Une lettre adressée en début de semaine au syndicaliste et copiée au Premier ministre, au ministre du Travail et aux CEO et président de MK met en lumière des tensions internes à Air Mauritius
Le ciel s’assombrit au-dessus d’Air Mauritius, mais ce ne sont pas les turbulences aériennes qui préoccupent le plus les employés. Une lettre anonyme, écrite par un membre de l’Air Mauritius Staff Association (AMSA) et adressée à Jack Bizlall, expose un véritable malaise au sein de la compagnie nationale. Cette missive, qui fait déjà beaucoup de bruit, accuse le syndicaliste Jack Bizlall de protéger des intérêts personnels et le copinage au détriment des droits des travailleurs qu’il prétend défendre.
C’est le 4 août dernier que cet employé d’Air Mauritius a adressé son courrier au syndicaliste Jack Bizlall pour exprimer de vifs reproches à l’encontre de ce dernier. La missive, également envoyée au Premier ministre, Pravind Jugnauth, et à plusieurs autres personnalités influentes, détaille une série de griefs qui soulèvent des questions sur la gestion des relations syndicales au sein de la compagnie aérienne nationale.
Cette lettre accablante détaille les pratiques jugées controversées du leader syndical au sein de la compagnie aérienne. La figure de proue du syndicalisme est accusée d’abus de pouvoir et de manquements éthiques dans ses actions en tant que représentant syndical. L’employé, qui ne décline pas son identité, fait état de plusieurs incidents où Jack Bizlall aurait, selon lui, utilisé sa position pour servir des intérêts personnels plutôt que ceux des travailleurs qu’il est censé défendre.
Partant des développements survenus la semaine dernière lors du Special General Meeting (SGM) de l’intersyndical à l’aéroport, l’auteur de la lettre déplore que la stratégie adoptée par Jack Bizlall a poussé de nombreux employés à quitter la réunion prématurément, laissant ainsi la voie libre aux chatwas pour faire passer leurs résolutions. Un coup de force qui a permis à Ryan Ramasamy, le président controversé de l’union des employés de MK, de rester à la tête de l’Air Mauritius Staff Association (AMSA), malgré une désapprobation grandissante de la base. Jack Bizlall est ainsi accusé d’exercer une pression constante sur les employés pour qu’ils soutiennent ses initiatives, parfois en dépit de leur propre opinion ou de leur intérêt.
Cette pression aurait, selon la lettre, créé un climat de peur et d’intimidation, où ceux qui s’opposent à ses méthodes se retrouvent marginalisés. Souhaitant comprendre la prise de position de Jack Bizlall pour le président de l’AMSA, le dénonciateur rappelle que ce président controversé, qui traîne un dossier lourd depuis 2008, est accusé de falsifications documentaires et de collusions douteuses avec certains membres du département des ressources humaines. Des courriels attestent même que sa lettre de démission aurait été transformée en congé sans solde, une manipulation flagrante que l’entreprise ne peut plus ignorer. “Depuis 2008, son dossier (NDLR : Ryan Ramsamy) est particulièrement lourd… ”, écrit l’auteur.
Aussi, les relations de Jack Bizlall avec d’autres figures controversées de la compagnie aérienne nationale, nommément Ken Arian, le CEO Airports Holdings Ltd, Anba Manikham, Ryan Ramsamy — suspendues d’ailleurs pour fautes graves et Kris Sunnassee — sont questionnées. “Kris Sunnassee, le secrétaire de Federation of Progression Union (FPU), a été promu dans son secteur. Quel est son rôle exact dans ce poste ? Il travaille seulement 5 minutes par jour, consacrant plus de 7 heures au syndicat et à FPU, comme en témoignent les preuves disponibles. Pourquoi continues-tu à protéger ce groupe, alors qu’ils ont traumatisé de nombreux employés d’Air Mauritius dans différentes sections ?” relève l’auteur de la lettre.
Ces allégations suggèrent que Jack Bizlall, à 79 ans, n’est plus le champion des droits des travailleurs qu’il prétend être, mais plutôt le protecteur d’un groupe qui a perdu de vue sa mission première. L’auteur de la lettre ne mâche pas ses mots en qualifiant ce groupe de « mafieux », accusant Jack Bizlall d’avoir trahi la confiance des employés en s’alignant avec ceux qui les oppressent. “Après deux ans d’absence, tu reviens pour protéger ce groupe mafieux. Malgré tout le pouvoir que tu as, tu as échoué. Le soleil brille pour tous, et il est temps que tu te retires”, écrit l’employé.
