À chaque législative, le poids du vote de chaque citoyen compte et a des répercussions sur le devenir du pays. Comment alors voter ? Comment aligner son vote sur l’avenir que l’on souhaite pour son pays ? Que faut-il tenir en compte à ce propos ?
Me Erickson Mooneapillay, ancien directeur de Dis-Moi, ONG promouvant les droits humains, conseille de se « méfier de ceux qui détruisent avant même d’avoir bâti. Ceux-là sont des dangers pour la démocratie. Ils se posent souvent derrière des habits de démocrate pour rallier au maximum à leur cause. Mais, une fois au pouvoir, ils font tout le contraire ».
Idem, ajoute-t-il, pour ceux qui tournent casaque à la première occasion : « Ceux-là n’ont pas à cœur l’intérêt de la population. Ce sont des opportunistes de première classe ». Il invite à s’interroger sur les programmes, s’il y a du nouveau ou s’ils sont creux ; s’ils répondent aux défis du pays ou si les candidats ne s’intéressent qu’à leur petite personne. Enfin, il recommande de donner une chance aux autres : « On n’a rien à perdre de toute façon ».
Saffiyah Edoo, citoyenne engagée, est d’avis que ce n’est pas demain la veille que des députés avec des valeurs de mise représenteront leurs mandants au Parlement. Néanmoins, nuance-t-elle, une lueur d’espoir est permise avec les partis émergents de par leurs discours. « Pourront-ils tenir tête aux partis traditionnels ? » se demande-t-elle toutefois. Sur un ton désillusionné, elle ajoute comment faire confiance à ceux qui ont à maintes reprises manqué à leurs promesses. « Comment poser son vote à côté de noms de ceux qui se disent défenseurs de la démocratie mais qui se comportent en rustres au sein même du Parlement ? ». Somme toute, elle invite à « ne pas avoir peur de lever la voix car il ne faut pas oublier que les dirigeants doivent leur poste aux votes des citoyens. Le citoyen doit prendre conscience de sa propre force, non seulement le jour des élections mais pendant tout le mandat ».
A 20 ans, Teejvin Woodun, est membre de Rezistans ek Alternativ. Ce sont toutes les déceptions face aux attentes de la jeunesse qui l’ont décidé à s’engager en politique. « Avec des amis, nous avons mené plusieurs études et rédigé plusieurs rapports qui n’ont pas eu de retour. Je me suis ainsi dit que la seule solution est de s’engager politiquement. C’est la seule manière dont le jeune peut apporter des changements et aider les autres à développer cette conscience politique », a-t-il fait ressortir. À ses yeux, « nous avons aujourd’hui une jeunesse très dégoûtée de la politique Mainstream, qui est un concept très lointain, réservé à une poignée de parlementaires en costume et roulant en Mercedes ». Ce qui l’amène à cette conviction : « Si quelqu’un pense que le système et le politicien laissent à désirer, il faut s’engager politiquement pour un changement. Il ne faut pas perdre espoir, il faut persévérer.»
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ME ERICKSON MOONEAPILLAY:« Donnez une chance aux autres »
À l’approche des élections, le poids du vote de chaque citoyen compte et pèsera dans la balance. Surgit dès lors la question : comment voter en gardant à l’esprit l’avenir que nous souhaitons pour la société mauricienne. Dans cette perspective, quel avenir souhaiteriez-vous pour votre pays ?
Je souhaite un pays économiquement prospère avec un Produit intérieur brut (PIB) élevé et un meilleur pouvoir d’achat. Je souhaite voir mon pays devenir le tigre de l’océan Indien avec des opportunités de startup pour les jeunes entrepreneurs tant dans le domaine de l’Intelligence artificielle (IA) que dans le domaine de l’hospitalité durable.
Je souhaite qu’il n’y ait pas de grand fossé entre ceux qui possèdent beaucoup et ceux qui ne possèdent que peu ; que le gouvernement utilise l’argent des contribuables pour la construction de logements pour ceux qui ne peuvent se l’offrir au lieu de gaspiller cet argent dans des berlines et des voyages.
Je souhaite voir une économie de marché libérale réunie dans un État interventionniste afin d’intégrer des programmes sociaux.
Je souhaite voir l’abrogation des lois pénales obsolètes, qui sont une atteinte aux mœurs nouvelles de la société et aux libertés fondamentales.
Je souhaite voir dans le pays une justice qui peut réhabiliter un délinquant tout en rendant justice à la victime en forme d’indemnisation. Il ne suffit pas que le délinquant rende à l’État ce qu’il a volé.
