Fin d’année – Ambiance de Fête : 

Compenser le contre-la-montre des courses par la bonne humeur




Le dernier week-end de l’année, la voie publique grouille de monde. Dernière ligne droite pour les achats du réveillon. Au nom de la clientèle, les animations sont bien présentes dans rues et Malls. Cela permet du coup aux magasins d’avoir une visibilité accrue et de brasser un meilleur chiffre d’affaires. Du dernier rideau acheté sur le pouce, l’incontournable pétard, les vins, l’opération coup de charme semble opérer à grands frais.

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Le compte à rebours est, en effet, enclenché pour clore sur les notes festives d’une nouvelle année qui se profile.
Certaines familles ont opté pour les restaurants, d’autres profitent du temps qui leur reste à chercher uniformes d’écoles et cahiers en vue de préparer leurs enfants à la rentrée des classes. Mais, dans tout ce brouhaha, l’esprit des festivités semble avoir la cote. Une manière de clore l’année 2024 en apothéose. 
Difficile de se frayer un chemin parmi les marchands ambulants qui longent la rue Desforges, rue Farquhar… Port-Louis et même les arcades de Rose-Hill et autres points saillants de vente semblent attirer toute une masse de la clientèle locale. Fait intéressant, le rituel de tout un chacun s’offre à la vue. Une démarche légère et prenant tout son temps ou en mode décalé, genre… tou dimounn dan gos, tou dimounn dan drwat, à chacun de trouver ses repères. ll y a aussi les cris des marchands : « Promo promo, koste gete. » Parfois du Buy Two Get One Free…

Des voix vont crescendo et des marchands n’hésitent guère à kase-ranze les prix en vue d’un étal achalandé. Et, dans ce contre-la-montre, les vendeuses en magasins usent bien de leurs astuces de marketing : les voilà en première ligne pour servir le client et demeurer à sa portée.

Aisha explique ainsi comment les « commissions de fin d’année » jouent beaucoup sur le nombre de clients. Certains autres négocient une ristourne et se font entendre : « Korek madam, lane-la bizin fer plezir.»

Dans ce jeu du chat et de la souris, flairer de bonnes affaires est un must… Feroza, elle, s’en mord déjà les doigts. Elle a acheté une poussette pour bébé et lors de sa virée ce week-end a trouvé un magasin pratiquant des prix moins élevés. La déception peut se lire sur le visage compte tenu de cette occasion ratée. 

« Pouvoir d’achat avant tout… »

Pour sa part, Saveena avoue ne pas se concentrer sur le shopping cette année. « Vu que je n’ai pas eu le 14e mois, la chance a plutôt été du côté des personnes au bas de l’échelle. Je me suis concentrée sur la maison, la nourriture, car janvier est un long mois. Pour la Noël, j’ai fait plaisir à mon petit fils. Je trouve que les compteurs s’affolent – en termes de jouets, les prix sont élevés et pour les gens qui n’ont pas le pouvoir d’achat cela doit être difficile. Dans le cas de mon petit-fils de 3 ans, rien que pour son uniforme et autres accessoires, la note atteint les Rs 15,000. Le coût de la vie est une réalité.»   
Hanifa, de son côté, compte miser sur les plaisirs de la table pour le réveillon. « J’ai déjà fait la réservation pour la famille dans un restaurant à Ebène. L’année dernière, nous étions à l’hôtel, mais vu que les prix ont grimpé et qu’un hôtel 3-étoiles est passé de Rs 3 000 en 2023 à Rs 6 900 par personne cette année, nous ne pourrions pas nous permettre cette folie.  Nous nous contenterons du restaurant. »

Elle ajoute : « les pétards, j’évite pour ne pas nuire à mes chiens. Je lance un appel aux propriétaires d’enfermer leurs chiens à l’abri dans leurs niches. Le bruit des pétards est nocif pour les oreilles de leur animal de compagnie et certains n’hésitent pas à se sauver, ce qui occasionne des accidents et des blessures. »
De son côté, Mme Cheong se fait un devoir de se rendre à la pagode le jour de l’an et ne rate pas son rituel de faire sonner les pétards. «Tradision bizin garde. Je pars à l’hôtel avec ma famille et vers le 3 janvier, je reçois mes petits-enfants pour leur donner leur foon pao. » Elle avoue acheter dans les Malls pour la qualité. « Dans la rue, nous pouvons trouver beaucoup des articles à prix cassés, mais souvent au bout de deux jours, l’enfant se plaint que son jeu ne fonctionne plus. »

