Exportation de macaques à longue queue : Monkey Massacre Mauritius réagit aux réponses du ministre de l’Agro-Industrie

Garder le silence suite aux “inexactitudes” dans les réponses du ministre de l’Agro-Industrie, Vikram Hurdoyal face aux questions parlementaires de la députée Joanna Bérenger serait, pour la plateforme Monkey Massacre Mauritius, une erreur. Entourée de l’avocat Somand Kumar Adheen, de Vishal Shibchurn, de l’activiste Yuva Pillay et du randonneur et animal rescuer Ashish Ujhoda, le porte-parole de cette plateforme Mansa Daby a décidé, lors d’une conférence de presse tenue mardi à Port-Louis, de réagir et de dévoiler des informations supplémentaires sur le Monkey business.

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D’entrée de jeu, Mansa Daby, porte-parole de la plateforme Monkey Massacre Mauritius, a déclaré : « Nous avons des informations, beaucoup plus sur ce qui a été dit au Parlement. Il y a eu des inexactitudes dans les réponses du ministre Vikram Hurdoyal et dans les questions de la députée Joanna Bérenger. Nous ne pouvons rester silencieux ».
Ainsi, revenant sur les réponses fournies autour de la compagnie Hammerhead International Ltd, laquelle est poursuivie par l’État pour ces 446 singes retrouvés à Jinfei, en mars dernier, dans des conditions de détention déplorables, elle a déclaré : « Je voudrais d’abord signaler le fait que le ministre Hurdoyal a dit lui-même que de ces 446 singes, 4 sont morts de la tuberculose et 52 de septicémie. Donc, 388 individus vivent actuellement à Biosphère, l’une des fermes se trouvant à 1km de Grand-Bassin, soit à Closel. Si vous vous rappelez, surtout ceux qui suivent nos actions en collectif, Linley Moothien avait exposé il y a quelques mois l’infrastructure de Biosphère, c’est-à-dire les enclos qui ne sont pas couverts et dont l’eau s’accumule à l’intérieur durant les jours de pluie. Cela ne nous surprend pas que ces singes soient décédés des suites de maladies, de septicémie, après que leurs plaies ont été infectées, ou encore de bagarres.»

Quelque chose qui cloche

Elle ajoute « par ailleurs, le ministre a lui-même déclaré que Biosphère réclame de l’argent à l’État, soit l’argent des contribuables, étant donné qu’ils détiennent ces 388 singes, malgré le fait que tous ces singes sont décédés à Biosphère et pas à Jinfei. Lorsque la députée Joanna Bérenger a demandé au ministre le montant que réclame Biosphère, il ne l’a pas divulgué. Mais nous avons des informations précises à ce sujet. De même que la ferme a reçu un Expansion permit le 16 avril 2021 et est passée de 820 individus à 7,500. Initialement, la ferme exportait 224 singes à un rythme alterné et là son ambition est d’exporter 1,000 singes par an ».

Pour revenir à la compagnie Hammerhead International Ltd, Mansa Daby affirme que la députée Joanna Bérenger avait fait ressortir qu’une récente plainte a été déposée par des gardes forestiers du département des Bois et Forêts contre Hammerhead qui serait responsable de la capture des singes à Bergicourt (Le Val), soit sur un terrain loué à bail à Rose-Belle Sugar Estate. « Mais au lendemain du dépôt de plaintes, les policiers qui se sont rendus sur place n’ont rien trouvé. La même chose s’est produite pour Vishal Shibchurn qui a été témoin de différentes installations érigées pour la capture de singes à Bergicourt. Il a déposé une plainte à ce sujet mais cela a traîné, la police s’est fait attendre et, pendant ce temps, les singes qui s’y trouvaient ont été relâchés. Il y a définitivement quelque chose qui cloche », dit-elle.

Pour Mansa Daby, ces deux questions parlementaires axées sur la compagnie Hammerhead créent l’impression, au sein du public, que la capture illégale autour du monkey business ne concerne que Hammerhead. « Depuis plusieurs mois, nous avons signalé plusieurs irrégularités autour du business des singes. Aujourd’hui même (ndlr : mardi), un braconnier a été arrêté à Pétrin. Nous avons déjà publié des images de trappes artisanales. Mais les questions à se poser : qui achète avec ces braconniers ? Que font-ils avec ces singes ? Forcément, ceux qui achètent sont ces fermes-là, car ils sont les seuls à détenir un permis d’exportation. Ainsi, dans cette chaîne-là, il y a bien un côté illégal », indique Mansa Daby.

Intervenant à la conférence de presse, Ashish Ujhoda, un randonneur et animal rescuer a, lui, relaté ce auquel il a involontairement assisté, notamment sur des terrains agricoles. « Lors de mes randonnées, je suis tombé sur des trappes. Je suis même tombé sur des sign posts indiquant le nom d’une ferme d’élevage. Il y en a d’autres en plein cœur des forêts. J’ai même retrouvé des repères sur des arbres, qui conduisent aux trappes. J’ai également repéré une autre installation à La Nicolière dans un catchment area où le Bois de Santal (ndlr : plante indigène à forte valeur commerciale) a été abattu », a-t-il affirmé.

Trappes sur les terrains agricoles

Avant d’énumérer tous les autres endroits où il a repéré des trappes, lors de ses différentes balades : Montagne Blanche, Clémentia, Eau Bleu, Olivia, Henrietta, Vallée-des-Prêtres, Crève-Cœur, Montagne Longue. « D’habitude, ces installations se font sur le flanc des montagnes. Je constate qu’elles sont de plus en plus présentes sur les terrains agricoles », a-t-il dit.
Ashish Ujhoda ne serait pas le seul à avoir découvert ces trappes à singes et à les dévoiler, photos et vidéos à l’appui. « Il y a des trappes partout à travers Maurice. Ce sont des trappes mesurant environ 30 pieds par 20 pieds. On les trouve également à Pailles, Tranquebar, Bois Pignolet, Congomah, Pont Bon Dieu, Terre Rouge et St-Hubert, entre autres. Nous avons découvert une cinquantaine de trappes sur les terrains d’État, mais aussi dans des quartiers résidentiels. Pourtant, la capture des singes ne devrait pas se faire dans ces endroits car il se peut qu’il y ait des mutations de maladies infectueuses zoonotiques. Nous allons finir par créer des épidémies, des pandémies parce que les singes peuvent être vecteurs des virus humains », regrette Mansa Daby.

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