Environnement — Malgré Garance : Les pêcheurs à la senne retournent en mer

Comme chaque année, le 1er mars a marqué l’ouverture de la pêche à la senne. En raison des effets du cyclone Garance encore dans les parages, cet événement a été quelque peu perturbé. Les pêcheurs de Mahébourg n’ont toutefois pas manqué à la tradition et ont réalisé leurs premières prises de la saison. Au total, 14 grandes sennes et cinq filets maillants sont utilisés pour cette saison.

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La pêche à la senne a démarré dans le lagon. Cette technique traditionnelle demeure très présente à Maurice, en dépit des critiques sur les effets néfastes à l’environnement marin. Samedi dernier, les pêcheurs de Mahébourg ont pu sortir en mer pour leur première journée de pêche. Ce qui n’était pas le cas pour tous, en raison des conditions cycloniques dans la région.

Patrick Fortuno, secrétaire de l’Apostolat de la mer et responsable de la liaison avec les pêcheurs, confirme que14 grandes sennes et cinq filets maillants au total seront utilisés par les pêcheries pour la présente saison. Officiellement, il y a 86 pêcheurs à la senne enregistrés. Mais en réalité, il y a environ 250 personnes engagées dans ce type de pêche chaque année. Car il faut aussi du soutien pour manier les filets. « Les grandes pêcheries ont au minimum, trois bateaux, avec cinq pêcheurs chacun », dit-il.

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À ce jour, les prises sont plutôt moyennes pour la saison 2025, car la mer est encore houleuse. À Mahébourg, le premier jour, une prise de 500 livres en moyenne a été enregistrée par chacune des trois équipes engagées. Pour les pêcheurs, c’est toujours mieux que rien. Car cela fait plusieurs mois qu’ils attendent ce moment précis. À la fermeture de la saison, le 30 septembre, ils devront mettre leurs sennes sous scellés dans les Fisheries Posts, en attendant la prochaine saison.

Avec les conditions climatiques défavorables, les autorités accorderont toutefois un délai d’une quinzaine de jours, jusqu’à la mi-octobre, afin de permettre aux pêcheurs de rattraper le manque à gagner. Pendant la fermeture de la saison, les pêcheurs à la senne dûment enregistrés pour ce type de pêche, auront droit à une allocation équivalente au montant de la Bad Weather Allowance, soit Rs 800 par jour. Les week-ends et jours fériés ne sont pas rémunérés.

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La pêche à la senne est appelée à disparaître. Le gouvernement a d’ailleurs un projet de compensation pour les pêcheurs qui abandonneraient cette pratique. Cependant, beaucoup y sont encore attachés. L’ancien gouvernement avait pris la décision de transférer la pêche à la senne hors du lagon. Toutefois, selon les pêcheurs, cela ne se révèle pas pratique pour tout le monde. Selon Patrick Fortuno, la pêche à la senne est très physique et hors du lagon, cela demanderait plus d’efforts. Pour les pêcheurs âgés, cela risque d’être compliqué. Ensuite, il y a certaines régions, comme dans le Sud-Est, où la mer est généralement houleuse.

Toujours est-il, poursuit le secrétaire de l’Apostolat de la mer, que les pêcheurs concernés ont eu des réunions de travail avec le ministre délégué à la Pêche, Fabrice David, en vue de réorganiser ce type de pêche. Les pourparlers se poursuivent. Un autre défi qui guette ce secteur est le manque de main-d’œuvre qualifiée, car les autorités n’octroient plus de carte pour ce type de pêche.

La pêche à la senne est, en effet, une question de technique. D’abord, il faut savoir surveiller la marée. Car tout est organisé en fonction de la marée. Ensuite, il faut savoir où jeter sa senne, comme encercler le poisson et relever la senne, sans perdre ses prises. Il y a deux types de filets utilisés par les pêcheurs.

Les grandes sennes mesurent 500 mètres et incluent ce qui est communément appelé lasenn kanar. Ceux-ci sont utilisés pour attraper des mulets. Ils sont surmontés de morceaux de bambous qui permettent au filet de flotter, une fois qu’ils sont posés en mer. Les pêcheurs se lancent ensuite dans une ronde et frappent leurs pirogues avec des morceaux de bois. Les mulets, réagissant au bruit, bondissent alors de l’eau, pour atterrir dans la senne. C’est ce qui constitue le folklore de ce type de pêche.

L’autre modèle de filet : les filets maillants ou gillnets. Longs de 250m, ils sont généralement posés la nuit et récupérés le matin. Là également, c’est une question de technique. Il faut savoir où jeter sa senne, comment encercler le poisson et relever la senne sans perdre ses prises.

Une autre partie du folklore, c’est l’arrivée des pêcheurs au débarcadère, avec la pesée et les banians, venant négocier les prix.

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