Elle fait ressortir d’autre part, que « pri labwason, divin inn bien ogmante. J’avais fait un stock pour le Black Friday et je vois que les prix ont encore augmenté. Cette année, je me suis fait plaisir en achetant un aspirateur chez 361. Le prix de départ était de Rs 12 000 et cela a été ramené à Rs 6 900. C’est un bon deal. La grande tendance actuelle est l’Air Fryer. Kan ena biznes, pa gagn letan kwi, Air Fryer ti mama. »

Pour sa part, Christelle, mère de quatre enfants, et travaillant comme femme de ménage, gagne difficilement sa vie. Elle préfère acheter les jouets de ses enfants auprès des marchands ambulants. Pour elle, l’uniforme de la rentrée importe davantage, de même que les cahiers d’école. « J’offre aussi des pétards pacpac à mes enfants et je les emmène à les Salines pour la marche, car la chaleur est accablante.»

Elle raconte avoir souffert des passages de cyclones et reconnaît que l’argent sur son compte Pel ne lui a toujours pas donné droit à un toit. « Au passage d’un cyclone, des gens dorment chez eux, moi, je dois avec mon époux et mes quatre enfants trouver refuge dans une école. Pa enn lavi sa.»

L’année 2025, Christelle la décrit de la sorte : « Li pou kouma toulezour. A par enn ti rom pou kraz masala-la, sa mem nou ti plezir lane. Je suis satisfaite du 14e mois, qui est venu soulager ceux qui, comme moi, sont de condition modeste. Nou bizin donn Navin so letan, pou sanz nou lavi. Pe bien fer, nou finn retrouv nou festival kreol, avan segatie pa ti pe kapav fer konser. »

Pétards et feux d’artifice, les incontournables
Ajay, de la Réunion, en vacances à Maurice, évoque les traditionnels pétards et feux d’artifice du réveillon : « Depuis décembre, les pétards résonnent pour le bonheur des marmailles et pour le malheur des animaux de compagnie. C’est une tradition qu’on ne peut louper, car il ne peut y avoir de fêtes de fin d’année sans les entendre ou les voir. Longtemps la tradition c’était de briser aussi un verre pour l’année, cela portait chance… »
Dans les rues, les échoppes de briani, roti, mine frit et boulettes pullulent. Vincent Lan parle d’hygiène avant tout. « Il faut savoir repérer les étals propres, car hier j’ai entendu aux infos que les cas de gastro-entérite étaient en hausse. Je préfère les restaurants dans les Malls, c’est plus convivial. On fait des rencontres entre famille et comme il fait chaud, on prend le temps d’apprécier du melon d’eau.»

Verlaine, une jeune branchée, mise plutôt sur un menu de fête et de paillettes. « D’abord chez la coiffeuse, et je n’oublie jamais de m’adonner à mon nail art. Cela a un prix, de même pour les soins esthétiques, le maquillage et les produits de beauté. Je suis la tendance sur TikTok et YouTube », affirme-t-elle.

Du côté des restaurateurs, le réveillon ne semble pas être de tout repos. Entre les menus alléchants du réveillon de la Saint Sylvestre, certains ont troqué les traditionnelles grillades contre un menu gastronomique ; et les clients doivent se prendre bien à l’avance pour faire leur réservation.

Côté plaisirs sucrés aussi, les menus de la pâtisserie rivalisent d’originalité. Après la bûche de Noël, la galette des rois et sa fève cachée semblent être privilégiées.  
Entre queues interminables et ambiance festive, les retardataires se pressent pour leurs derniers achats avant le réveillon. Parmi les petites astuces pour gagner du temps, ils s’organisent pour transformer cette course de fin d’année en moment convivial. Encore une année qui s’achève, mais cette fois avec une note de satisfaction, car le 14e mois a été pour plus d’un Mauricien une manne inespérée – venue certes soulager bien des foyers en difficulté.

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