D’autant que selon l’auteur de la lettre, même les membres de l’Union of Employees of Air Mauritius Ltd (UEAML) commencent à perdre confiance en Bizlall. Ce dernier, autrefois considéré comme un pilier de la lutte syndicale, est désormais perçu comme un obstacle à la réforme nécessaire pour assainir le climat social au sein de la compagnie. Le message est clair : il est temps pour Jack Bizlall de se retirer, suggérant que son influence est désormais plus néfaste que bénéfique.
Cette lettre n’est pas uniquement un réquisitoire. Elle appelle également à une refonte complète du syndicalisme au sein d’Air Mauritius. L’auteur salue le courage du CEO de la compagnie pour avoir pris à bras-le-corps les problèmes systémiques et prévient Jack Bizlall que toute tentative de sauver son protégé, Ryan, par le biais de conférences de presse ou de manipulations, est vouée à l’échec. “En 2024, la transparence et la justice doivent primer”, conclut l’auteur, demandant à Jack Bizlall de se ressaisir. La mise en copie du Premier ministre et d’autres hauts responsables souligne la gravité de la situation, et devrait mener à une enquête plus approfondie sur les pratiques syndicales au sein de la compagnie.Absence de Recourra au comité disciplinaire
Mk tranche dans le vif
Air Mauritius a officiellement mis un terme au contrat de Laurent Recoura, ancien Chief Commercial Officer et Officer-in-Charge de la compagnie d’aviation. L’annonce a été faite dimanche dernier par Charles Cartier, CEO de la compagnie aérienne nationale, lors du Family Day au Complexe Sportif de Côte d’Or. Cette décision survient à la suite d’une procédure disciplinaire rigoureuse, malgré l’absence de Laurent Recoura.
Le comité disciplinaire de MK a ainsi statué sur le sort de Laurent Recoura, qui était entre autres accusé d’avoir divulgué des informations confidentielles à des tierces personnes. Selon Charles Cartier, la procédure a été menée dans le respect des normes établies, même si l’ancien cadre de la compagnie n’a pas participé au processus. Cette absence n’a cependant pas entravé la conclusion du comité, qui a jugé les faits suffisamment graves pour justifier une rupture de contrat.Un trio accusé de manipuler Air Mauritius
Une lettre anonyme, adressée à Charles Cartier, le CEO d’Air Mauritius, dénonce des pratiques alarmantes au sein du département des opérations au sol de la compagnie aérienne. Les auteurs de cette lettre, des employés de la compagnie, pointent du doigt un “trio machiavélique”. Au cœur des accusations se trouvent Ken Arian, le CEO d’Airports Holdings Ltd, Anba Manikham et Sailesh Jowry, tous deux suspendus de leurs fonctions et décrits comme les piliers d’un système de favoritisme existant au sein d’Air Mauritius. Si pas physiquement à l’aéroport, ce trio est accusé d’exercer un contrôle abusif sur les processus de recrutement et de promotion, au détriment des valeurs d’équité et de transparence.
Selon la lettre, ces trois hommes auraient mis en place un réseau complexe pour favoriser leurs proches et maintenir leur emprise sur la compagnie, au détriment des autres employés. Les dénonciateurs évoquent ainsi plusieurs exemples. Ainsi, Nandana Rangan, propulsée au poste de « Security Manager », est au centre des critiques. La lettre affirme que sa nomination a été réalisée sans appel à candidatures ni entrevue, violant ainsi les procédures standards de la compagnie. Les employés sont particulièrement choqués par la rapidité de son ascension au sein de la hiérarchie, perçue comme une récompense pour sa loyauté envers le trio. De plus, elle serait impliquée dans le « grooming » de son proche collaborateur, Yeganaden Nallagoinden, pour un poste clé au sein de l’équipe. Ce qui soulève des préoccupations majeures concernant l’équité et la transparence des processus de promotion.
