Le prochain budget sera axé sur le social, où l’homme sera placé au centre du développement. C’est ce qu’a déclaré le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, hier, lors des consultations avec les représentants des centrales syndicales dans le cadre du coup d’envoi des préparatifs pour le prochain budget.
Passant en revue la situation, le ministre des Finances a indiqué que l’économie avait pris un sérieux coup avec le Covid-19 et que la situation continue à s’aggraver avec la guerre en Ukraine. Le Grand Argentier a aussi souligné qu’il sait qu’environ 80% de la population touchent moins de Rs 25 000 par mois, en ajoutant qu’il compte intervenir dans son prochain budget pour soulager cette catégorie de salariés.
Au cours des échanges, le président de la Confederation of Independant Trade Unions (CITU), Deepak Benydin, est revenu sur la nécessité d’un pacte social avec la population, car celle-ci souffre terriblement avec la baisse du pouvoir d’achat. Il met l’accent sur l’urgence de mesures conséquentes pour assurer la sécurité alimentaire. L’intervention de l’Agricultural Marketing Board au niveau de l’importation des légumes n’aura pas donné les effets escomptés. Le syndicaliste affirme avoir constaté que ce sont des marchands qui achètent les légumes en grande quantité pour les revendre ensuite plus cher. « Il est urgent pour le gouvernement de venir de l’avant avec un système de contrôle des prix. Pas plus tard qu’hier, j’ai vu un enn pake bred sousou pe vann Rs 150. C’est écœurant », souligne Deepak Benydin.
Au chapitre de la Santé, le président du CITU a demandé au ministre des Finances de venir très vite avec l’octroi d’une carte de santé pour chaque citoyen. Cela permettra au gouvernement de faire des économies que ce soit sur les médicaments ou des tests de santé parfois inutiles.
Le nécessaire réajustement à la hausse de la pension universelle, avec le gel de la compensation salariale au cours de ces deux dernières années, s’est invité à la table des consultations prébudgétaires.
Le président de la State and Other Employees Federation (SOEF), Radhakrishna Sadien, dit apprécier que le prochain budget sera orienté sur le social. Cependant, il devait souligner que le gouvernement devrait intervenir auprès des banques commerciales qui réalisent des profits énormes et qui continuent à faire payer des frais pour leurs services. Il est aussi venu sur le renforcement des effectifs affectés à l’inspectorat des prix pour assurer une plus grande visibilité pour défendre les consommateurs contre des abus des commerçants. Valeur du jour, le ministère du Commerce dispose seulement des services de 13 Consumer Enforcement Officers.
Le président de Confédération des Travailleurs des Secteurs Privé et Public (CTSP), Reaz Chuttoo, a abondé dans le même sens. Il fait état de la nécessité de rétablir le pouvoir d’achat de la population. À cet effet, il propose que le gouvernement accorde des subsides sur les denrées de base. Il a aussi demandé au ministre des Finances de taxer les entreprises qui ont procédé à un dégraissage de leur personnel à travers le processus de la digitalisation.
Le Mauritius Labour Congress (MLC), par la voix d’Haniff Peerun, évoque une réduction du taux de la TVA sur des produits alimentaires. Plusieurs autres propositions ont été formulées au cours de la rencontre d’hier. Parmi, on compte un contrôle rigoureux sur le prix des médicaments et des matériaux de construction, l’extension des subsides sur d’autres denrées de base, la formation pour les femmes, l’introduction d’une taxe sur les banques commerciales.
Les représentants des syndicats ont aussi déploré le fait que plusieurs propositions n’ont pas été prises en considération dans le passé et qu’il est important de continuer à garder un dialogue social avec les syndicats pour améliorer les mesures budgétaires. La série de consultations se poursuit aujourd’hui avec les représentants des petits planteurs et des membres des associations de pêcheurs reçus par le ministre Padayachy.
Le ministre Padayachy concède la dépréciation de la roupie
Concernant la politique de prix, le ministre des Finances avance que Maurice est une économie ouverte et importe beaucoup de produits alimentaires. Mais pour lui, 50% des biens et services consommés sont fabriqués localement. « Nous savons que nous avons un problème depuis 2020 avec le Covid-19. En gros, nous avons un manque à gagner de 3 milliards d’euros, car nous n’avons pas de touristes pendant deux années consécutives. Ce manque à gagner a un impact énorme », dit-il.
Il ajoute qu’en 2019, le pays avait accueilli 1,4 million de touristes. Mais en 2020, le nombre était de 300 000 et 176 000 en 2021. La raison était le Covid-19. Il rappelle que des efforts ont aussi été faits pour combler le manque à gagner s’agissant de l’entrée de devises étrangères. Il avoue qu’il y a une pression énorme sur la roupie et concède sa dépréciation. « Nous le reconnaissons », dit-il. La conséquence de cette dépréciation était le manque de 3 milliards d’euros. De ce fait, une pression sur le prix des produits importés a été notée.
Avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui sont de grands producteurs notamment de blé, il avance que la chaîne de production sera affectée. Pour lui, sans les subsides, les prix des produits de base auraient grandement augmenté. Pour aider les plus faibles de la société, il assure que des mesures seront prises.