La Mauritian Wildlife Foundation a tenu un point de presse hier à l’île-aux-Aigrettes pour le lancement d’une levée de fonds par SMS en vue de mener à bien ses ambitieux projets concernant cette réserve naturelle située à quelque 800 mètres au large des côtes du sud-est de Maurice. Reportage…
« L’île-aux-Aigrettes appartient aux Mauriciens. Si nous ne pouvons apporter de financement à ce qui est à nous, ce ne sont pas les autres qui le feront. » C’est ce qu’a déclaré Jean Hugues Gardienne, le Fund Raising Manager de la Mauritian Wildlife Foundation (MWF), à un point de presse hier à l’île-aux-Aigrettes pour le lancement de la campagne « Zis enn SMS » du 22 mai au 06 juin, se greffant ainsi sur deux événements : la Journée de la biodiversité, le 22 mai, et la Journée mondiale de l’environnement, le 5 juin.
« Nous avons voulu mener une campagne moderne auprès de la population. Pour apporter son soutien à la fondation, il suffit d’envoyer “MWF” au 8633. Chaque SMS coûtera Rs 10 », explique le Fund Raising Manager. Et de poursuivre : « Notre budget annuel nécessite quelque Rs 33 millions. Ce chiffre peut paraître exorbitant, mais le travail abattu sur l’île demande un financement conséquent pour la restaurer à son état naturel, pour la préservation des espèces endémiques menacées de la faune locale, les plantes exotiques à enlever, l’entretien et le salaire des employés. »
Cette campagne permettra à la MWF d’aller au bout de ses projets. « Chaque année, de grandes entreprises nous soutiennent financièrement. Les visites que nous organisons nous rapportent aussi de l’argent et le gouvernement contribue à un peu moins de 10 % de notre budget », souligne Jean Hugues Gardienne. « En autorisant l’accès de l’île-aux-Aigrettes au public, la fondation espère intégrer la population locale et les visiteurs internationaux à cette belle et noble action qu’elle entreprend sur l’île » dit-il encore.
Cet îlot calcaire tire son nom des oiseaux pêcheurs, de couleur blanche et aux longues pattes, les aigrettes, disparus dans les années 1600.
Une visite d’une demi-heure organisée à notre intention nous aura permis de découvrir le vert dense de la forêt de l’île, un lieu plein de charme où la maîtresse des lieux n’est autre que dame nature ! Grâce au guide de la MWF, nous avons fait connaissance des hôtes de l’île, une petite population composée d’espèces animale et végétale endémiques.
Accompagnés par les petits cris du Pink Pigeon, un lointain cousin du dodo, autrefois au bord de l’extinction, nous avons visité la pépinière où des milliers de jeunes plantes sont produites chaque année. Nous découvrons aussi le Ornate Day Gecko se délectant du nectar des boutons de fleurs, l’Aldabran Giant Tortoise, introduite pour remplacer les deux espèces de tortues qui vivaient sur l’île et aujourd’hui disparues, un canon, un ensemble de bâtiments anciens et de ruines, témoignant de la présence française et britannique sur l’île. « Nous avons des tortues vieilles de 150 ans », expliquent les guides. La végétation est aussi très intéressante. Nous avons pu découvrir un bois de reinette, dont les feuilles sentent la pomme (d’où le nom reinette), ou encore une espèce de palmier très rare. Un petit musée exposant des statues de bronze grandeur nature d’espèces disparues, dont le légendaire dodo, et une boutique de souvenirs sont implantés sur l’île.
L’île-aux-Aigrettes a été déclarée réserve naturelle en 1965. La MWF a obtenu en 1987 le contrat de location pour l’île. Un gardien y a par la suite été placé afin de mettre fin au braconnage massif de la forêt par la population locale et c’est peu après, qu’ont commencé les travaux de conservation sur l’île. Cette île sert maintenant de laboratoire extérieur pour la régénération et la conservation des espèces endémiques de la faune et la flore mauricienne et de ses territoires. « En 1985, la Mauritian Wildlife Foundation a mis en place un projet de restauration de l’île-aux-Aigrettes dans le but de rétablir cet habitat unique à son état naturel d’il y a 400 ans et la conservation des espèces indigènes de la faune et la flore mauricienne. L’objectif du projet était de supprimer toutes les plantes exotiques de l’île, de diffuser et replanter les espèces indigènes de la faune mauricienne, de réduire les musaraignes qui se nourrissent des graines de certaines plantes et des oeufs, de rétablir les espèces endémiques d’oiseaux et de reptiles de l’île Maurice », nous a expliqué un des guides.
En 1995, la MWF a opté pour la promotion de l’écotourisme comme moyen de sensibiliser le public à l’importance des revenus et des emplois et de contribuer au développement durable de Maurice et de Rodrigues. L’île-aux-Aigrettes apparaissant comme le lieu privilégié pour développer l’écotourisme, une infrastructure et un circuit ont été mis en place et l’île ouverte aux touristes en 1997. « Nous avons également pour objectif de montrer que la conservation de la biodiversité ne doit pas être une activité d’exclusion, mais doit permettre d’amener à un emploi, à une meilleure éducation pour le bien des communautés locales par le biais entre autres d’un tourisme durable et responsable. Nous proposons aussi avec les écoles des sorties éducatives pour que les jeunes prennent aussi conscience de notre travail et apprennent davantage sur l’île-aux-Aigrettes. Pendant les vacances, nous prenons aussi des étudiants en stage. Ils peuvent alors rester sur l’île une semaine et participer à nos travaux », a conclu Jean Hugues Gardienne.
ENVIRONNEMENT: “Zis enn SMS” pour l’île-aux-Aigrettes
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