À l’initiative d’Eco-Sud, plusieurs organisations de la société civile ont présenté un Position Paper pour la reconnaissance des droits de la nature dans notre législation. Un débat sur la question est prévu aujourd’hui aux Docks, à Port-Louis.
Plusieurs organisations de la société civile – dont la GWF, AILES, Platform Moris Lanvironman, Sov Lanatir, Climate Justice Compact, Collectif Urgence Toxida, Ripple Association, TIPA, Caritas Ile Maurice, mru2025, Gender Links Mauritius, RAFAL, le Syndicat des pêcheurs, Revey Twa Fam, Inclusion Mauritius, PILS, le Conseil des Religions, Free Art et Eco-Sud – soutiennent ce Position Paper sur les droits de la nature. Celui-ci part du principe que les droits de la nature sont indissociables des droits de l’homme.
« Face à une triple crise environnementale sans précédent, il est impératif de repenser notre relation complexe avec la nature. Nous en faisons partie et nous la détruisons, à travers le changement climatique, l’érosion de la biodiversité et la pollution. En retour, cette destruction des écosystèmes affecte directement la santé humaine, la sécurité alimentaire, l’accès à l’eau – source de toute vie – et le bien-être de tous les êtres vivants », expliquent les signataires.
Les crises climatiques qui se succèdent, poursuivent les porte-parole de la société civile, aggravent les inégalités économiques et sociales, bafouant les droits fondamentaux des populations, en particulier celles les plus marginalisées, exclues et en situation de vulnérabilité face aux risques et aux désastres. « Il devient évident que les politiques environnementales des 20 dernières années ont échoué à freiner la dégradation rapide des ressources naturelles : artificialisation des sols, urbanisation incontrôlée et destruction des zones écologiquement sensibles. » Et ce, en dépit des lois existantes.
La plateforme cite en exemple les permis EIA délivrés dans des régions vulnérables, ainsi que la difficulté des citoyens d’avoir accès à la justice environnementale. Reconnaître les Droits de la nature est ainsi devenu essentiel, estiment les signataires, afin de lui permettre de se ressourcer, de vivre et de s’épanouir, tout en garantissant par la même occasion notre propre survie. « En leur accordant un statut juridique, nous reconnaissons que la nature a des droits intrinsèques, au-delà de son utilité matérielle, et pas seulement pour l’humanité. Cela permettrait de protéger efficacement les écosystèmes contre les activités destructrices, tout en offrant aux citoyens une base juridique pour agir en tant que gardiens de la nature devant les tribunaux. »
Cette approche déjà adoptée par des pays comme l’Équateur, la Nouvelle-Zélande et l’Inde, entre autres, marque un nouveau paradigme. « En intégrant les Droits de la nature dans le cadre législatif mauricien, nous protégeons non seulement la nature, mais aussi les droits humains. Cela implique également de combler les lacunes du cadre législatif mauricien, en s’assurant que les conventions et traités internationaux relatifs aux droits économiques, sociaux et culturels soient pleinement appliqués, tout en renforçant les droits civils et politiques que l’État mauricien a ratifiés. »
Les représentants de la société civile invitent ainsi les partis politiques à se positionner sur l’intégration des Droits de la nature dans la législation mauricienne. De même, ces derniers sont invités à s’engager pour une protection durable de nos écosystèmes.
Le débat sur la question se déroulera de 9h15 à 12h. L’Alliance Lepep, Lalit, Linion Reform, l’Alliance du Changement ainsi que le Mouvman Bruneau Laurette ont été invités à venir débattre de la question.