Éducation supérieure : L’étudiant mauricien et ses envies d’ailleurs 

— « Vivre avec Rs 10 000 par mois en Chine est possible »

Une semaine après les résultats du Higher School Certificate (HSC), les school leavers et les parents s’activent. Si les institutions supérieures publiques et privées du pays proposent de nombreuses formations de qualité, les jeunes Mauriciens optent de plus en plus pour des études à l’étranger, avec pour certains le dessein d’immigrer. Le rapport de la Higher Education Commission (HEC) sur les études supérieures à Maurice indiquait d’ailleurs qu’à décembre 2022, il y avait 7 742 étudiants mauriciens dans des institutions d’éducation supérieures à l’étranger. Et si la France était la destination préférée jusqu’en 2022, elle s’est fait devancer par le Canada en 2023.

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Si pendant le Covid la demande avait drastiquement baissé, elle est depuis quelques années montée crescendo. Hormis le budget comprenant coût de la vie et coût des études (avec possibilité de bourses partielles proposées par l’institution choisie), la reconnaissance et la légitimité des diplômes, désormais l’obtention d’un permis de travail et une éventuelle immigration font partie des principales préoccupations des primo-partants mauriciens et de leurs parents. «La tendance est la même, c’est-à-dire que les grandes universités ont toujours la cote auprès des jeunes. À l’Overseas Education Centre (OVEC), nous avons une vingtaine d’universités australiennes, dont plusieurs qui offrent des bourses complètes. D’ailleurs, l’an dernier, nous avons eu des boursiers de l’Additional Scholarships qui étaient contents de pouvoir bénéficier de ces bourses-là», explique Dr Dorish Chitson, fondatrice et directrice de l’OVEC, présent à l’University and Career Expo 2025 à Pailles. Elle explique aussi que «les jeunes demandent surtout s’ils pourront travailler en même temps et éventuellement obtenir leur permis de résidence pour immigrer.»

À cet effet, elle souligne que le Canada reste le pays idéal pour de telles démarches «pour le moment», avec la possibilité d’obtenir un permis de travail pour trois ans, avec automatiquement un Permanent Residence pour ceux ayant opté pour des études universitaires classiques. Tandis que pour ceux optant pour des études polytechniques — très en demande d’ailleurs — il existe le Postgraduate Work Permit Programme. Dorish Chitson tient aussi à rassurer que malgré le contexte mondial qui peut s’avérer anxiogène pour certains jeunes et parents, «tant que vous êtes inscrits dans une université correcte, reconnue par l’État ou vous êtes, il n’y a aucun problème.» Elle souligne qu’en plus des destinations phares, dont l’Australie et le Canada, la Chine commence également à gagner du terrain auprès des étudiants mauriciens, avec notamment la possibilité d’y étudier à moindre coût, tout en obtenant un certificat international. «Avec Rs 10 000 par mois, un étudiant peut très bien vivre et étudier en Chine», dit-elle.

Le coût de la vie en Malaisie charme les étudiants

C’est aussi ce que nous expliquent les représentants du Malaysia Education Centre, qui regroupe plusieurs institutions supérieures de la Malaisie, dont l’Asia Pacific University (APU) et la Sunway University, entre autres. «Nous avons actuellement à l’APU 150 étudiants mauriciens qui étudient dans plusieurs filières dont principalement les nouvelles technologies», explique Ziyaad d’APU. «Les étudiants peuvent bénéficier de plusieurs bourses partielles dépendant de leurs résultats et il est bon de noter qu’un étudiant mauricien peut facilement vivre avec Rs 20 000 par mois.» C’est aussi ce que nous explique Uwaid, ancien étudiant de Sunway University. «Les Mauriciens choisissent généralement la Malaisie pour la qualité des diplômes, le coût de la vie et surtout la qualité de la vie. Ils vont facilement s’adapter et cela est très important», dit-il.

Si ces nouvelles destinations attirent de plus en plus de jeunes Mauriciens, les destinations européennes gardent quant à elles leur prestige. Ainsi, la Grande-Bretagne, la France et plus récemment l’Allemagne occupent toujours les premières places en haut du podium des destinations d’études. «La France reste une destination prisée par les étudiants mauriciens. Ce choix est justifié par l’excellence des enseignements, la diversité des études possibles, la reconnaissance des diplômes et le coût. Comme chaque année, Campus France Maurice accompagne les étudiants dans leurs démarches d’inscription et apporte aide et conseil dans l’élaboration des projets d’études. Pour cette année, une légère hausse est constatée dans le nombre de candidatures», explique Audrey Paris, responsable de Campus France Maurice. Aussi, elle nous partage que parmi les domaines les plus demandés, l’on retrouve «l’ingénierie, l’économie et gestion, la médecine, les sciences humaines.»

