Élections municipales J-20 : Mobiliser les électeurs, tentés par l’abstention, l’une des clés du scrutin

  • Opération porte-à-porte à grande échelle pour l’Alliance du Changement
  • L’opposition table sur « la fin de l’effet Wow des 60 zéros » pour convaincre l’électorat

20 jours de campagne. C’est le peu de temps qui reste aux 404 candidats qui sont dans les starting-blocks des prochaines élections municipales. Le but de cette campagne ou la clé du scrutin est de se faire connaître auprès des électeurs et convaincre ceux qui seraient tentés par l’abstention de voter pour soi. Si les réseaux sociaux ont en partie changé la donne, les moyens traditionnels, comme les réunions publiques et le tractage, demeurent incontournables. Disposant d’un budget et d’une structure ad hoc, l’Alliance du Changement se démarque à ce jeu, déployant une opération de porte-à-porte à grande échelle, mais ses concurrents, à l’instar d’En Avan Moris (EAM) et le ML, ne sont pas en reste. D’aucuns tablent sur « la fin de l’effet Wow, célébrant les 60 zéros de décembre » pour convaincre l’électorat.

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Auréolée de sa victoire aux dernières législatives, les activistes et candidats de l’Alliance du Changement se gardent toutefois de tout excès de confiance. L’enjeu de la politique municipale est la proximité et le porte-à-porte apparaît comme un moyen parfaitement adapté pour convaincre les derniers hésitants. Histoire de ratisser large dans les cinq villes, certains députés, à l’instar d’Arvin Boolell, Sydney Pierre, Kushal Lobine et Rajesh Bhagwan prêtent main-forte aux candidats. L’ex-conseiller du PMSD à Curepipe, Julien Permal, qui a rejoint les rangs des Nouveaux Démocrates (ND), sera candidat sous la bannière de l’Alliance du Changement dans le Ward 3 de Curepipe, en compagnie d’un candidat du MMM et deux du PTr. « Il y a une bonne cohésion et entente entre les quatre partis. Cette perspective enchante les habitants du Ward qui, contrairement à ce que veulent faire croire certaines mauvaises langues, sont satisfaits du bilan du gouvernement », souligne Julien Permal.

Le spectre de l’abstention qui plane sur ce scrutin demeure-t-il une source d’inquiétude ? « La seule chose qui pourrait faire pencher la balance en faveur de ce scénario demeure le fait que beaucoup de gens pensent que la large victoire qui se profile est déjà acquise. Je dis aux gens qui ont vu la ville se décliner durant ces 10 dernières années que le Parlement constitue un objectif à long terme pour nos jeunes candidats. En votant massivement pour nous, la ville retrouvera ses lettres de noblesse et une nouvelle dynamique », souligne Julien Permal.

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Belcourt et Diolle affichent la confiance

Quid du ML ? Le maire sortant des villes sœurs et candidat dans le Ward 4, David Utile, arpente le terrain en compagnie de ses trois colistiers, avec la ferme intention de défendre son bilan. « Les épisodes de porte-à-porte se passe très bien. Au-delà de nos espérances. Il est clair que les citadins ont vite déchanté face aux fausses promesses du gouvernement central. Je ne compte plus le nombre de personnes qui m’ont montré leurs factures d’électricité qui ont doublé depuis quatre mois alors qu’on leur avait promis une baisse lors des législatives. En tant que fer de lance, je pense avoir convaincu un bon nombre d’entre eux de refuser l’abstention à ces élections municipales en votant pour nous, soit la continuité du travail que le ML a accompli pour la ville », confie David Utile.

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Contrairement à l’ancien maire de Beau-Bassin/Rose-Hill, le leader d’EAM, Patrick Belcourt, candidat dans le Ward 2 de villes sœurs, ne croit pas en une forte abstention de l’électorat à cette joute : « Cette thèse est relayée par ceux qui savent pertinemment que c’est tout le contraire qui se produira. Les votants enverront un signal fort en rejetant les partis qui se sont succédé au conseil durant ces 30 dernières années. » Patrick Belcourt en veut pour preuve, l’« accueil chaleureux qu’on reçoit lors de séances de porte-à-porte. De tous les partis, on est les seuls à occuper le terrain depuis des lustres et avoir présenté un manifeste pour la ville. On a orchestré des campagnes de stérilisation, trouvé des sponsors pour les sportifs. Les gens le savent et nous le rendront. »

