Un mois après l’annonce des résultats du Higher School Certificate (HSC), ils sont nombreux à entamer les démarches pour poursuivre leurs études supérieures à l’étranger, avec l’Australie et le Canada en pole position. Nous avons demandé un premier avis de deux opérateurs dans le domaine, soit l’IDP Mauritius et l’Overseas Education Centre (OVEC), sur la tendance pour cette année.
Pour l’année 2022, ils étaient 2 446 à avoir choisi une université étrangère, révèle A Snapshot of Participation in Higher Education in Mauritius 2022, rapport de la Higher Education Commission. Et ce, malgré le fait que le pays compte 46 institutions supérieures, dont 10 publiques gratuites, incluant, entre autres, les quatre principales universités de l’île, à savoir l’université de Maurice, l’University of Technology of Mauritius, l’Open University of Mauritius et l’université des Mascareignes, et 36 institutions privées. Il est aussi indiqué qu’en 2022, les inscriptions dans les institutions publiques ont baissé de 2,2% pour atteindre 27 642, contre 28 252 en 2021. En revanche, les inscriptions dans les institutions du privé et de l’étranger ont progressé de 5,9% et de 12,1% respectivement.
Nouvelles politiques d’immigration
Christine Faugoo, Country Director Mauritius d’IDP Education Ltd, nous indique que « l’Australie, le Canada et le Royaume-Uni restent les destinations préférées des étudiants mauriciens et continuent d’accueillir les étudiants internationaux, y compris les étudiants mauriciens. » Elle soutient que le nombre d’étudiants s’inscrivant dans les institutions australiennes, canadiennes et britanniques est resté stable au cours des 12 derniers mois, y compris pour les inscriptions du 24 février et de l’automne 2023 pour l’Australie et le Canada-Royaume-Uni respectivement.
« Nous avons tous entendu dire ces dernières semaines que les trois pays avaient revu leurs politiques d’immigration et que l’Australie, le Canada et le Royaume-Uni allaient rendre l’obtention de visas plus difficile pour les étudiants. La réalité est un peu plus mesurée », précise Christine Faugoo. « Ce qu’il est important de comprendre, c’est que les nouvelles politiques d’immigration de ces pays rendront difficile l’obtention d’un visa pour les étudiants non authentiques. Les étudiants authentiques, c’est-à-dire ceux qui demandent un visa d’étudiant parce qu’ils veulent vraiment étudier, ne doivent pas s’inquiéter de ne pas obtenir de visa », souligne-t-elle.
En ce qui concerne l’Australie, « bien que nous ayons constaté récemment de légers retards dans l’obtention des visas pour les étudiants, dans la plupart des cas, les visas sont finalement accordés. L’IDP a aidé les étudiants à obtenir leurs visas et la plupart d’entre eux sont arrivés à temps pour l’entrée du 24 février. » Elle précise par ailleurs que la prochaine admission est prévue pour juillet 2024, « et il est recommandé aux étudiants qui veulent aller en Australie de s’inscrire tôt afin de pouvoir demander leur visa à temps. » Christine Faugoo explique aussi que les étudiants qui se rendent en Australie bénéficient d’importantes possibilités de travail post-études d’une durée de deux à trois ans, voire de cinq ans. « Cela leur permet non seulement d’obtenir un diplôme internationalement reconnu, mais aussi d’acquérir une expérience liée à leur domaine d’études. »
La Country Director d’IDP Mauritius annonce par la même occasion que l’IDP organisera très prochainement un séminaire Study in Australia for postgraduate students au cours duquel les étudiants pourront obtenir des informations sur le choix des cours, le coût, les bourses disponibles, ainsi que des informations sur le traitement et l’éligibilité des visas, y compris pour les étudiants qui souhaitent se rendre en Australie avec un conjoint ou des enfants. Les personnes intéressées peuvent contacter l’IDP au 210 1971.
