C’est un autre dossier d’expropriation alléguée des terres actuellement devant la Land Research and Monitoring Unit (LRMU) du ministère des Terres et du Logement. La famille Devanny reproche à la propriété sucrière de Bel-Ombre d’avoir vendu un terrain de cinq arpents lui appartenant à des particuliers. Cela fait une vingtaine d’années que ce litige dure et Oomadutsing Devanny, le porte-parole, espère que le dossier sera enfin mis au point par la LRMU et soumis devant les instances judiciaires compétentes.
Il y a les cas connus, comme ceux des familles Tancrel, Kisnorbo ou Harmon. Il y en a d’autres, moins connus, mais qui sont aussi douloureux à vivre pour les familles concernées. La semaine prochaine, Oomadutsing Devanny et ses proches ont rendez-vous à la Land Research and Monitoring Unit (LRMU), opérant sous le ministère des Terres et du Logement, pour discuter de son cas. « Mes arrière-grands-parents, venus de l’Inde, avaient acheté un terrain de cinq arpents à Bel-Ombre en 1884. J’ai tous les plans et tous les documents nécessaires à ce sujet. Toutefois, à un moment donné, ce terrain a été vendu à notre insu », fait-on comprendre.
Oomadutsing Devanny relate ainsi que des personnes habitant Bel-Ombre auraient averti sa famille que leur terrain a été vendu à des particuliers. « Quand nous nous sommes rendus sur les lieux, nous avons rencontré quelqu’un, qui dit avoir acheté le terrain avec son associé, de la compagnie sucrière de Bel-Ombre. » Après des recherches, les Devanny tombent sur un plan d’arpentage effectué par Jean-Claude d’Hotman et qui englobe ledit terrain de cinq arpents dans celui de la propriété de Bel-Ombre. « Cela fait une vingtaine d’années que nous sommes en train de lutter pour retrouver notre terrain. Nous sommes maintenant devant la Land Research and Monitoring Unit, nous espérons que nous pourrons enfin voir le bout du tunnel », souligne-t-on au sein de la famille.
Oomadutsing Devanny explique qu’il s’occupait de ces démarches avec ses deux frères. Ceux-ci sont décédés entre-temps et il se retrouve à poursuivre le combat avec ses neveux et nièces. « Il y a neuf héritiers sur ce terrain. J’espère que le gouvernement va pouvoir nous aider car ce n’est pas juste de perdre un terrain pour lequel nos ancêtres ont travaillé très dur », dit-il.
C’est la troisième fois que les Devanny ont rendez-vous à la LRMU. Ils ont eu l’occasion de rencontrer les avoués et arpenteurs en vue de finaliser leur dossier. « On nous a dit verbalement qu’on allait nous aider. J’espère que cela va se concrétiser et qu’il n’y aura aucun problème. Nous avons déjà juré un affidavit. »
Ce qu’il souhaite le plus, c’est que les démarches avancent rapidement, étant donné que cela fait déjà une vingtaine d’années qu’il a commencé ses recherches.
« Comme je l’ai dit, j’ai déjà perdu mes deux frères entre-temps, j’espère que nous n’aurons pas à attendre encore longtemps et que justice soit faite une fois pour toutes à ma famille. »
Quant à savoir si le terrain vendu a été développé depuis, Omadutsing Devanny avance : «pour le moment, cela fait partie d’un chassé, mais on ne sait pas à l’avenir, quels sont les projets des personnes qui occupent le terrain. S’il y a des développements, cela sera encore plus difficile de récupérer notre bien.»
Le dossier de Clency Harmon bouclé
Après le cas de la famille Tancrel, dont la plainte a déjà été logée en Cour Suprême, le mois dernier, trois nouveaux dossiers ont été approuvés par la Land Research and Mediation Unit. Il s’agit des cas des familles Babylone, Berthelot et Harmon. Ils bénéficieront donc d’une aide financière de Rs 300 000 de l’État, pour loger une plainte en Cour.
Sollicité à ce sujet, Clency Harmon affirme qu’il est satisfait que son dossier a pu avancer un peu. « Cela fait très longtemps qu’on attend et de ce point de vue, je peux dire que je suis satisfait. C’est vrai que dans nos revendications, on avait demandé plus de Rs 300 000, mais disons que c’est toujours ça. »
En revanche, ce qui inquiète Clency Harmon, qui rappelons-le, avait tenu deux grèves de la faim pour réclamer entre autres, la mise sur pied d’un Land Tribunal, c’est la lenteur des procédures judiciaires. « Quand nous avions demandé un tribunal des terres, ce qui était d’ailleurs une recommandation de la Commission Vérité et Justice, c’était justement pour que les choses aillent plus vite. Or, nous apprenons aujourd’hui qu’il faudra loger la plainte à la Cour Suprême avec tous les autres cas, et qu’elle sera par la suite transférée à la Land Division.»
Selon lui, toutes ces procédures risquent de prendre beaucoup de temps et au final, la mise sur pied d’une division spéciale n’aura pas permis à faire avancer les choses. « J’ai déjà un cas en Cour qui attend depuis dix ans. L’idée même de la Land Division c’était pour être traité séparément, afin d’aller plus vite, mais tel n’est pas le cas.»
Soulignons que pour les affaires touchant d’autres divisions de la Cour suprême, notamment la Family Division et la Commercial Court, les plaintes peuvent être logées directement. Les victimes d’expropriation des terres souhaitent ainsi que les autorités compétentes s’intéressent à cet aspect. Clency Harmon dit avoir essayé d’en discuter avec le ministre concerné, mais qu’il n’a eu aucun retour d’appel jusqu’ici.