Les universités américaines recrutent

Pour ce qui est de la destination allemande, l’intérêt et le nombre d’étudiants semblent augmenter d’année en année, et ce, malgré la barrière de la langue. «Nous avons observé que la langue n’est pas un problème pour les étudiants mauriciens qui apprennent vite. D’ailleurs, nous nous chargeons de former le jeune étudiant avant même qu’il ne pose les pieds sur le territoire allemand. Il aura déjà appris la langue», explique Ben, de GoAcademy ! (Mauritius). «C’est assez nouveau pour les Mauriciens, mais il y a beaucoup d’opportunités en Allemagne, d’autant que les études y sont gratuites.» Ben explique, par ailleurs, que pour les étudiants n’ayant pas bien réussi leurs examens de fin d’études, l’Allemagne propose des Work and Study Programmes pour ceux qui souhaiteraient travailler et poursuivre leurs études en même temps.

Finalement, pour ceux qui seraient prêts à faire quelques milliers de kilomètres de plus pour vivre leur rêve, il y a évidemment les États-Unis. Selon Dr Iqbal Maherally, Adviser à Education USA de l’ambassade américaine à Maurice, «nous avons actuellement à peu près 300 Mauriciens qui étudient aux États-Unis.» Il explique que malgré la conjoncture économique avec la hausse du coût de la vie à travers le monde, les universités américaines ont su préserver leurs scholarships et leurs aides financières aux étudiants internationaux.

Aussi, cette année, trois grandes universités américaines ont fait le déplacement pour tenter de recruter des étudiants mauriciens qui seraient, selon Iqbal Maherally, «de bons candidats, connus pour leur gros potentiel et surtout pour leur discipline et leur respect des lois.» En ce qu’il s’agit du climat d’insécurité que certains pourraient associer aux États-Unis, il avance que «tous les campus universitaires sont sécurisés. Nous avons cette question tous les ans, et il est important de rassurer les étudiants et leurs parents qu’il est safe d’étudier aux États-Unis.»

Étudier en Afrique ? Pourquoi pas ?

Si ces dernières années le pays accueille des étudiants du continent africain pour leurs études supérieures, pour la première fois, ce sont des universités africaines (hormis celle de l’Afrique du Sud, que les Mauriciens connaissent très bien) qui ont fait le déplacement pour recruter de jeunes talents mauriciens. «Dans le contexte mondial, avec tout ce qui se passe, il serait peut-être intéressant de voir ce qui se passe à côté, sur le continent africain», explique Araba Botchway, Executive Director de l’Admissions and Financial Aid de l’Ashesi University de Ghana. En effet, l’université, qui met l’accent sur le développement humain et le leadership, est partenaire de plusieurs prestigieuses universités internationales, dont Sciences Po ou encore le MIT. «Nous proposons aussi des bourses aux étudiants internationaux qui, en plus d’avoir une formation de qualité avec des opportunités de visiter nos universités partenaires, auront aussi l’occasion de visiter le Ghana. Nous pensons que l’Afrique a beaucoup à offrir», dit-elle.

Les universités publiques ont toujours la côte

Si bon nombre d’étudiants rêvent de découvrir le monde et de voir si l’herbe est vraiment verte ailleurs, la grande majorité optera pour une université publique locale, qui propose malgré tout une formation de qualité. Ainsi, l’université de Maurice, première université de l’île, s’attend à accueillir plus de 3 000 étudiants lors de la prochaine rentrée. «Nous avons un système de pointage qui permet aux jeunes étudiants de voir s’ils sont éligibles pour le programme de leur choix», nous indique un représentant de l’université de Maurice. «Quant à la demande, elle a toujours été là et cette année encore, nous avons beaucoup de jeunes qui veulent s’inscrire ici, et c’est bon signe», dit-il. Les autres universités publiques, dont l’University of Technology of Mauritius (UTM) ou encore l’université des Mascareignes (UDM), s’apprêtent elles aussi à accueillir quelques milliers de jeunes.

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