Je souhaite aussi une justice où il n’y a pas de peine s’il n’y a pas de victime ; un pays où les quatre murs d’une maison sont inviolables pour l’État sauf pour les besoins de sauver une vie. Je souhaite voir un pays où la justice est démocratisée afin d’incorporer le citoyen dans les décisions de justice. Les techniques de justice du Far West n’ont ni leur place ni leur légitimité dans une République digne de ce nom. Les fonctionnaires à tous les niveaux sont au service de la population.
Je souhaite voir un pays où les talents et la culture sont promus à juste titre ; un pays qui traite les animaux et l’environnement avec révérence. Nous partageons cette planète en commun et notre survie dépend de sa sauvegarde.
Je souhaite voir une émancipation accrue de la jeunesse mauricienne quant à la question de Deuxième République afin de donner une nouvelle âme intellectuelle et culturelle à notre pays. La culture est l’âme d’un pays. La laïcité doit être au centre des décisions de la nouvelle république sans pour autant renier notre histoire et nos convictions religieuses.
Que faut-il tenir en compte pour aligner son choix de vote en fonction de ces bons souhaits ?
La psychologie de la bête politique sera importante à étudier pendant cette joute électorale. Il faut tenir compte avant tout de la proximité et de la sincérité du député : si c’est un rigolo de TikTok, mieux vaut le garder à sa place pour les jours de blues. Il nous amuse beaucoup mais sa place n’est pas au Parlement.
Il faut faire attention aux discours enrobés de douceur, les fausses accolades, les grandes manoeuvres envers les nanis, dadis disséminées impunément sur Facebook, les tapes sur l’épaule, les déjeuners gratuits ou autres gâteaux, toutes ces fanfaronnades ou ces Marsan Siro à n’en plus finir. Ceux-là auront déguerpi de la circonscription au lendemain des élections.
Il y a ensuite ceux qui détruisent avant même d’avoir bâti. Ceux-là sont des dangers pour la démocratie. Ils se posent souvent derrière des habits de démocrate pour rallier au maximum à leur cause. Mais, une fois au pouvoir, ils font tout le contraire. Tout comme ceux qui changent de discours et tournent casaque à la première opportunité. Ceux-là n’ont pas à cœur l’intérêt de la population. Ils sont des opportunistes de première classe.
Il faut surtout porter attention aux programmes des partis respectifs des candidats : est-ce du copier-coller, une chanson vide, le même refrain que celui des années 80 ? Du renouveau ? Des solutions aux défis à venir ? Ou bien sont-ils seulement centrés sur leur petite personne : ‘moi’, ‘moi-même’ ou encore du ‘je ferai’. À cela, il ne faut pas oublier ceux qui ont eu l’opportunité mais qui n’ont rien fait. Ils crient mieux quand ils sont dans le désert. Il faut résister à ceux-là et les jeter dans la poubelle de l’histoire.
Finalement, les pyromanes sociaux avec leurs verves dans les réunions nocturnes et leur porte-monnaie bien remplis. Ils sont toxiques pour la démocratie. L’élu doit être investi d’une mission envers la société et non seulement envers ses mandants. Son rôle en tant qu’élu est de représenter sa circonscription au Parlement. Tout autre intérêt est dérisoire. Dans sa lettre pastorale, l’évêque de Port-Louis, Mgr Jean-Michaël Durhône écrit ceci aux jeunes : « En tant que citoyen responsable, tu as le droit et le devoir de bien choisir les responsables et les gestionnaires de ton avenir. Par ton vote, tu écris l’histoire et génères progrès, emploi, sécurité, honnêteté, justice. Que ton vote réponde fondamentalement à tes valeurs, à tes rêves, à ta foi, en respectant toujours ceux qui pensent différemment de toi ».
Qu’en pensez-vous ?
Les jeunes ne voient pas de Role Model dans cette classe actuelle de politiciens. Il faut une pensée alternative. Le changement doit refléter une évolution des mentalités. Les jeunes ont soif de liberté, d’opportunités. Ils sont dépités quand il y a un sentiment d’injustice reflété dans du paternalisme politique. Les jeunes doivent s’intéresser à la philosophie de la politique plutôt que de suivre bêtement les leaders politiques en brandissant le drapeau à chaque invocation. Outre le fait de voter, quels sont les autres devoirs et responsabilités politiques des citoyens en dehors de l’année électorale ? L’évêque suggère de mieux connaître la Constitution, nos institutions démocratiques, etc.