Yeganaden Nallagoinden, décrit comme un « tombeur assidu des femmes », est également accusé d’avoir bénéficié de la protection du trio. Bien que basé aux Cargo Services, il passerait une grande partie de son temps dans le bureau de la « Security Manager » Nandana Rangan, suggérant un abus de sa position. Pire encore, il aurait un accès non autorisé aux enregistrements vidéo de la compagnie, un privilège normalement réservé au personnel de haut niveau, ce qui pourrait constituer une violation grave des protocoles de sécurité.
La lettre continue en dénonçant d’autres exemples de favoritisme et de népotisme au sein de la compagnie, tous liés au même réseau d’influence. Notamment le cas de Ridhi Balaram, une ancienne stagiaire aux Ground Operations. Pendant sa période de stage, elle aurait développé une relation étroite avec Yeganaden Nallagoinden, qui l’aurait ensuite aidée à obtenir un poste permanent sans appel à candidatures ni entrevue, dénoncent les whistleblowers. Sa nomination au poste de secrétaire du Head of Ground Handling Services, un poste stratégique avec un accès à des informations sensibles, suscite l’indignation des employés qui questionnent la légitimité de ce recrutement.
Les employés se demandent pourquoi les membres du personnel avec plus d’expérience et de compétences n’ont-ils pas été considérés pour ces postes stratégiques. Selon eux, il s’agit d’une stratégie délibérée pour maintenir le contrôle du trio sur les opérations de la compagnie.
La lettre se termine par un appel pressant au CEO Charles Cartier pour qu’il prenne des mesures immédiates contre ces pratiques. Les auteurs expriment leurs inquiétudes quant à la sécurité des employés et à l’intégrité de la compagnie si ces comportements ne sont pas rectifiés. Ils demandent une enquête approfondie sur les processus de recrutement et de promotion, et une réévaluation des nominations controversées.Au sein des Opérations de vol : Nominations et changements organisationnels importants
Une série de nominations stratégiques viennent d’être annoncées au sein de la compagnie, marquant une nouvelle ère dans la gestion des opérations de vol. Ces changements visent à renforcer les capacités opérationnelles et à améliorer la performance globale de la flotte.
Le CEO, Charles Cartier, a été nommé en tant que Gestionnaire Responsable de la société depuis le 18 juin 2024. Cette nomination reflète la confiance placée en lui pour superviser les opérations clés de l’entreprise, garantissant ainsi le respect des normes de sécurité et d’efficacité.
Plusieurs autres nominations ont été effectuées au sein du département des opérations de vol :
• Capitaine Roderick (Roddy) McGregor a été désigné en tant que Personne Nommée pour le Département des Opérations de Vol, une nomination effective depuis le 2 août 2024.
• Capitaine André Johan Melring prend le poste de Personne Nommée pour la Formation des Équipages depuis le 17 juillet 2024.
• Capitaine Olivier Raymond Bourgogne a été nommé Gestionnaire de la Flotte Airbus à compter du 1er juillet 2024.
• Capitaine Garth Laatz a été nommé Gestionnaire de la Formation de la Flotte Airbus depuis le 17 juillet 2024.
• Capitaine Jaysing (Jay) Andhin a pris ses fonctions en tant que Gestionnaire de la Flotte ATR depuis le 6 août 2024.
• Capitaine Christophe Henry a été nommé Gestionnaire de la Formation de la Flotte ATR à partir du 7 août 2024.
• Capitaine Gopalsing (Vishal) Dindoyal est désormais Gestionnaire Technique des Opérations de Vol depuis le 6 août 2024.
• Capitaine Alain Leung Hing Wah a été désigné Conseiller en Projets des Opérations Aériennes à partir du 18 juin 2024.
• Shunmugum Moonesamy a été nommé Gestionnaire Senior du Centre de Contrôle des Opérations (OCC), une fonction qu’il occupe depuis le 6 août 2024.
Ces nominations témoignent d’une volonté de renforcer les compétences au sein de l’équipe de direction des opérations de vol, tout en assurant une transition en douceur et une continuité des opérations. Le soutien de tous les collaborateurs est sollicité pour assurer le succès de ces nouvelles nominations et pour continuer à faire progresser l’entreprise.
L’entreprise a également exprimé sa gratitude envers le Capitaine Alain Leung Hing Wah, le Capitaine Patrick Ter Horsteede, et le Capitaine Samad Esoor pour leur engagement dans leurs précédents rôles respectifs. Leur contribution a été essentielle pour maintenir des opérations sûres et efficaces.