Forest-Side : d’épais panaches de fumée noire étouffent les habitants

L’usine CDL Knits concède un incident isolé sur l’une de ses
chaudières et promet de rectifier le tir

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Dans la zone industrielle de Forest-Side, d’épais panaches de fumée noire s’élèvent dans le ciel avant de se répandre sur des habitations sur le site et d’autres régions à cité Atlee, Saint-Luc et Camp-Bombaye où les riverains pointent du doigt la responsabilité de l’usine textile CDL Knits qui se retrouve sous le feu roulant des critiques. Peut-il y avoir des risques sur la santé, comme le redoutent les habitants confrontés quotidiennement à ces nuisances qui se seraient intensifiées au fil des années ? Une source de grande inquiétude pour ceux qui souffrent de manière récurrente de maux de tête ou de problèmes respiratoires. À la lumière des témoignages que

Week-End a recueillis auprès des d’employés et anciens salariés de CDL Knits, la détérioration des chaudières de l’usine est à l’origine de cette pollution de grande ampleur. De son côté, la direction de l’usine parle d’un incident isolé sur l’une de ses chaudières, pour justifier le problème.

La sauvegarde de l’environnement constitue le grand défi de notre temps et un thème qui s’impose avec plus d’acuité dans le débat politique. Pourtant on repère des atteintes à l’environnement qui se sont considérablement aggravées avec le développement industriel. Et il n’y a pas qu’à La Tour Koenig où la pollution de l’air prolifère depuis des années et  nuit à la santé et à la tranquillité de l’homme.  En effet, à Forest-Side, trois établissements textiles, qui tourneraient  7 jours sur 7, sont accusés de rejeter d’épais panaches de fumée noire dans l’atmosphère en toute impunité.  L’usine CSL Knits, appartenant au groupe CIEL et implantée depuis le début des années 1980 dans cette localité relativement bien peuplée, est dans le collimateur des habitants qui en subiraient les contrecoups depuis une décennie.

Week-End était sur place durant la semaine écoulée pour en savoir davantage .  Les images sont si saisissantes qu’on aurait pu croire à un incendie : un imposant nuage de fumée qui surplombe le site industriel et, suivant la direction du vent, s’étend sur les habitations. Dans les étroites et sombres allées entourant la zone industrielle, quartier composé de petites maisons, les trois enfants de Marine restent chez eux, plutôt que de jouer dehors. Depuis sa fenêtre, elle voit presque tous les jours les cheminées cracher de la fumée noire : « J’habite là depuis une quinzaine d’années et il y a tout le temps de la fumée qui est rejetée des usines mais pour des raisons dont j’ignore, cette pollution n’a pas cessé de prendre de l’épaisseur et de l’ampleur au point de nous étouffer et de nous rendre malades. »

Irritations des yeux et de la gorge

Si cette pollution peut être ressentie par les riverains les plus proches de ladite usine, la qualité de l’air s’est aussi nettement dégradée dans les quartiers avoisinants, à la NHDC de Forest-Side, Camp-Bombaye, Saint-Luc et cité Atlee. « Il y a une perception que les personnes qui sont les plus incommodées par cette pollution sont celles qui habitent autour de la zone industrielle, mais lorsque les polluants sont porté avec le vent, ce sont d’autres quartiers qui pâtissent le plus de ce fléau. Les personnes vulnérables souffrent de picotements à la gorge et aux yeux  », raconte un habitant Camp-Bombaye où le mécontentement gronde. Non loin de là, à la NHDC de Forest-Side, des couches de poussière couvrent les murs et les rideaux des maisons, signe de la pollution produite par les usines. Les quantités de polluants émis en sortie de cheminée sont-elles conformes à la réglementation en vigueur? Les irritations des yeux et de la gorge dont se plaignent certains habitants sont-elles liées à l’activité de l’usine ? Autant de questions auxquelles le ministère de l’Environnement aurait déjà dû apporter des solutions dès 2020, après le déplacement de ses officiers dans les zones exposées aux panaches de fumée noire, afin de mesurer les émissions polluantes. Se basant sur l’ensemble des concentrations mesurées pendant les essais, dont les dépôts de poussière considérables, il s’est avéré que le degré de pollution atmosphérique n’était nullement conforme aux valeurs limites. Une information confirmée par l’inspecteur Vishwanaden Amasay de la police de l’Environnement, qui a visionné les vidéos des nuages de fumée noire qu’on s’est procurées auprès des habitants.

« À la lumière de ces images et des conclusions des officiers du ministère, en 2020, notre unité prend cette affaire très au sérieux », dit-il.

Sur la base de nombreux témoignages de salariés exerçant dans les trois usines de la zone, ainsi que leurs anciens collègues, il ressort que la vétusté des chaudières de CDL Knits serait à l’origine de cette nuisance. « Laissées sans entretien, elles se sont dégradées au fil du temps », nous a confié un interlocuteur. La cellule de communication de CDL Knits évoque un incident isolé sur l’une de ses chaudières, le 14 janvier, pour justifier le problème. Or, les habitants persistent et signent en martelant que ce fléau dure depuis « très longtemps. » Toujours est-il que la correspondance adressée par CDL Knits à Week-End semble témoigner d’une volonté de mettre un terme au calvaire des personnes lésées : « Le problème a été identifié rapidement par les services de maintenance et la chaudière a immédiatement été mise à l’arrêt avant d’être inspectée et réparée. Depuis, elle fonctionne normalement et a fait l’objet d’une inspection du ministère de l’Environnement. CDL met tout en œuvre pour éviter ce type d’incident avec des inspections régulières et une vigilance constante. »Aux fumées noires s’ajoute la pollution sonore !

Les habitants de Forest-Side ne sont pas au bout de leurs peines car à la pollution de l’air, s’ajoute depuis quelque temps le bruit infernal émanant des chaudières de l’usine CDL Knits. Ces nuisances sonores constituent non seulement un trouble anormal pour les voisins immédiats de l’établissement mais également pour les habitants de la NHDC Forest-Side qui ne savent plus à quel saint se vouer pour que « cesse cette
mascarade », selon leurs propres mots.
Il ne s’agit pas de tirer des conclusions hâtives mais l’impression qui se dégage est que le tapage excessif généré par l’usine serait  largement au-dessus des normes fixées par la police de l’Environnement. La tension est à son paroxysme dans ces quartiers et les habitants se demandent ce qu’ils ont bien pu faire pour mériter de tels désagréments avec des  conséquences qui pourraient être plus sévères, à long terme, si l’on se fie aux témoignages recueillis auprès des personnes lésées. « Ce sont des bruits continuels qui engendrent chez nous une fatigue auditive et des bourdonnements d’oreilles », souligne Martha. Pire, un habitant déplore également une pollution sonore permanente durant la nuit. « Parfwa ziska 22h kan dimun pe dormi. Zot bizin compran ki nu bann humains ! »
Pour répondre à ces inquiétudes, l’inspecteur Vishwanaden Amasay, de la police de l’Environnement, promet de dépêcher des officiers de son unité pour mesurer le niveau de décibels des chaudières : « Si ces installations interfèrent de manière imposante avec l’environnement sonore de la région et qu’elles ne sont pas en conformité avec la loi régissant la pollution par le bruit et la distance minimale avec les habitations, nous prendrons des sanctions en conséquence. J’appelle au bon sens de la direction de l’usine. »

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