Face à la décision de boycott de distribution de grains secs par certains importateurs, la Consumer Advocacy Platform (CAP) demande au ministère du Commerce de vérifier si une telle démarche n’est pas en violation de la Consumer Protection Act « qui fait du refus de vente un délit ». L’association pour la protection des consommateurs déplore le fait qu’« après avoir bénéficié des subventions, certains importateurs refusent de prendre en considération la souffrance des consommateurs ».
Leurs griefs sont multiples : manque de dollars sur le marché mauricien qui fait qu’ils ne parviendraient pas à dédouaner leurs produits à temps ; le “mark-up” introduit par le ministère est appliqué sur le prix à l’importation et non sur le prix à l’usine tenant compte des frais d’emballage et de tri. En outre, l’entrée en scène de la STC comme importatrice de denrées alimentaires les préoccupe. C’est ainsi que certains importateurs, de grains secs notamment, ont décidé de stopper la distribution de leurs produits en attendant une réponse du ministre de tutelle par rapport à ces questions.
Toutefois, pour le président de la CAP, une telle demande venant de certains importateurs « est contraire aux règles du COMESA » en ce qui concerne la transformation. « Le gouvernement ne peut appliquer un taux de “mark-up” différent pour divers importateurs. Pour bénéficier d’un traitement différent, un produit doit avoir été transformé de plus de 30%. Or, les grains secs ne répondent pas à ce critère. »
Il invite les consommateurs à utiliser leur pouvoir de boycott en favorisant le produit le moins cher. « Il convient au ministère du Commerce de décider si l’action de l’importateur n’est pas en violation de la Consumer Protection Act qui fait du refus de vente un délit. La CAP déplore qu’après avoir bénéficié des subventions du gouvernement, certains importateurs refusent de prendre en compte les souffrances des consommateurs. »
Quant à la participation de la STC dans l’importation de certains produits de base – 90 tonnes de gros pois de Madagascar étaient attendues hier – la CAP estime que cette instance « étant le bras commercial du gouvernement, elle a tout à fait le droit d’importer ». Il nuance en disant qu’il importe que la STC « opère sur un “level-playing field” et permette à la concurrence de jouer ».
Commentant l’arrivée des 90 tonnes de gros pois, Mosadeq Sahebdin trouve qu’elle ne peut qu’être bénéfique aux consommateurs. « Plus le choix est étendu, plus intéressant est-il pour le consommateur. » Il se demande si la démarche de ces importateurs relève d’une grève ou d’un “lock out”, ajoutant : « Un opérateur économique est tenu d’aviser le gouvernement avant d’avoir recours à un “lock out”, comme l’ont fait les boulangers. Sinon, ils risquent de voir leur permis résilié. » Le président de la CAP fait, par ailleurs, voir que le chantage n’est pas une arme de personnes civilisées. « Ces importateurs ont-ils peur de l’importation d’huile par la STC, après avoir eu un quasi-monopole sur le marché de l’huile ? »
Quant à l’annonce du ministre des Finances que des subsides seraient réintroduits sur certaines denrées alimentaires après que le prix de l’huile a explosé, Mosadeq Sahebdin est d’avis que « c’est la meilleure option » pour contrer la flambée des prix de l’huile et du lait et maintenir l’accès à ces produits aux consommateurs. « Le gouvernement ne fait que rendre aux consommateurs la manne récoltée sur la TVA », ajoute-t-il.