La possibilité d’émigrer
La Dr Dorish Chitson, directrice de l’OVEC, observe aussi que le tendance est restée la même ces dernières années au niveau des demandes d’inscription dans les universités étrangères. « Bien que Maurice compte actuellement plusieurs établissements d’enseignement supérieur, la plupart des étudiants préfèrent encore aller à l’étranger — l’attrait des écoles prestigieuses, un plus grand choix de diplômes et de spécialisations, les placements professionnels, la possibilité d’émigrer, l’opportunité de vivre une vie d’adulte indépendant ainsi que la liberté de vivre des expériences culturelles diverses en sont les principales raisons », dit-elle. Par ailleurs, elle souligne, comme Christine Faugoo d’IDP, que « bien que le Canada et l’Australie aient récemment annoncé un plafonnement du nombre d’étudiants internationaux, ils envisagent toujours d’inscrire des étudiants mauriciens. »
Professionnels mauriciens à l’étranger
Dorish Chitson explique aussi que les étudiants mauriciens jouissent toujours d’une bonne réputation à l’étranger, « car ils sont très brillants et travaillent dur. Surtout que leurs parents sont prêts à faire de gros sacrifices (en contractant des emprunts ou en vendant leurs biens) pour envoyer leurs enfants à l’étranger afin d’accroître leurs chances d’obtenir une carrière internationale. » Elle précise aussi qu’en plus de leur stage rémunéré à l’étranger, les étudiants peuvent travailler au moins 20 heures par semaine pendant les huit mois d’études et 40 heures par semaine pendant les quatre mois de vacances. Ils gagnent entre Rs 600 et Rs 700 de l’heure, et de nombreux étudiants envoient de l’argent à leurs parents à l’île Maurice, où ils ne gagnent pas grand-chose — ce qui constitue également une incitation importante pour les étudiants qui partent à l’étranger.
Par ailleurs, Dorish Chitson explique qu’en plus des bacheliers qui s’inscrivent pour une première licence, elle note que « le nombre de professionnels mauriciens à la recherche d’une formation à l’étranger a définitivement augmenté au fil des ans, malgré le fait que de nombreuses institutions internationales aient établi un campus à Maurice. » Cela s’explique principalement, dit-elle, par le fait que l’île Maurice est un petit marché et que de nombreux diplômés locaux restent sans emploi. De plus, « la plupart des étudiants se dirigent désormais vers les deux grands pays que sont l’Australie et le Canada, qui ont besoin d’une main-d’œuvre plus importante et qui leur accordent donc un permis de travail automatique à la fin de leurs études ainsi que la possibilité d’obtenir un permis de résidence permanent. »
Concernant les frais d’études ces dernières années, elle nous explique que les Mauriciens sont de plus en plus nombreux à choisir de faire leurs études sur des campus d’universités connues. Comme c’est d’ailleurs le cas pour Maurice, où des étudiants étrangers préfèrent suivre un cursus français tout en profitant du coût de la vie mauricien bien moins onéreux qu’en Europe, par exemple. Elle souligne ainsi que « la majorité de la population ne gagne pas assez pour payer les frais de scolarité et le coût élevé de la vie à l’étranger. Nous faisons donc de notre mieux pour trouver des destinations plus abordables, comme les campus chinois d’universités occidentales telles que Nottingham, Monash, Staffordshire, etc., qui ont un contrôle strict de la qualité et où ils obtiendront un véritable diplôme du Royaume-Uni ou de l’Australie. »
La Chine, nouvelle destination d’études
De plus, elle explique que le coût de la vie en Chine n’est que d’environ Rs 70 000 par an, contre Rs 700 000 en Australie, au Royaume-Uni et au Canada. Les frais d’inscription dans les universités chinoises sont également beaucoup plus abordables et varient entre Rs 75 000 et Rs 100 000 par an (soit environ un dixième des frais d’inscription dans les universités occidentales).
« La Chine est aujourd’hui un pays assez riche et très avancé dans la technologie 5G, de sorte que les infrastructures de ses universités sont vraiment bien équipées et que les normes sont à jour. Les étudiants n’apprennent pas seulement l’anglais, mais ils bénéficient également de cours gratuits de chinois, ce qui leur permet de parler couramment cette langue en raison de leur immersion dans cet environnement. La plupart des étudiants mauriciens ont la chance de trouver un emploi dans des entreprises internationales et des ambassades, car ils ont alors l’avantage de parler trois langues », fait ressortir la directrice d’OVEC, qui compte plus de 50 ans d’expérience dans le domaine.