Répression et intimidation : Permis de pêche de 3 unités semi-industrielles bloqués

Mohamedally Lallmamode : « On veut nous bloquer, car nous avons osé manifester devant le ministère »

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Trois bateaux de pêche semi-industriels, à savoir le Yéyé, le Serenity et le Renaissance, sont cloués au port. Les coopératives de pêche, qui les gèrent, peinent en effet à obtenir le renouvellement de leurs Fishing Licences du ministère de la Pêche. Alors que le temps s’est amélioré et que les sorties en mer sont enfin possibles, ces pêcheurs se retrouvent au chômage forcé. Une trentaine de pères de famille se retrouvent de fait sans ressources et dénoncent des répressions à leur égard en raison de leurs prises de position.

« Deux tiers de notre consommation en poissons relèvent de l’importation. Nous avons la possibilité de réduire drastiquement ce chiffre. Pour cela, il faut optimiser nos ressources. » Ces paroles sont celles du ministre des Finances, Renganaden Padayachy, lors de son discours du budget 2022-2023. Pour joindre l’action à la parole, il a même augmenté le Grant pour l’acquisition de bateaux semi-industriels, destiné aux coopératives de pêche, de Rs 4 millions à Rs 6 millions. Toutefois, dans la réalité, cela semble beaucoup plus difficile pour les pêcheurs de concrétiser cette attente.

La mésaventure des coopératives gérant les bateaux Serenity, Yéyé et Renaissance, ces jours-ci, viennent rappeler que si on veut opérer sans obstacle, il faut « apprendre à fermer sa bouche ». Mohamedally Lallmamode, vice-président du Syndicat des Pêcheurs, déplore ainsi l’attitude du ministère de la Pêche à leur égard.

« Cela fait plus de 15 jours que nous avons déposé notre demande de renouvellement de notre Fishing Licence, et nous attendons toujours. Pourtant, nous avons fourni tous les documents demandés. Nous avons l’impression qu’on veut nous bloquer parce que nous avons manifesté récemment devant le ministère de la Pêche », dit-il.

Le Syndicat des Pêcheurs avait en effet donné de la voix devant le LIC Building, le siège du ministère de la Pêche, il y a deux semaines pour déplorer le manque de considération et les manquements à plusieurs niveaux. « Nous avons le droit de manifester et de nous exprimer. On ne peut nous priver de notre Fishing Licence ou nous faire attendre indéfiniment. Nous déplorons l’attitude du ministère de la Pêche », dit-il. Mohamedally Lallmamode, dénonçant des incohérences, se demande également comment, d’une part, le gouvernement peut parler de Ease of Doing Business” pour certains investisseurs, alors que pour d’autres, on leur met des bâtons dans les roues.

Le vice-président du Syndicat des Pêcheurs ajoute que les coopératives de pêche n’ont pas les mêmes moyens que les gros investisseurs. « Est-ce que nous devons utiliser les mêmes moyens que les gros investisseurs pour avoir enfin notre Fishing Licence ? Pendant ce temps, une trentaine de pères de famille sont au chômage et sans ressources, car nous ne pouvons sortir pour aller pêcher sur les bancs », s’insurge-t-il.

Ce dernier regrette également que les autorités viennent toujours avec de nouveaux règlements, qui compliquent la tâche des pêcheurs. À l’image de l’obligation d’avoir une assurance à hauteur de Rs 25 millions pour des frais de Salvage en cas de naufrage. Une telle assurance coûte au minimum Rs 100 000 aux coopératives de pêche.

« En dépit de notre réticence, car nous avons toujours dit que nous sommes un petit bateau de 15 mètres, et non pas le Wakashio, nous avons tout de même souscrit à une assurance. Nous avons également renouvelé le permis de l’ICTA pour les équipements de communication, ainsi que le certificat de seaworthiness, effectué par un Marine Surveyor. Nous avons déposé tous les dossiers au ministère et, pourtant, nous n’avons toujours pas obtenu notre Fishing Licence », fait-il comprendre.

Le vice-président prévient qu’il n’est pas question de se taire pour faire plaisir aux autorités. « Nous nous battons pour nos droits et nous le ferons tant qu’il y aura des manquements dans ce secteur », fait-il ressortir. Il faut savoir que ce n’est pas la première fois que le Syndicat des Pêcheurs manifeste devant le ministère. Est-ce la présence du député de l’opposition Fabrice David et de l’activiste Bruno Laurette, venus tous deux exprimer leur solidarité avec les pêcheurs lors de la dernière manifestation, qui a donné de l’urticaire à certains ? La question reste posée.

Entre-temps, souligne Mohamedally Lallmamode, le beau temps a refait son apparition et les pêcheurs auraient pu en profiter pour prendre le large et ramener du poisson pour la population, en cette période très difficile, où les prix des denrées alimentaires ont pris l’ascenseur. Mais non, les bateaux restent à quai !

Rappelons également que, lors de leur manifestation, les pêcheurs ont exprimé le souhait de pouvoir contribuer davantage à la sécurité alimentaire du pays. Ils réclamaient pour cela des subsides sur le carburant et le droit d’utiliser un îlot de Saint-Brandon pour la production de poisson salé.

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