Gaspillage de fonds public à la NHDC et à la NSLD : La folie de grandeurs de Jairaj Sonoo

  Le Royal Complex n’étant pas au goût du Group CEO, son bureau délocalisé à la Sicom Tower    D’autres départements en passe d’être délocalisés vers le NPF Building et Ebene Heights, alors que le Royal Complex est loué à bas coût    Les employés : « It is clear that the high executives are way off in the comprehension of the NHDC main objectives »

Les langues se délient au sein de la National Housing Development Co. Ltd (NHDC) et de sa filiale, la National Social Living Development Ltd (NSLD). Des employés dépeignent «une administration en proie au chaos, entretenu par le Group CEO, Jairaj Sonoo, ignorant tout des mécanismes de la production des logements sociaux.» Ses détracteurs pointent du doigt son goût prononcé pour la démesure et le luxe. En ces temps de vaches maigres, Jairaj Sonoo userait de son influence pour satisfaire ses exigences.

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Depuis son arrivée à la tête du groupe en mai 2021, la décision a été prise de délocaliser son bureau, sis à Royal Complex à Rose-Hill, vers la Sicom Tower, à Ébène, en compagnie d’une dizaine de cadres, sous prétexte que l’emplacement ne serait pas conforme à son statut.  Des employés d’autres départements seront appelés à déménager vers… deux autres bâtiments, au NPF building à Rose-Hill et à Ebene Heights dans les jours à venir, alors que le Royal Complex, qui est loué à bas prix, peut tous les accueillir. Un gaspillage de fonds publics que l’on aurait avantage à investir plutôt dans des projets encore au stade embryonnaire.

Jairaj Sonoo est un personnage controversé qui a débuté sa carrière à la State Bank of Mauritius (SBM) en 1979. Il gravit les échelons jusqu’à sa nomination comme Manager du bureau de Port-Louis. En 2006, la SBM l’envoie en Inde pour y prendre les rênes des différentes branches de l’institution, avant de retourner à Maurice en 2008 pour diriger le conseil d’administration de la SBM. En 2010, il intègre la Bramer Bank au poste de directeur général, pour finalement effectuer son grand retour à la SBM en 2012 en tant que CEO jusqu’en 2017, lorsqu’il fait valoir ses droits à la retraite après un litige avec l’instititution bancaire sur une  affaire de terrains surévalués par la SBM.

Après avoir disparu des radars durant une année, Jairaj Sonoo fait un bref passage à la présidence de la State Investment Corporation (SIC), avant de se lancer dans un tout autre registre, en mai 2021, en endossant le statut de chef de file des projets de logements sociaux après le départ de Gilles l’Entêté.

50% moins cher que la Sicom Tower

Sa proximité avec le Premier ministre Pravind Jugnauth lui ouvre les portes de la NHDC, avant d’être propulsé Group CEO dans le sillage de la création de la NSLD, qui a pour mission de convaincre les compagnies locales et internationales à signifier leurs intérêts pour la construction des unités de logement dans les quatre coins du pays, dont la mise en œuvre de l’ambitieux projet de construction de 12 000 logements sociaux d’ici 2024. L’arrivée de Jairaj Sonoo au sein de la NHDC démarre, tout comme son départ précipité de la SBM en 2017, dans la controverse.

Plutôt que d’opter pour une montée en puissance progressive et de jeter les bases pour mesurer ses objectifs, le nouveau CEO préfère verser dans la folie des grandeurs qui se traduit d’emblée par la délocalisation de son bureau du 4e étage du Royal Complex, à Rose-Hill — qui abrite, depuis 1998, tous les départements de la NHDC —, vers Ébène. Un déménagement défendu bec et ongles par Jairaj Sonoo, mais critiqué par la majorité des employés qui se sont confiés à Week-End. « Dès sa prise de fonction, Jairaj Sonoo n’a pas fait grand mystère de son aversion pour ce bâtiment et le bureau qu’il était censé occuper car ils n’étaient pas à son goût, au point où il n’a jamais daigné y mettre les pieds. Ainsi, du jour au lendemain, on a appris qu’un nouveau bureau, beaucoup plus luxueux,  avait été aménagé pour lui à un étage à la Sicom Tower, où des secrétaires et une dizaine de cadres des services financiers et informatiques qui travaillaient au 5e étage l’ont rejoint, bon gré mal gré. » Ce premier chamboulement engendre la fermeture dudit étage qui coûtait, en termes de location, 50% moins cher que l’emplacement de la Sicom Tower.

