Le passage du cyclone Belal en janvier de cette année a mis au grand jour la vulnérabilité des projets de restauration des coraux sur la côte Sud-Est. L’ONG Eco-Sud, engagée dans ce processus, dresse, aujourd’hui, un bilan de la situation après avoir perdu plus de 13 000 fragments dans cette région. Si la reprise a été encourageante, passant de 7 832 fragments sauvés en février 2024 à 15 020 en août 2024, des mesures doivent également être prises pour se préparer à affronter d’autres conditions climatiques défavorables.
En février de cette année, après le passage du cyclone Belal, Eco-Sud tirait la sonnette d’alarme sur le phénomène du blanchissement des coraux dans la région de Grand-Port et de Pointe-d’Esny. Une situation due à la sédimentation accrue causée par des pluies torrentielles associées au cyclone dans cette partie de l’île située entre mer et montagne. Là encore, il s’agissait de coraux qui avaient résisté à la violence des vagues. Dans les nurseries mises en place pour la restauration des coraux, le constat était d’autant plus affligeant. Des 21 169 fragments installés dans la région de Grand Port, il n’en restait que 7 832 !
Six mois plus tard, Eco-Sud dresse le bilan de ce qui a été entrepris depuis pour réparer les dégâts. Dans son Progress Report du mois d’août, l’ONG indique que la perte de plus de 13 000 fragments de coraux dans les pépinières représentait un recul à la fois sur le plan environnemental et financier. « Il fallait trouver les ressources nécessaires pour repeupler les nurseries et ainsi parvenir à atteindre nos objectifs initiaux », explique Eco-Sud. Ce projet de restauration, initié en 2021, après la marée noire du Wakashio, avec le soutien du Programme des Nations Unies pour le Développement, vise en effet à restaurer 1,6 hectare de récifs coralliens dans le parc marin de Blue Bay ; soit une transplantation de 80 000 fragments de coraux pour la régénération de l’habitat marin devenu critique.
À août 2024, l’équipe engagée dans ce projet, dont des habitants de la côte Sud-Est formés pour cela, a permis de rétablir la situation. Les nurseries comptent aujourd’hui, 15 020. Le nombre initial de 21 169 n’est pas encore atteint, mais un grand progrès a tout de même été enregistré. « Cela démontre la résilience et l’adaptabilité d’un tel projet. » Il reste maintenant à réussir la phase la plus critique du processus : la transplantation. Les fragments matures seront ainsi implantés sur des récifs préalablement identifiés, où ils pourront continuer à grandir.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Que faire maintenant pour éviter des épisodes similaires ? « L’impact du cyclone Belal a démontré la vulnérabilité de nos pépinières de coraux face aux conditions climatiques extrêmes. Il nous faut mettre en place de nouvelles stratégies pour atténuer les effets face au danger. » Outre la perte des fragments due aux fortes houles, à la sédimentation et à la salinité altérée, il faut aussi prévoir des structures plus solides pour les soutenir.
Eco-Sud a ainsi adopté quatre mesures proactives. En premier lieu, le protocole de suivi a été revu afin d’appliquer un « early warning system », permettant d’anticiper et de répondre rapidement aux conditions climatiques défavorables. Ensuite, la structure des nurseries a été renforcée, permettant de mieux résister aux courants et à la sédimentation.
L’équipe scientifique travaille également à identifier les sites les moins vulnérables aux conditions extrêmes en vue de nouvelles pépinières et pour la transplantation. Finalement, l’accent sera mis sur les espèces de coraux qui ont démontré le plus de résilience aux facteurs de stress environnementaux. Ce qui augmentera les chances de survie, tout en donnant la possibilité d’améliorer la biodiversité et la stabilité dans la restauration des récifs coralliens.
Sensibilisation
Eco-Sud participe au projet pilote Sandwatch initié par la Commission de l’océan Indien pour la sensibilisation des étudiants à l’environnement côtier. Il convient d’engager les étudiants et les enseignants des communautés locales dans l’observation scientifique des plages. Eco-Sud est ainsi intervenu auprès des élèves des collèges Hamilton (Boys) et Lorette de Mahébourg. Les sessions de formation se sont tenues sur les plages de La Cambuse et de Blue-Bay. Il était question d’identifier et d’évaluer les menaces, tout en développant des approches durables pour y faire face.