Gestion sous le signe de chatwa : Air Maurtius plombée par un trou de Rs 15,7 milliards

  • – Kishore Beegoo : « Une compagnie dont toutes les structures organisationnelles sont disloquées »
  • « Nous avons enregistré une Negative Equity de 195 millions d’euros, soit de Rs 10 milliards »

Kishore Beegoo, président du conseil d’administration d’Air Mauritius, avec des pouvoirs exécutifs, qui rencontrait la presse hier en présence de Dass Thomas, Officer-in-Charge d’Airport Holdings Limited, et des membres de la nouvelle équipe de Management de la compagnie aérienne nationale, n’a pas mâché ses mots pour décrire la situation catastrophique, léguée à, la nouvelle administration. « Nous avons hérité d’une compagnie dont toutes les structures organisationnelles sont disloquées en raison d’une mauvaise administration durant ces dix dernières années », dénonce-t-il. Le fait à retenir est que les opérations d’Air Mauritius ont été plombées par un trou de Rs 15,7 milliards à la fin de mars de l’année dernière.

- Publicité -

Les auditeurs avaient refusé de signer le bilan financier d’Air Mauritius se terminant au 30 mars 2024 en raison des divergences entre la compagnie aérienne et Aiports Holdings Limited. « Ce n’est que le 28 février dernier qu’ils ont accepté de le faire après qu’AHL ait accepté que le prêt de Rs 8 milliards accordé par AHL à Air Mauritius soit converti en actions », fait-il comprendre.

Ainsi, les dettes accumulées par Air Mauritius s’élèvent à 317 millions d’euros, soit quelque Rs 15,7 milliards. De son côté, la valeur à ce jour des actions d’Air Mauritius a enregistré un déficit de 195 millions d’euros, soit de l’ordre de Rs 10 milliards. Le propriétaire d’Air Mauritius est AHL et, depuis 2022, cette dernière entité a accordé un prêt de Rs 8 milliards à Air Mauritius, dont Rs 2,7 milliards ont été versées dans un fonds de pension, laissant seulement Rs 5,3 milliards à Air Mauritius.

« Lorsque nous sommes arrivés à Air Mauritius, nous étions Dass Thomas et moi assis sur un volcan. Nous avions constaté que la compagnie aérienne était en faillite. Et pendant trois mois, Dass Thomas et moi avons travaillé d’arrache-pied avec les auditeurs. AHL a finalement accepté de convertir le Loan de Rs 8 milliards en Equity. Il faut comprendre qu’AHL et Air Mauritius ont tergiversé pendant deux ans, ce qui a amené les auditeurs à ne pas signer les comptes de l’année dernière; les comptes n’ont été signés que le 28 février dernier. Et si vous regardez le Gap qu’il y a entre mars de l’année dernière et février, cela a amené AHL dans une situation avec une Negative Equity de Rs 10 milliards », révèle Kishore Beegoo.

Ce dernier explique que le Creditworthiness d’Air Mauritius auprès de ses bailleurs de fonds avait été gravement entaché. « Si AHL avait accepté d’injecter les capitaux dans Air Mauritius, cela aurait pu éviter de présenter une mauvaise image. En raison de la situation financière, Air Mauritius n’a pas été en mesure de faire du Hedging pour l’achat des produits pétroliers », dit-il encore.

Kishore Beegoo a critiqué la gestion de l’ancienne direction d’Air Mauritius, qui s’est débarrassée d’employés expérimentés pour récruter des jeunes totalement novices. dans le secteur « Or, en matière d’aviation, chaque pourcentage d’erreur représente des millions de roupies de pertes », concède-t-il.

Pour les deux directeurs d’Air Mauritius, la mauvaise gouvernance et l’inexpérience « ont donné lieu à de nombreuses erreurs » avec, pour conséquence, qu’alors que la majorité des compagnies aériennes ont réalisé des profits considérables après la pandémie de Covid-19 en raison du phénomène de Revenge Travel, Air Mauritius, a essuyé des pertes.
Kishore Beegoo a déploré des « décisions catastrophiques », dont celle de mettre sept avions à l’aéroport de Gatwick. « Ainsi, sur 13 routes couvertes par Air Mauritius, des pertes ont été enregistrées avec huit d’entre elles, représentant des pertes de Rs 2 milliards. »

Il a aussi reproché aux employés d’Air Mauritius de ne pas travailler en équipe, mais chacun de son côté. « Ainsi, dans la section commerciale, on vendait des billets à perte parce qu’on ne savait pas le coût du billet. Laurent Recoura a été chargé de mettre de l’ordre dans le secteur commercial. »

Kishore Beegoo a passé en revue tous les départements « qui opéraient dans un désordre total en l’absence de responsable qualifié ». C’est le cas, a-t-il dit, pour le secteur technique, « où des démarches irréfléchies ont été effectuées, entraînant des dépenses inutiles dans l’achat des équipements. »

Il a également parlé de l’achat d’avions « de manière irréfléchie », au point où un appareil de plus a été acheté. « Et les autorités n’ont pas encore décidé comment l’utiliser. Or, cet avion a coûté au moins USD 195 millions. » Il a annoncé une Forensic Investigation avec l’aide d’enquêteurs étrangers. Parmi les autres mesures annoncées figure l’élimination des billets gratuits.

Interrogé par la presse, Kishore Beegoo a dit qu’il espère que les comptes d’Air Mauritius seront en position de Break Even mais il faudra attendre au moins deux ans pour voir un retour aux profits. Kishore Beegoo et Das Thomas ont tous deux estimé que « dix ans de mauvaise gestion ne peuvent être corrigés en trois mois. »

EN CONTINU

l'édition du jour