Après avoir claqué la porte du MPM pour créer un nouveau parti, Repiblik Sitwayen, Tania Diolle ne passe pas par quatre chemins en soutenant qu « on n’est pas là pour faire de la figuration. L’objectif est d’élire nos 20 candidats, dont les 19 prétendants à Quatre-Bornes. » Tout en se disant « fière d’être le seul parti à aligner un record de 63% de femmes à cette joute », Tania Diolle affirme qu’« il ne sera pas difficile de convaincre ceux et celles qui seraient tentés de ne pas se rendre aux urnes, d’une part, parce qu’ils connaissent mon bilan, en sachant que mes candidats sont tout aussi capables, et d’autre part, parce que les électeurs sont extrêmement déçus par les promesses non tenues de l’Alliance du Changement. »

Même son de cloche du côté de Linion Moris. « Les réjouissances ont fondu comme neige depuis la victoire de l’Alliance du Changement. C’est ce qui ressort de nos séances de porte-à-porte. Les citadins appréhendent déjà les mesures de redressement en espérant qu’elles soient fructueuses à long terme pour leur pouvoir d’achat. Le fait que la campagne tombe en plein carême complique les choses. Nous donnerons un coup d’accélérateur à notre campagne après le dimanche de pâques », confie Didier Michel, leader des Verts Fraternels et candidat de Linion Moris au Ward 2 des villes sœurs.

Présentation des 81 candidats du Reform Party – Roshi Bhadain : « C’est l’occasion de rectifier le tir »

Après la présentation des 120 candidats de l’Alliance du Changement dimanche dernier, c’était au tour du Reform Party d’en faire de même, hier, avec 81 candidats qui participeront à cette échéance dans les cinq villes du pays. « Le Reform Party jouera un rôle d’équilibre et de contre-pouvoir. Il est important de voter pour nos candidats afin d’apporter un véritable changement », a soutenu Roshi Bhadain.

Le colistier de Roshi Bhadain dans la circonscription No 20, Ryad Subratty, figure parmi les 81 candidats. Il est aligné dans le Ward 5 des villes sœurs. Le leader du Reform Party est d’avis qu’ « une victoire écrasante d’un seul camp aux élections municipales pourrait faire basculer le pays dans un régime totalitaire. C’est l’occasion de rectifier le tir et d’éviter que tout le pouvoir ne soit concentré entre les mains d’une seule personne ». Roshi Bhadain est également revenu sur « les promesses électorales non tenues du gouvernement en place. » Il souligne qu’ « apre 5 mwa, pri dan laboutik ankor pe monte, lesans inn res parey ».

Vré ML —Anil Gayan : « Le ML a été empoisonné parle virus de l’arrogance et de la dictature ! »

« Aucun candidat de l’Alliance du Changement ne doit être élu, car cela favoriserait un système totalitaire. » Propos du leader du Vré Mouvement Libérateur (Vré ML), Anil Gayan, qui a présenté les grandes lignes du programme de son parti pour la ville de Beau-Bassin/Rose-Hill en vue des élections municipales. Il était entouré des 11 candidats que le parti aligne pour ce scrutin, dont deux ex-membres du MSM, l’ex-député Alain Aliphon et Alain Cerveaux, ex-conseiller, qui seront ses colistiers au Ward 6.

Pourquoi avoir créé le Vré ML ? La question est sur toutes les lèvres. Anil Gayan souligne que « ce parti a été créé parce que le ML, sous le leadership d’Ivan Collendavelloo, a été empoisonné par le virus de l’arrogance et de la dictature. Zot depli ena okenn dignite ek lamour prop. Ivan Collendavelloo a tout fait pour éloigner les membres fondateurs du parti. Li panse li mem proprieter parti-la. » Anil Gayan n’a visiblement pas digéré la révocation d’Ivan Collendavelloo comme Premier ministre adjoint par Pravind Jugnauth : « C’est une honte ! Linn kontinie soutenir sa boug-le. Le ML qui a été formé en 2014 avait un grand destin. Ce rêve a volé en éclat. »

Contacté pour donner son avis sur la création de cette dissidence du ML, ainsi que sur les déclarations sans équivoque d’Anil Gayan, l’ex-maire des villes sœurs, David Utile s’est montré très peu loquace en confiant que « tout ce cinéma est un non-event. On est concentré sur la campagne électorale. »

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