Enseignement tertiaire : l’UoM assure le lien entre l’académie et le monde du travail

Beaucoup de possibilités d’emploi mais peu de qualifiés à l’arrivée

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À en voir le nombre de compagnies présentes à l’Industry Recruitment, qui se tient en ce moment à Réduit, et offrant des emplois dans plusieurs secteurs, notamment celui des services financiers ou dans les TIC, on pourrait croire qu’il est difficile que les jeunes ne trouvent pas de débouchés. En dépit d’une abondance de postes vacants, le taux de chômage chez les jeunes était de 27,7% en 2021. Les jeunes sont certes qualifiés, mais des manquements sont toujours très présents pour qu’ils soient dénichés facilement. Pour répondre à l’absence des compétences nécessaires, les entreprises investissent pour proposer des formations spécifiques et pointues afin de former les nouvelles recrues et qu’elles soient aptes au travail, atténuant dans une certaine mesure le phénomène de Mismatch professionnel.

En vue d’aider ses étudiants à trouver des emplois rapidement après leurs études, l’Université de Maurice organise l’Industry Recruitment à l’auditorium Octave Wiehe, à Réduit. L’ouverture s’est déroulée mercredi matin et l’événement réunit plusieurs compagnies dans divers secteurs, bien que venant principalement dans les services financiers et l’informatique.

Face à un manque accru de compétences, Nicolas Le Maire, Learning Manager chez FRCI, a tenu à être présent avec son équipe pour expliquer aux jeunes les différents postes vacants disponibles. « Nous sommes en manque de développeurs. Nous avons une grande pénurie de main-d’œuvre à Maurice et de gens qualifiés », dit-il.

Malgré le nombre d’étudiants qui sortent de l’université, il note que ces derniers n’ont pas les compétences voulues pour pouvoir commencer à travailler. « Pratiquement toutes les boîtes reforment ces étudiants. Je pense qu’il y a un Mismatch entre ce qu’ils apprennent et la réalité du marché », poursuit-il.

La FRCI, dit-il, se voit aussi obligée de former à nouveau ces jeunes. Et lorsque les compétences ne sont pas obtenues à Maurice, il faut alors se tourner vers les étrangers. Ce problème, dit-il, est aussi ressenti par d’autres compagnies. « Nous sommes devenus à Maurice un BPO Centre où les gens travaillent à la chaîne. Dès qu’on recherche des gens qualifiés, c’est difficile », avoue-t-il. Pour que la FRCI arrive à poursuivre correctement avec ses activités, les anciens employés qui ont migré à l’étranger travaillent toujours.

Si elle n’arrive pas à trouver les compétences, elle accorde la formation, mais d’autres choses comptent aussi, comme l’attitude. Ainsi déplore-t-il que certains jeunes cherchent de grosses sommes d’argent dès qu’ils commencent un travail, au lieu d’acquérir d’abord de l’expérience. « C’est très difficile de trouver la compétence technique et la bonne attitude », dit-il. Ajoutant qu’un jeune diplômé pense avoir le poste de manager tout de suite, alors qu’il n’a pas les compétences. « Nous avons des difficultés à faire comprendre cela aux jeunes. Souvent, lorsque nous les formons, ils nous quittent pour quelques sous de plus avant d’avoir acquis de l’expérience », concède-t-il, tout en notant que trop de jeunes n’ont pas la notion de carrière.

La compagnie FRCI existe depuis 30 ans. Elle est considérée comme la doyenne dans le secteur informatique de Maurice et opère cinq pôles, soit : logiciel et hardware, développement d’applications, infrastructures et sécurité, développement d’applications Web et formation. La compagnie opère avec beaucoup de groupes mauriciens et africains. En ce moment, la FRCI compte 80 employés, dont moins de 10% sont des étrangers.

La compagnie CFAO, représentée par Adithya Beeharry, Infrastructures Manager, est en quête de jeunes, diplômés ou non, pour des postes de System Administrator et IT Analyst dans son département Services. « On cherche des gens qui ont un background en réseau et sécurité, et des étudiants qui ont une certification Microsoft. Ce sera une équipe qui travaillera 24/7. Elle travaillera avec les clients en interne en effectuant de la supervision, trouver des solutions aux problèmes et d’autres systèmes », dit-il.

La raison d’être à cet événement, ajoute-t-il, est de trouver des jeunes qui puissent s’intégrer dans la compagnie avec ces compétences. Mais trouver ces jeunes pour y travailler rapidement n’est pas chose facile. Toutefois, pour le responsable, la compagnie a déjà préparé un plan de formation pour que les jeunes recrutés puissent disposer des bonnes compétences et ainsi répondre aux besoins du département. « Nous avons un plan de formation qui s’étale sur un mois pour qu’ils soient autonomes dans leur travail », dit-il.
Il ajoute que la compagnie n’a aucun problème à recruter un nouveau diplômé sans expérience. Le responsable avance qu’il ne remarque pas vraiment un manque de talents à Maurice, mais que la concurrence qui existe entre les compétiteurs rend le marché difficile. « Certaines fois, les jeunes cherchent des compagnies plus connues par rapport aux petites », poursuit-il.

