Le macaque à longue queue (Macaca fascicularis) est désormais répertorié comme espèce en voie de disparition sur la liste rouge des espèces menacées de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Cela en raison de la forte augmentation des captures de ces singes recherchés ces dernières années pour approvisionner des laboratoires médicaux ou d’expérimentation ainsi que pour le divertissement et pour la consommation.
Le commerce et l’élevage en captivité sont ainsi devenus une industrie lucrative dans plusieurs pays, dont ceux de l’Asie du Sud-Est comme le Cambodge, l’Indonésie, les Philippines ou le Vietnam, mais aussi Maurice. L’évaluation la plus complète jamais réalisée des mammifères de la planète confirme la crise d’extinction du singe à longue queue. Une série d’actions sont désormais prises par Action for Primates pour protéger le macaque à longue queue. Pour Sarah Kite, cofondatrice du mouvement, « c’est un signal d’alarme sur la façon dont nous voyons et interagissons avec le macaque à longue queue. En raison de l’impact des activités humaines sur l’espèce et son habitat, en particulier le commerce mondial de la recherche et des tests de toxicité, l’avenir de ce primate non humain intelligent, qui joue un rôle important dans la biodiversité et les écosystèmes, est sérieusement compromis, menacé. Étant donné que les êtres humains sont la cause de cette menace, nous avons l’obligation morale d’agir maintenant — avant qu’il ne soit trop tard — pour protéger le macaque à longue queue. »
La nouvelle évaluation mondiale des mammifères indique qu’au moins 1141 espèces sur les 5487 mammifères de la planète sont menacées d’extinction. Au moins 76 mammifères se sont éteints depuis l’an 1500. Sur la page Facebook d’Action for Primates qui évoque les macaques à longue queue de Maurice, nous pouvons lire que : « Bien qu’il s’agisse d’une espèce établie et faisant partie de l’écosystème et de la biodiversité de l’île, les macaques à longue queue sont largement persécutés, car l’espèce est considérée comme « non indigène ». Paradoxalement, depuis des décennies, il y a eu une incitation économique à maintenir la population sauvage en plein essor puisque des dizaines de milliers de macaques ont été exportés directement vers des laboratoires ou capturés pour approvisionner des fermes d’élevage. Il a également été dans l’intérêt de ceux qui profitent commercialement du commerce des primates pour le peuple mauricien d’avoir une attitude négative envers les macaques, de les considérer comme un problème, avec le piégeage et la mise à mort comme des « solutions ». Indépendamment du fait que l’espèce soit indigène à Maurice et considérée comme « digne » de la protection de la conservation par le gouvernement et d’autres, les macaques à longue queue méritent d’être protégés et d’être traités avec humanité, comme tout autre être sensible, non tué ou capturé pour la recherche. »
La Liste Rouge de l’UICN des Espèces Menacées classe les espèces en fonction de leur risque d’extinction. C’est une base de données en ligne qui permet de faire des recherches et comprend le statut mondial de 45 000 espèces, avec des informations à l’appui. Elle a essentiellement pour but de déterminer quelles espèces ont le plus besoin de mesures de conservation, de documenter leur situation et de fournir un indice de l’état de la biodiversité.
Avec le système de la Liste rouge de l’UICN, chaque espèce ou sous-espèce peut être classée dans l’une des neuf catégories suivantes : Éteinte (EX), Éteinte à l’état sauvage (EW), En danger critique (CR), En danger (EN), Vulnérable (VU), Quasi menacée (NT), Préoccupation mineure (LC), Données insuffisantes (DD), Non évaluée (NE). La classification d’une espèce ou d’une sous-espèce dans l’une des trois catégories d’espèces menacées d’extinction (CR, EN ou VU) s’effectue par le biais d’une série de cinq critères quantitatifs qui forment le cœur du système. Ces critères sont basés sur différents facteurs biologiques associés au risque d’extinction : taille de population, taux de déclin, aire de répartition géographique, degré de peuplement et de fragmentation de la répartition.
Au sujet de l’UICN
La Liste rouge de l’UICN constitue l’inventaire mondial le plus complet de l’état de conservation global des espèces végétales et animales. Elle s’appuie sur une série de critères précis pour évaluer le risque d’extinction de milliers d’espèces et de sous-espèces. Ces critères s’appliquent à toutes les espèces et à toutes les parties du monde.
Fondée sur une solide base scientifique, la Liste rouge de l’UICN est reconnue comme l’outil de référence le plus fiable pour connaître le niveau des menaces pesant sur la diversité biologique spécifique. Sur la base d’une information précise sur les espèces menacées, son but essentiel est d’identifier les priorités d’action, de mobiliser l’attention du public et des responsables politiques sur l’urgence et l’étendue des problèmes de conservation, et d’inciter tous les acteurs à agir en vue de limiter le taux d’extinction des espèces.
L’UICN, le plus ancien et le plus vaste réseau environnemental du monde, est une union démocratique de plus de 1 000 membres, gouvernements et ONG, et de près de 11.000 scientifiques bénévoles répartis dans plus de 150 pays. Le travail de l’UICN est soutenu par plus de 1 000 professionnels dans 60 pays et par des centaines de partenaires des secteurs publics et privés et des ONG dans le monde entier. Le siège de l’UICN est situé à Gland, près de Genève, en Suisse. L’UICN aide le monde à trouver des solutions à nos défis les plus urgents en matière d’environnement et de développement, en soutenant la recherche scientifique, en gérant des projets partout dans le monde, et en réunissant des gouvernements, les Nations unies, les conventions et les sociétés internationales afin de développer ensemble des politiques, des lois et de bonnes pratiques.
Quelques chiffres clefs
Dans la dernière édition de la Liste rouge mondiale (version 2022.1), sur les 147 517 espèces étudiées, 41 459 sont classées menacées. Parmi ces espèces, 41% des amphibiens, 13% des oiseaux et 27% des mammifères sont menacés d’extinction au niveau mondial. C’est également le cas pour 37% des requins et raies, 33% des coraux constructeurs de récifs et 34% des conifères.