Emportées par le Covid-19 à L’ENT : destins tragiques pour une mère et sa fille

Après sa mère, Lovna Jokhonah, 34 ans, est le deuxième membre de sa famille qui a succombé des suites du Covid-19. La jeune femme est décédée à l’hôpital ENT en novembre.

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Lovna Jokhonah, une habitante de La Flora, était une figure populaire au marché de Rose-Belle où elle était maraîchère. En mars dernier, elle témoignait dans les médias et n’avait pas mâché ses mots pour déplorer les conditions dans lesquelles sa mère avait été incinérée peu après son décès à l’hôpital ENT.

Sa mère, Chundunnee Jokhonah, avait 52 ans quand elle avait été contaminée au Covid-19. Son hospitalisation à la clinique où elle travaillait à ce moment-là ainsi que son admission à l’hôpital de Vacoas avaient été grandement médiatisées, car le pays touché par la deuxième vague était à ce moment-là en confinement. En quarantaine avec ses proches, Lovna Jokhonah n’a pu voir le visage de sa mère, avec qui elle était très proche, une dernière fois avant son incinération. Son témoignage avait ému le pays, d’autant qu’elle était remontée contre les conditions d’hygiène à l’hôpital.

« Je n’ai pas de mot pour décrire la souffrance que j’ai ressentie. Mo ankor pe soufer, mo gagn boukou sagrin, boukou douler », nous confiait la jeune femme en septembre dernier. Déchirée entre le deuil qu’elle ne parvenait à faire et la colère, elle témoignait sur le drame de la séparation due au Covid-19. Elle lançait un appel en direction du Premier ministre, Pravind Jugnauth : « Ou enn Premie minis, ou kouma dir enn papa pou lepep. Enn papa pa kapav galoup derier kas. Get kouma dimounn pe mor ! Met enn lockdown total. » Et confiait ne plus croire en Dieu depuis le départ de sa mère, car celui-ci n’avait pas entendu ses supplications pour la sauver.

Doublement vaccinée

Depuis son décès, le téléphone de Lovna Jokhonah continue de sonner. C’est son père, Raj Jokhonah, qui répond. Et à chaque fois que son interlocuteur pense pouvoir parler à la jeune femme ou s’étonne d’entendre une voix masculine au bout de la ligne, il doit annoncer la triste nouvelle. Sa fille aînée était très présente dans sa vie et celle de ses deux autres enfants. Elle se rendait chez eux tous les jours pour s’occuper de la maison et passer du temps avec eux. « Elle était doublement vaccinée », raconte le père affligé. Mais Lovna Jokhonah avait des soucis de santé. « Li ti pe gagn problem ek so brons depi plis ki enn an », dit Raj Jokhonah. Elle était aussi diabétique. Testée positive, son état avait commencé à se détériorer.

« Elle avait du mal à respirer, le SAMU est venu la chercher pour la transporter à l’hôpital de Rose-Belle. Quand elle a eu de l’oxygène, elle s’est sentie bien mieux. Mais peu de temps après, ils ont dû la faire admettre à ENT. On a quand même pu lui parler, mais ça n’allait plus. Elle nous disait qu’elle n’était pas bien. Elle est décédée peu après », confie le frère de Lovna Jokhonah. Cette dernière est décédée le 12 novembre, deux jours avant ses 35 ans. Figure populaire au marché de Rose-Belle, Lovna Jokhonah avait la communication facile, pour le plus grand plaisir des habitués des lieux.

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