Effectivement, Aristote disait que l’homme est une bête politique. À cela, j’ajouterai une connaissance de notre histoire afin de ne pas commettre les mêmes erreurs que dans le passé.
Comment redonner à la politique ses lettres de noblesse ? Y croyez-vous encore ?
Certainement. Mais, pour cela il faut une purge s’agissant des incompétents opportunistes, qui n’ont pas leur place dans la démocratie parlementaire.
Un message à passer aux citoyens ?
Donnez une chance aux autres. Nous n’avons rien à perdre de toute façon.
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SAFFIYAH EDOO (citoyenne engagée) :« Le citoyen doit prendre conscience
de sa force pendant tout le mandat »
À l’approche des élections, le poids du vote de chaque citoyen compte et pèsera dans la balance. Surgit dès lors la question : comment voter en gardant à l’esprit l’avenir que nous souhaitons pour la société mauricienne. Dans cette perspective, quel avenir souhaiteriez-vous pour votre pays ?
L’ile Maurice se trouve à un tournant, le pays est retenu en arrière par des méthodes archaïques, et se veut moderne mais cela se traduit uniquement en termes d’infrastructures et pas d’idées ou de pratiques. L’avenir souhaité pour le pays serait un changement dans la pratique politique : manière de fonctionner des partis, manière de penser la chose politique en elle-même, se départir de la pratique communale qui découlera dans les sphères de la vie publique et dans celles des citoyens.
Quand il y aura un Shift dans le recrutement, les allocations de fonds, le choix des candidats, etc… cela impactera la manière de voir des citoyens qui agiront probablement en conséquence. Malheureusement, un choix de vote basé sur ces critères s’avère limité, car ce n’est pas demain la veille que nous aurons des candidats prônant ces valeurs qui seront nos représentants au Parlement.
Mais tout espoir n’est pas perdu, les partis émergents donnent une lueur d’espoir de par leurs discours, mais pourront-ils tenir tête aux partis traditionnels ?
Dans sa lettre pastorale, l’évêque de Port-Louis, Mgr Jean-Michaël Durhône écrit ceci aux jeunes : « En tant que citoyen responsable, tu as le droit et le devoir de bien choisir les responsables et les gestionnaires de ton avenir. Par ton vote, tu écris l’histoire et génères progrès, emploi, sécurité, honnêteté, justice. Que ton vote réponde fondamentalement à tes valeurs, à tes rêves, à ta foi, en respectant toujours ceux qui pensent différemment de toi ».
Qu’en pensez-vous et comment discerner parmi les belles paroles des politiciens qui ne restent hélas souvent que de belles paroles ?
L’évêque a tout dit dans cette partie de son message. Dans une certaine mesure, ce sont les citoyens mauriciens qui agissent en exemple pour les politiciens. Comment faire confiance à ceux qui ont à maintes reprises manqué à leurs promesses de changement, de pratiques et méthodes Underhanded utilisées à commencer par l’allocation de tickets pour les candidats potentiels basée sur un Mindset communal, de même le recrutement dans la fonction publique et l’attribution de postes clés par l’Establishment ?
Comment poser son vote à côté de noms de ceux qui se disent défenseurs de la démocratie mais qui se comportent en rustres sur le palier et au sein même du Parlement ? Aujourd’hui, nous sommes pour beaucoup désillusionnés, nous avons essayé de placer notre confiance en ceux qui avaient promis un changement de pratiques et de méthodes, mais nous avons vu que c’est du pareil au même, voire pire.
Outre le fait de voter, quels sont les autres devoirs et responsabilités politiques des citoyens en dehors de l’année électorale ? L’évêque suggère de mieux connaître la Constitution, nos institutions démocratiques, etc. Il ajoute qu’il n’y a pas de séparation entre prier, voter, aller à la messe, à la mosquée, au temple, au korvil ou à la pagode et s’intéresser à la politique.
Idéalement, ce que suggère l’évêque aurait dû faire partie du programme d’éducation nationale pour intéresser le Mauricien aux enjeux de la politique dès un jeune âge. Une des choses fondamentales à faire est une initiation à la politique, au-delà de la perception réductrice que beaucoup de Mauriciens en ont. Cela aurait aussi le mérite de développer la pensée critique parmi le jeune Mauricien qui grandira sachant exiger mieux de la part des dirigeants, lesquels devront être à la hauteur des attentes.
