Avec la fermeture forcée des écoles en raison de la situation sanitaire, les gérants de cantine scolaire se retrouvent en chômage forcé. Contrairement aux opérateurs de vans scolaires et aux directeurs des écoles privées, ils ne peuvent exiger de paiement des parents, même si les enfants ne viennent pas à l’école. Avec l’incertitude concernant la rentrée en présentiel en janvier 2022, ils voient l’avenir très sombre.
La fermeture inattendue des écoles le 9 novembre dernier a eu de lourdes conséquences pour les cantiniers. Certains ont vu partir à la poubelle des kilos de nourriture qu’ils n’ont pu sauver. D’autres avaient fait tout leur stock jusqu’à la fin du trimestre. Il leur restait encore cinq semaines de travail avant que les autorités ne décident de fermer les écoles, en raison de la gravité de la situation générée par la pandémie du Covid-19.
Ashok, qui gère une cantine dans un collège d’État, raconte avoir été pris de court par l’annonce de la vice-Première ministre et ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun, en cette soirée du 9 novembre. « D’habitude, je profite du week-end pour faire mon stock pour la semaine. Mais comme il y avait des rumeurs que l’école allait fermer, j’avais pris mes précautions et je n’ai rien acheté. Toutefois, lundi soir, il a été annoncé à la télévision qu’il n’y aurait pas de fermeture. Ce qui fait que je suis parti faire mon stock mardi matin. Et dans la soirée, surprise : la ministre annonce la fermeture des écoles… » explique-t-il, désemparé.
Conséquence : les denrées périssables ont dû être distribuées dans son entourage. Même ce qu’il avait gardé pour lui n’a pas tenu longtemps. « J’avais acheté une grande quantité de fruits qui, soit dit en passant, coûtent très cher en ce moment, car les enfants aiment la salade de fruits. On avait tout épluché et découpé. Cela n’a pas tenu longtemps. »
De plus, ajoute-t-il, une certaine partie de la nourriture doit être préparée la veille. Là encore, c’est une perte totale. « Comme vous le savez, on ne peut préparer la nourriture sur place. Tout doit être fait à la maison ; une partie tôt le matin et une autre la veille », poursuit-il.
Justine témoigne qu’avec le deuxième lockdown et l’actuelle fermeture des écoles, elle n’a travaillé que cinq mois en 2021.
« Ce n’est pas évident. D’autant que j’ai investi pour pouvoir me lancer dans ce domaine. Par exemple, j’ai acheté un congélateur pour stocker mes produits, ainsi qu’un four pour faire mes propres petits gâteaux. De plus, cela ne fait pas longtemps que je suis dans ce domaine. Je n’ai même pas eu le temps d’assurer le remboursement de mes dettes », déclare-t-elle.
Le plus dur, confient les cantiniers, c’est qu’ils sont les seuls à se retrouver sans revenus dans la conjoncture. « Les chauffeurs de vans scolaires et les écoles maternelles, par exemple, exigent les paiements, même si les enfants ne vont pas à l’école. Mais nous, s’il n’y a pas école, on se retrouve sans argent », fait-on comprendre.Ils rappellent également qu’ils doivent payent un loyer pour pouvoir opérer le service de cantine dans un établissement scolaire.
Avec la situation sanitaire qui ne s’améliore pas et la découverte du nouveau variant Omicron, les autorités sont d’autant plus sur leurs gardes. Le flou plane sur la rentrée en présentiel en janvier 2022. C’est leur avenir même qui est en jeu. « Avec les jours de classe alternés pendant deux trimestres, suivant le deuxième lockdown, nous avons accusé un gros manque à gagner. Il y avait moins d’enfants à l’école chaque jour et moins de clients », indiquent-ils.
Les gérants des cantines souhaitent que les autorités se penchent sur leurs problèmes. Pendant le confinement, ils avaient eu droit au Self-Employed Assistance Scheme. Mais si la situation perdure et que l’école ne reprend pas en janvier, ce sera très compliqué, disent-ils. « De plus, nous ne sommes pas seuls. Nous avons des personnes qui travaillent avec nous et à qui il faut assurer un salaire. Dans certains cas, c’est toute la famille qui est engagée dans cette activité », font-ils ressortir.
Ces derniers déclarent également qu’avec l’interdiction de certains produits, dont les boissons gazeuses, par les autorités, pour combattre l’obésité chez les jeunes, il est d’autant plus compliqué de préparer un menu et de s’assurer à la fois de plaire aux écoliers et aux collégiens tout en respectant les règles.