Le département de CFAO Services a démarré en 2019. Les activités du département sont, entre autres, la gestion des réseaux, les serveurs et le Cloud. Le responsable avoue que ce segment de CFAO n’est pas très connu. À ce jour, la compagnie comprend 17 employés. Elle recrutera trois personnes bientôt.

Dhandevy Jeetun-Hurkoo, Client Relationship Senior Manager chez Intercontinental Trust Ltd, qui représente cette compagnie, parle avec tous les jeunes qui l’approchent. « Nous sommes à la recherche de talents. Il n’y a pas lieu qu’on soit spécialisé dans un quelconque domaine. Nous offrons plusieurs opportunités de travail. Nous offrons la possibilité aussi aux jeunes de faire des stages chez nous », dit-elle.

Depuis qu’elle est devant le stand de la compagnie, elle soutient que les formulaires remplis concernent plutôt les jeunes qui sont à la recherche d’un stage. Mais pour cette manager, lorsque les jeunes sont recrutés, on leur enseigne les valeurs et les politiques de la compagnie avant qu’ils puissent commencer à travailler. « Je note qu’aujourd’hui, les jeunes ne sont pas trop à la recherche d’argent, mais veulent faire ce qu’ils aiment. Il ne faut pas trop mettre de pression sur eux, mais connaître leur personnalité », dit-elle.

Elle ajoute que sa compagnie s’adapte aux différentes générations qui y travaillent. Cependant, face à un manque de compétences pour des activités spécialisées, la compagnie doit faire appel à des étrangers. Même si l’entreprise essaie de palier ce manque de compétences en dispensant des formations aux Mauriciens, dit-elle.

La compagnie, fait-elle aussi ressortir, est également à la recherche de jeune voulant changer de carrière. « On n’a pas besoin d’avoir une qualification en finances. Nous pouvons former la personne grâce à nos talents en interne pour qu’elles puissent travailler. Nous offrons tout le soutien pour que les jeunes puissent avoir un avenir », dit-elle. Dhandevy Jeetun-Hurkoo dit pouvoir témoigner du nombre de personnes qui ont changé de carrière. Beaucoup d’entre elles apprennent vite et sont motivées à vouloir faire carrière dans un domaine différent, explique-t-elle.

Pour aider les jeunes à intégrer la compagnie, elle avance qu’un système hybride a été mis sur pied. Les employés, ajoute-t-elle, peuvent travailler chez eux comme au bureau. La compagnie, créée en 1999, opère dans les services financiers et compte 250 employés. Selon elle, l’aspect social est aussi un aspect crucial pour la compagnie.

La compagnie IQ-EQ, également présente, est pour sa part à la recherche de compétences spécifiques, étant donné qu’elle opère dans des segments de haut niveau. Youshrine Kadir Buccus, Head of Human Resources, recrute « massivement » des comptables, des administrateurs et des personnes dans le domaine de la “compliance”. « Nous nous focalisons sur le développement de nos jeunes. Nous sommes sur un marché niche et nous offrons de la formation aux jeunes diplômés, même s’ils ne sont pas les compétences que nous cherchons », dit-elle. Le but, pour elle, est que ces jeunes travaillent longtemps dans la compagnie. Les activités étant grandissantes, plus de 50 postes seront remplis, affirme-t-elle.

Si trouver les compétences appropriées n’est pas impossible, cela reste toutefois assez compliqué, note-t-elle encore. De ce fait, la compagnie offre elle aussi des formations. D’autant que certains jeunes optent pour un changement de carrière, et c’est ainsi que plusieurs d’entre eux, bien que n’ayant pas de diplôme dans le domaine de la finance, se sont intégrés.

Chez Infomil Mauritius Ltd, société engagée dans les TIC, et dont le siège social se trouve en France, l’on explique rechercher les diplômés mauriciens pour remplir plus de 100 postes vacants. « Nous sommes à la recherche de gens ayant un diplôme pour différents postes. C’est un peu difficile de trouver les bonnes compétences, surtout après le Covid-19. Le marché est un peu critique, mais nous encourageons les jeunes à venir travailler chez nous », soutient Darshnee Callychurn Seewoosunkur, Human Resource Executive chez Infomil.

Devant elle se trouvent plusieurs formulaires de jeunes déjà remplis. Une fois l’événement terminé, elle compilera un dossier et les personnes ayant rempli leur formulaire seront contactées. La compagnie, dit-elle, « reste en contact avec les jeunes jusqu’à la fin de leurs études ». En ce moment, la société compte plus de 200 employés. Infomil Mauritius existe depuis 17 ans et compte quitter ses locaux d’Ébène pour Moka.

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