Le citoyen mauricien doit aussi savoir responsabiliser les dirigeants, en les rendant responsables de promesses non-tenues et d’écarts de comportement. Pour cela, il ne faut pas avoir peur de lever la voix, car il ne faut pas oublier que les dirigeants doivent leur poste aux votes de citoyens. Le citoyen doit prendre conscience de sa propre force, non seulement le jour des élections mais pendant tout le mandat.
Aujourd’hui, le citoyen mauricien n’est certes pas silencieux mais se trouve dans une impasse, ayant fait l’expérience de dirigeants de plusieurs bords populaires, qui finalement ont de différences que les visages et noms mais pas la pratique. Le Mauricien serait-il prêt à sortir de sa zone de confort pour donner la chance à ceux qui ont encore à faire leurs preuves ? S’intéresser à la politique n’est pas un passe-temps, c’est un devoir et une responsabilité citoyenne car la politique et les Policies impactent directement notre vie d’aujourd’hui et l’avenir de nos enfants.
Comment redonner à la politique ses lettres de noblesse ? Y croyez-vous encore ? Avez-vous l’espoir que les jeunes puissent y contribuer ?
La politique mauricienne peut-elle être sauvée ? Un regard autour du monde démontre l’écroulement de certaines pratiques dans les pays autrefois considérés comme des exemples pour une petite île comme la nôtre. Ce qui veut dire que la crise fondamentale de la politique n’est pas que locale. Dans cette remise en question qui touche plusieurs démocraties, Maurice, malgré sa taille et ses enjeux différents, a la chance de percer comme exemple, comme elle l’a fait dans d’autres domaines autrefois.
Pour cela, il faudra une volonté des dirigeants, indépendamment des partis, de rehausser le niveau de la politique et les politiciens. À commencer par la limitation de mandats, l’élimination de passation de leadership de père en progéniture, de choix de candidats uniquement basé sur le patronyme, et non sur le mérite et l’amour pour le pays, d’équité hommes/femmes, de valeurs mauriciennes, d’égalité tout en respectant la diversité.
C’est ce que crient les Mauriciens de cœur sur tous les toits, mais qui aura l’audace de changer les lois et les pratiques qui iront à l’encontre de son avantage ? « The beautiful ones are not yet born » écrivait Ayi Kwei Armah. Je pense qu’ils sont nés, mais n’ont pas encore eu l’opportunité de briller.
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TEEJVIN WOODUN ( jeune engagé politique) :« Une jeunesse dégoûtée
de la politique mainstream »
Qui est Teejvin Woodun ? Quelles sont vos convictions politiques ?
J’ai 20 ans et je suis étudiant en droit à l’Université de Maurice. Je suis membre de Rezistans ek Alternativ. Si je suis engagé au niveau politique, c’est grâce à l’éducation que j’ai reçue à la maison mais aussi au Collège du Saint-Esprit et à la School of Political Ecology coordonnée par le Centre for Alternative Research and Studies (CARES).
Au collège, nous avons eu beaucoup d’activités extracurriculaires. Avec mes amis, nous avions fondé le National Forum for Colleges (NAFCO). J’étais élu National Youth Ambassador for Youth and Education, Science and Technology. Ce qui m’a aussi poussé à m’engager politiquement, ce sont toutes les déceptions face aux attentes de changement de la jeunesse. Nous avons mené plusieurs études et rédigé plusieurs rapports qui n’ont pas eu de retour. Je me suis ainsi dit que la seule solution est de s’engager politiquement. C’est la seule manière dont le jeune peut apporter le changement et pour aider les autres à développer cette conscience politique.
Pourquoi est-il si important de développer cette conscience politique ?
La conscience politique ne suffit pas en elle-même. Si le citoyen ne sait pas comment fonctionne son pays, comment peut-il y vivre ? Il faut connaître l’histoire de son pays, savoir comment le pays lutte contre la crise écologique.
Au-delà des faits et chiffres de notre histoire politique, de la compréhension des procédures parlementaires, il importe encore que les jeunes réalisent le lien inaliénable entre ce qu’ils sont en train de vivre et celles de leurs concitoyens et de la génération future. Une bonne conscience politique doit pouvoir générer une obligation morale et sociale de sorte que les expériences sociales de ses proches, amis et enfants deviennent un jour meilleures.
À l’approche des élections, le poids du vote de chaque citoyen compte et pèsera dans la balance. Surgit dès lors la question : comment voter en gardant à l’esprit l’avenir que nous souhaitons pour la société mauricienne. Dans cette perspective, quel avenir souhaiteriez-vous pour votre pays ?
