Préserver les zones humides et gérer durablement les eaux pluviales
Pointe-d’Esny Le Village a lancé officiellement le système Triton en association avec Sunref Maurice, de l’Agence française de Développement (AFD), le groupe MCB et Business Mauritius. Le système Triton est une innovation mettant l’accent sur la protection des zones humides côtières et la gestion des eaux pluviales. Cette technologie, centrée sur un réseau de bassins de rétention, permet le captage et la filtration, et ensuite une percolation lente des eaux pluviales vers les zones humides. Cette approche permet non seulement de réguler le flux des eaux pluviales, mais également de les épurer avant qu’elles ne regagnent les zones humides et, plus tard, le lagon.
Ce projet démontre comment le programme Sunref Maurice, la ligne de crédit verte de 85 millions d’euros – soit plus de Rs 4 milliards – déployée par l’AFD, contribue à accroître la résilience du pays face à l’urgence climatique. Par le biais de la ligne de crédit octroyée à la MCB par Sunref Maurice, GBV a donc investi dans une technologie adaptée et innovante pour accroître la résilience de ses activités dans un contexte écologique incertain.
Pour mieux comprendre la portée de cet investissement, une visite a été organisée en présence des représentants de l’ambassade de France, de l’AFD, la délégation de l’Union européenne, de la MCB et de Business Mauritius. La directrice de l’AFD Maurice, Laëtitia Habchi, a rappelé que le naufrage du Wakashio a mis en lumière l’écosystème délicat de Maurice, et a parlé de zones humides soumises à la pression du tourisme.
Elle avance que Maurice est fortement exposée au changement climatique, avec divers défis à relever, dont la gestion des ressources en eau, qui se raréfient. Aussi elle se dit heureuse de voir la France, via l’AFD, participer au financement Triton de Pointe-D’Esny, pour un montant de Rs 1,2 million d’euros, « afin de faire naître un projet qui illustre une maîtrise parfaite de la gestion de l’eau de pluie sur un magnifique site faisant l’objet d’un développement immobilier de grande ampleur ».
Pour ce projet de développement, qui inclura des espaces résidentiels et commerciaux, et dont la première phase devrait occuper une superficie de 12 hectares dans le sud-est de l’île, la gestion des eaux pluviales est tout simplement une nécessité. Pour cause : il se trouve au centre d’un système de zones humides côtières s’étendant sur 36 hectares. Cet écosystème, décrété Environmentally Sensitive Area (ESA) par le gouvernement, régule le flux de l’eau entre le lagon et le littoral.
Afin de minimiser l’impact sur les zones humides situées sur le site de Pointe d’Esny Le Village, qui jusqu’à récemment était sous culture de canne, et s’assurer que ces zones humides puissent continuer à fonctionner de manière optimale, le système Triton est axé sur un réseau de bassins de rétention permettant de capter et filtrer l’eau de pluie, et une percolation lente de celle-ci vers les zones humides.
Comme l’affirme à juste titre l’ambassadeur de l’Union européenne à Maurice, Oskar Benedikt : « la vulnérabilité grandissante de Maurice face aux inondations nécessite des solutions adaptées. Je me réjouis que le Groupe Beau Vallon ait saisi l’opportunité offerte par le programme Sunref Maurice auquel l’Union européenne contribue pour la partie subvention aux côtés de l’AFD et des banques mauriciennes, pour intégrer des techniques d’adaptation au changement climatique dans la conception de son projet foncier situé sur une zone vulnérable aux inondations. »
Il ajoute que ces techniques contribueront à la bonne gestion des eaux pluviales et, ainsi, à la réduction des inondations dans la zone du projet. « Cette démarche est un exemple de restauration et de protection des zones environnementales sensibles et de mise en valeur et de protection du patrimoine naturel. Dans le cadre de développement foncier dans des zones naturelles décrétées sensibles (ESAs) il est essentiel de développer une approche qui respecte la nature et les zones vulnérables. »
Les zones inondables se multiplient
Dave Khelawon, Senior Relationship Manager de la MCB, met l’accent sur la nécessité de mobiliser tous les acteurs de la société contre la crise climatique. Il a parlé de développement ambitieux et innovateur pour Pointe-d’Esny Le Village, niché au milieu d’un écosystème d’une supeficie de 36 hectares. « Ce projet d’envergure met en exergue l’intention du GBV d’œuvrer en faveur de l’adaptation et de l’atténuation du changement climatique, et rejoint en tout point la volonté de la MCB de soutenir, d’accompagner et de jouer pleinement son rôle en ce qui s’agit de ce problème, qui impacte non seulement Maurice, mais toute la planète. Le changement climatique doit être l’affaire de tous. »
GVB s’est également engagée à restaurer les zones tampons entourant les Wetlands en y réintroduisant des variétés de plantes indigènes et en y limitant les activités anthropiques. Ce projet d’adaptation au changement climatique s’articule donc autour d’une technologie éprouvée dans une logique de réduction des risques et de protection de l’environnement.
Le Chief Executive Officer (CEO) de GBV, Thierry Merven, remercie les partenaires du projet. Il explique la logique derrière l’engagement du groupe en faveur de l’adaptation au changement climatique : « Nous avions un projet, utiliser une zone humide – une série d’étangs naturels –, pour en faire le cœur d’un projet afin de remettre en valeur cette zone humide dégradée et de l’intégrer au mieux au projet, et en imaginant cela, nous créons le premier projet de ce type qui voit le jour à Maurice. »
Le défi était justement d’arriver à préserver intégralement cette zone, tout en édifiant tout autour un projet de village balnéaire, a-t-il poursuivi. Dans le passé, les mares étaient comblées pour accommoder des constructions, autrefois pour combattre la malaria et, plus récemment, « par convoitise, pour gagner du foncier ». Pourtant, le passage des eaux de ruissellement à travers les wetlands est un passage obligé permettant à ces eaux de ruissellement d’arriver plus propres dans les lagons, et ainsi ne pas endommager les écosystèmes du lagon.
« De notre côté, nous voulons utiliser ces zones humides comme un atout majeur pour notre projet. Ce n’est pas une zone à combler, mais le cœur véritable de notre développement », ajoute Thierry Merven. « De plus, ces zones humides abritent une faune et une flore particulière, et ont une valeur esthétique et paysagère qu’on oublie souvent », explique-t-il.
Pas moins de 1 500 arbres, arbustes et plantes endémiques ont déjà été replantés sur la zone, avec l’objectif d’en planter 7 000 à terme. Une fois que la végétation endémique aura atteint une certaine maturité, GBV compte réintroduire progressivement des oiseaux et reptiles endémiques. « Nous voulons vraiment recréer la biodiversité propre à ce site. »