En cour industrielle : Harcèlement moral et verbal par un haut gradé de banque

Entre autres exemples, un « Tu pisses sur moi » lancé en réunion officielle à une femme cadre supérieure de cette institution bancaire

Une ancienne haute responsable d’Afrasia Bank a engagé une action en justice devant la Cour industrielle de Maurice, réclamant plus de Rs 37,5 millions pour licenciement abusif, rétrogradation injustifiée et harcèlement moral et verbal. Après 15 années de service exemplaire, elle affirme avoir été poussée à la démission dans un climat professionnel toxique.

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Recrutée en 2007 comme responsable du marketing, la plaignante a gravi les échelons jusqu’au poste de Chief Marketing Officer (CMO). En mars 2023, elle est brutalement rétrogradée, une décision qu’elle attribue aux représailles subies après la gestion controversée d’un communiqué annonçant la supposée démission du Chief Executive Officer (CEO) de l’époque. Elle explique que le Chief Financial Officer (CFO), également membre du conseil d’administration, lui avait demandé de publier ce communiqué, validé par le président du conseil. Toutefois, le CEO a par la suite nié publiquement son départ, créant un malaise médiatique et faisant d’elle un bouc émissaire.

Une atmosphère toxique et des propos humiliants
Dès lors, elle décrit une véritable campagne de harcèlement menée par le CEO par intérim, le CFO et le Chief Technology and Operations Officer (CTOO). Elle rapporte des humiliations publiques, des remises en cause infondées, un traitement différencié par rapport à ses collègues masculins et des pressions constantes.

L’un des épisodes les plus marquants s’est déroulé lors d’une réunion interne, où le CEO par intérim aurait publiquement lancé : « Tu pisses sur moi », une phrase dégradante qui aurait profondément choqué l’assistance, et nui à son autorité et intégrité.
Une rétrogradation injustifiée et un licenciement déguisé
La plaignante souligne également que ses signalements de conflits d’intérêts, de non-respect des règles internes et d’atteintes à la confidentialité bancaire ont été systématiquement ignorés ou retournés contre elle.

Le 1er mars 2023, elle est convoquée à une réunion en présence du responsable des ressources humaines et du CEO par intérim, où on lui annonce qu’elle est rétrogradée au poste de Head of Marketing, désormais rattachée au Chief Commercial Officer (CCO). Elle perd ainsi son statut d’exécutive et se retrouve reléguée au rang de management, sans consultation préalable ni justification valable.

Estimant cette décision illégitime et en violation de son contrat, elle engage des démarches pour faire valoir ses droits, sans succès. Le 20 mars 2023, elle notifie officiellement à la banque qu’elle considère son contrat comme rompu du fait de l’employeur, dénonçant un licenciement déguisé après neuf mois de harcèlement moral et verbal.
L’affaire est depuis jeudi dernier entre les mains de la Cour industrielle et sera entendue le 28 juillet. Elle pourrait marquer la cause en matière de conditions de travail et de protection contre le harcèlement moral dans le secteur bancaire mauricien.

Désormais entre les mains de la Cour industrielle, cette affaire, qui a été appelée vendredi dernier et renvoyée au 28 juillet, pourrait faire aussi jurisprudence pour les conditions de travail des femmes cadres dans les arcanes de direction de banques ou toute autre grande entreprise où le harcèlement dépasse souvent les qualificatifs de moral ou verbal…

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