J’aurais souhaité une grande réforme de notre système éducatif. Nous pouvons constater que le 9-Year Schooling ne fonctionne pas, que le niveau d’indiscipline à l’école dépasse les bornes. Quand nous réalisons à quel point nous avons lutté pour avoir l’éducation gratuite et qu’aujourd’hui nous avons une éducation qui est loin d’être holistique, de surcroît ultra-compétitive, menant les jeunes à la dépression…
C’est un système qui génère de l’anxiété chez nos jeunes, les obligeant à prendre des leçons particulières. Le nombre d’heures de travail d’un adulte est de 8h en moyenne. Or, un jeune se lève le matin pour se rendre au collège jusqu’à 14h30. S’ensuivent environ 2h de leçons particulières sans compter les devoirs et révisions de retour chez lui ! Il n’est pas étonnant qu’autant d’élèves aient le burn-out.
Nos jeunes devraient apprendre l’histoire des luttes (Emmanuel Anquetil, Mai-75, grève par des immigrants indiens, l’émeute Kaya) qui ont apporté des changements dans notre pays et pas juste l’époque coloniale.
En outre, la politique d’immigration en masse se présente comme un vrai problème, avec l’enlèvement du quota de travailleurs étrangers pouvant venir à Maurice. Demain, dans les secteurs comme le BPO où travaillent beaucoup de jeunes, ceux-ci auront des problèmes lorsqu’un étranger viendra travailler pour Rs 22 500. C’est un retour à l’époque ‘coolitude’ avec des agents pour recruter des travailleurs de l’étranger.
Par ailleurs, face aux effets néfastes du changement climatique, beaucoup de jeunes souhaitent une bonne transition écologique qui reconnaisse le droit de la nature dans la Constitution. Le changement climatique nous concerne directement : notre vie, notre logement, notre alimentation.
Enfin, nous ne voulons pas d’un système communal. Nous souhaitons une dose proportionnelle et non pas un système qui permette à une alliance d’avoir la majorité en dépit du fait qu’elle n’a récolté que 37% des votes.
Dans sa lettre pastorale, l’évêque de Port-Louis, Mgr Jean Michaël Durhône écrit ceci aux jeunes : « En tant que citoyen responsable, tu as le droit et le devoir de bien choisir les responsables et les gestionnaires de ton avenir. Par ton vote, tu écris l’histoire et génères progrès, emploi, sécurité, honnêteté, justice. Que ton vote réponde fondamentalement à tes valeurs, à tes rêves, à ta foi, en respectant toujours ceux qui pensent différemment de toi ! ».
Qu’en pensez-vous et comment discerner parmi les belles paroles des politiciens qui ne restent hélas souvent que de belles paroles ?
Je pense que nous avons aujourd’hui une jeunesse très dégoûtée de la politique mainstream, qui est un concept très lointain réservé à une poignée de parlementaires en costume et roulant en Mercedes. Notre définition même d’un politicien n’est pas claire.
Pour moi, si quelqu’un pense que le système et le politicien laissent à désirer, il faut s’engager politiquement pour un changement. Il faut pouvoir s’imaginer à leur place. Même si nous ne réussissons pas du premier coup, il ne faut pas perdre espoir, il faut persévérer.
Si nos ancêtres n’avaient pas lutté et persévéré, l’esclavage ne serait pas aboli, les femmes n’auraient pas eu le droit de vote. Nous n’avons pas le droit d’être défaitiste. Il faut œuvrer pour que quand nous quitterons le monde, il soit meilleur que nous l’avons connu. Il faut équiper les jeunes d’outils d’analyse intellectuels pour développer un esprit critique. Il ne doit pas seulement connaître la Constitution mais aussi pouvoir la remettre en question.
Vous croyez donc que les jeunes puissent contribuer à redonner à la politique ses lettres de noblesse ?
Nous ne pouvons ne pas y croire. Nous sommes dans une ère post-indépendance qui tire à sa fin avec les leaders qui vieillissent. La lutte de notre jeunesse doit commencer aujourd’hui.
Un message à passer aux jeunes électeurs ?
La première étape de tout ce que j’ai dit plus haut consiste à aller voter. Notre vie ne dépend pas uniquement du vote. Nous pouvons faire beaucoup plus que cela quand nous sommes organisés et ensemble. Tous les grands changements n’ont pas été apportés par une seule personne mais des personnes opprimées.