Dans un communiqué émis la semaine dernière, la Préfecture de La Réunion indique que « les services de l’État ont engagé, en lieu et place de l’armateur du navire, les opérations nécessaires à la réduction ou la suppression du risque de pollution généré par l’épave du navire Tresta Star. »
En effet, devant l’absence de volonté des propriétaires du Testra Star qui avaient pourtant envoyé dans un premier temps à La Réunion le remorqueur Vasileos P, de la firme Polygreen, pour tenter de sauver le Tresta Star, le préfet de La Réunion a servi trois mises en demeure aux assureurs et à l’armateur du bateau qui sont restées jusqu’ici sans réponses. D’où la décision de prendre en main les opérations de contrôle de la potentielle pollution…
La priorité de la surveillance porte sur les hydrocarbures qui se trouvent encore dans les cales. Il s’agit de petites quantités de fuel — 3 à 5 mètres cubes — mélangées à de l’eau de mer. Depuis mercredi dernier 2 mars, les opérations de pompage ont donc repris sous la maîtrise d’ouvrage de l’État français. Les autres matières sensibles pour l’environnement comme les déchets électriques et électroniques et éléments de machine seront extraits à la suite, puis ce sera au tour des aménagements intérieurs.
Six entreprises réunionnaises sollicitées
Pas moins de six entreprises réunionnaises ont été commissionnées pour sécuriser les conditions de travail, apporter les équipements nécessaires sur le site, réaliser les pompages et assurer le transport des produits collectés vers la plate-forme de traitement dédiée. Les pompes du plan Polmar permettent de récupérer jusqu’à 30 m² de fuel par heure, mais ce qui limite les travaux, ce sont les cubis et la capacité de l’hélicoptère à les transporter. Depuis jeudi, les premiers cubis containers ont été extraits du Tresta Star, mais il demeure une difficulté technique majeure puisque le volume de chaque container est d’un mètre cube. Dans ces conditions, seuls deux cubis peuvent être transportés par rotation puisque les règles de l’aviation civile interdisent de transporter des conteneurs de plus de 500 kg.
Transport du fuel sur des sites dédiés
Une fois à terre, le fuel est séparé en deux. Du fuel lourd sera mis en cubis containers pour être hélitreuillé et transporté sur un site de déchets dangereux à Saint-André. Les eux souillées aux hydrocarbures seront aussi hélitreuillées et iront sur un autre site de traitement à Cambaie. Par ailleurs, le Champlain a été de nouveau mobilisé pour ces opérations. Il est positionné à proximité du Tresta Star depuis le 28 février avec à son bord du matériel antipollution et des experts de la Marine Nationale. Il se tient prêt à intervenir en cas de rejet d’hydrocarbure en mer. En parallèle, côté mer, les travaux de bathymétrie se poursuivent et la campagne d’évaluation du milieu naturel sous-marin se prépare.
Plus de 80 millions d’euros
Entre la dépollution et le découpage du Tresta Star, l’opération est estimée à plus de 80 millions d’euros. Pour rappel, pour des raisons de sécurité, l’accès au site du navire est interdit par voie terrestre comme maritime. Afin de ne pas entraver les opérations aériennes, le survol par drone est également interdit. Pour rappel, la mer démontée lors du passage au nord de La Réunion du cyclone intense Emnati ont eu raison de la coque du Tresta Star, éventrée sur une trentaine de mètres. Échoué sur le front d’une ancienne coulée volcanique, au sud-est de La Réunion depuis un mois, le pétrolier-souteur mauricien est désormais une épave.
11 marins sauvés
L’équipage en avait perdu le contrôle au large de Maurice à l’approche du cyclone Batsirai et le navire de 74 mètres, dont les soutes étaient heureusement vides, avait été drossé à la côte dans la nuit du 3 au 4 février dernier. Les 11 marins avaient été secourus le lendemain et dans un premier temps, le propriétaire du Tresta Star, une filiale mauricienne du groupe indien Shiny Shipping and Logistics, avait dépêché un remorqueur sur place et engagé des opérations de dépollution et de transferts de charges se trouvant sur le bateau.