le mois de janvier est plus long parce qu’il y a eu plus de dépenses pendant la période festive. Toutefois, les salariés responsables savent gérer leur argent.
Cette année est quelque peu différente dans la mesure où le gouvernement a décidé d’accorder à tous les employés percevant moins de Rs 50 000 un 14e mois. Ils ont déjà reçu 50% du 14e mois en décembre. Ce mois-ci, donc, les salariés concernés percevront en sus de leur salaire les 50% restants.
De l’autre côté, les commerçants n’ont pas manqué l’occasion pour venir avec des stratégies de marketing, proposant des rabais. Certains consommateurs ont déjà fait des achats qu’ils paieront à la fin du mois. N’empêche, ce 14e mois est un plus pour les salariés concernés.
Quel est votre constat au niveau des prix des produits de consommation en général ?
Nous ne constatons aucun changement. Certains prix sont stables alors que d’autres ne font que grimper. Des parents ne font que constater des augmentations de prix au niveau du matériel scolaire (cartables, uniformes, manuels). Les prix montent, mais les salaires des employés restent les mêmes, malgré de petites aides çà et là.
Que proposeriez-vous pour protéger le pouvoir d’achat des consommateurs ?
Il n’y a qu’une solution : introduire le contrôle des prix, surtout au niveau des médicaments. Le gouvernement doit par ailleurs venir avec une politique pour empêcher la dévaluation de la roupie. Contrairement à ce qui avait été annoncé, nous n’avons vu aucune mesure appropriée pour changer la donne depuis l’installation du nouveau gouvernement.
Vos combats pour cette nouvelle année ?
Nous sommes passés par des élections et nous avons à présent un nouveau gouvernement qui avait annoncé dans son manifeste électoral plusieurs points positifs. Maintenant que chaque ministère a commencé à fonctionner normalement, il est temps de mettre en pratique ces mesures annoncées.
Bien de ces mesures, par exemple, ne demandent pas de grands investissements, comme l’Internet gratuit; beaucoup de foyers ont un abonnement MyT avec Mauritius Telecom. On aurait pu simplement déduire le coût de la connexion Internet de la facture de MT. Quant à ceux qui n’ont pas d’abonnement MyT, on peut trouver un autre moyen. Il faut aussi voir si tous les foyers ont vraiment besoin d’une connexion Internet, car certains n’en ont pas besoin.
Autre chose promise par ce gouvernement : l’exemption de l’enregistrement pour les acheteurs d’une voiture seconde main. Cela ne coûte rien pour faire adopter cette mesure tout de suite. Il faut que le gouvernement accélère les annonces faites pour briguer les votes des travailleurs. Il faut en outre un même traitement pour les employés du public comme du privé. Le PRB prendra effet à partir de cette année. Qu’est-ce qui est prévu pour le secteur privé ?
La classe moyenne fait rouler l’économie en dépendant plus, en contractant des prêts bancaires. Elle a été privée de ce 14e mois et ne recevra pas la compensation salariale de Rs 610. Je demande ainsi que ces salariés puissent déduire le 14e mois sous les déductions personnelles au niveau de l’impôt. Quant aux Rs 610, ils peuvent déduire la somme sous Payable Tax. Par exemple, si une personne doit payer Rs 8 000 de taxes, elle peut déduire Rs 610 de cette somme.
2025 sera une année sans repos selon moi, car le gouvernement a déjà donné la couleur du contexte économique. Je pense que c’est dans l’ADN de tous partis politiques de venir implémenter les mesures l’année de la fin de leur mandat en guise de marketing.
Je lance un appel au gouvernement de ne pas attendre la fin de leur mandat, car le Mauricien est intelligent. Nous avons d’ailleurs pu tirer une leçon de l’ancien gouvernement qui, malgré plusieurs propositions alléchantes, a été rejeté par le peuple.
Qu’espérez-vous pour 2025 ?
Que tous les Mauriciens aient de quoi manger chez eux, qu’il y ait un salarié dans chaque ménage et que la méritocratie prévale. Que les jeunes diplômés ne quittent pas le pays. Je souhaite qu’en 2025, il n’y ait plus d’abus de pouvoir, que règne la méritocratie.
Que nous raisonnions comme un peuple et non en termes communalistes. Nous sommes à la veille de la fête de l’indépendance. J’espère que l’élan de solidarité qu’il y a eu durant les élections viendra galvaniser le mauricianisme. Ce 12 mars, le gouvernement doit prévoir des activités où les Mauriciens de toutes communautés se sentent fiers d’être Mauriciens.
Ailleurs, le sens du patriotisme est fort. À Maurice, beaucoup ne veulent pas sortir le quadricolore, car il se sent piétiné; il n’a pas eu un poste de travail à cause de sa communauté ou par manque de méritocratie. C’est donc l’occasion pour cimenter davantage ce qui s’est passé pendant les élections.