Pourtant, aux yeux des salariés, le site de Rose-Hill est l’endroit idéal à bien des égards. « Constitué d’une superficie de 1300 m², sur les deuxième, quatrièmes et cinquièmes étages, le bâtiment, qui n’est nullement en état de délabrement, permet facilement d’accommoder les 125 employés des différents départements. Serge Petit, Osman Mahomed, Bashir Khodabux et Gilles L’Entêté, qui sont les prédécesseurs de Jairaj Sonoo, ne se sont jamais plaints du site, car les employés y travaillaient en harmonie et en parfaite coordination. The location in Rose-Hill is both strategically beneficial for customers and employees as more than 35 000 applicants are registered in the NHDC and they are well versed of the location of the office which is surrounded by essential services such as photocopy, CEB, CWA, bus & metro station. » 

Ce chamboulement est vu d’un mauvais œil par les employés, qui ne sont pas au bout de leurs peines. Jairaj Sonoo est en butte à une vague de contestations faisant suite à son intention de délocaliser d’autres départements qui opèrent au deuxième et au quatrième étages du Royal Complex vers Ebene Heights et le bâtiment de la NPF à Rose-Hill, qui est en état de délabrement, si bien qu’il devrait faire l’objet de travaux de rénovation qui pourraient engloutir quelques millions de roupies des caisses de la NHDC. « Outre les prix de location qui devraient tripler, ces délocalisations, qui n’ont pas leur raison d’être, nécessiteront le décaissement d’une somme avoisinant au moins trois millions de roupies pour des travaux de light partitioning & furniture, networking, electric & telecom, air conditioning & flooring que ce soit au bâtiment de la NPF ou à Ebene Heights », à en croire certains cadres. En effet, si les plans du Group CEO se matérialisent, la NHDC aura à payer pour la location de quatre sites au lieu d’un initialement.

Obeegadoo a-t-il été mis au parfum ?

Une démarche absurde au point d’en être risible, d’où la grande question de savoir si le ministre de tutelle Steven Obeegadoo a été mis au parfum de ce grand chamboulement, alors que s’accentue, en cette période de grande crise financière, la vulnérabilité des foyers les plus modestes auxquels on demande de se serrer la ceinture.

C’est la douche froide du côté des employés. La semaine écoulée a d’ailleurs été particulièrement agitée au Royal Complex, où d’aucuns se demandent s’il n’y a personne pour empêcher ce fiasco. « Nous sommes totalement découragés. Ce n’est non seulement une perte de repère et des millions de roupies jetées par les fenêtres, mais aussi la productivité et le flux de travail seront sérieusement affectés compte tenu du manque de coordination entre les départements. Il y aura un va-et-vient incessant entre les quatre sites qui engendra des coûts énormes en termes de carburant. It will be difficult and time consuming for customers and other stakeholders to find out where to go exactly. » Une pilule qui passe mal jusque dans les rangs des hauts cadres de l’institution, qui ont néanmoins les pieds et poings liés par leurs obligations. Et comme si ça ne suffisait pas, ils ont appris cette semaine, par le biais d’un courrier électronique, que « given that there is a scarcity of parking spaces in Ebene, parking facillities will not be provided for NHDC staff who travel by car. »

« Un patron sans état d’âme »

Parmi les nombreux reproches adressés au Group CEO : ses méthodes de gestion du personnel qui susciteraient l’opprobre. « Il s’est taillé la réputation d’un patron sans état d’âme et autoritaire qui malmène parfois ses équipes », disent ses détracteurs, qui concluent que depuis qu’il a pris les rênes de la NHDC et de la NSLD, Jairaj Sonoo et sa garde rapprochée font la démonstration parfaite de leur ignorance en portant atteinte à cette institution vieille de 31 ans. « Nous lançons un cri d’alarme au Premier ministre et à son adjoint et ministre de tutelle Steven Obeegadoo. It is clear that the NHDC high executives are way off in the comprehension of the NHDC main objectives. Since two years, NHDC has more projects in renovating and relocating its own offices turning them luxurious, rather than starting the construction of new social housing projects. It should also be noted that together with the slow decision-making processes, treating employees like slaves, behaving inhumane towards them and incurring unreasonable expenses, show high level if incompetence and inadequate leadership to the government vision for committing to provide 12, 000 families with a decent home. »

 

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