La grande rentrée scolaire 2025 s’est déroulée hier. Après l’exercice d’admission en Grades 1, 7 et 10 vendredi dernier, l’ensemble des écoliers et collégiens sont retournés en classe. Cette nouvelle année est entamée sous le signe du changement, avec notamment le remplacement de l’Extended Programme par le Foundational Programme in Literacy and Numeracy Skills (FPLNS). Pour certains étudiants, l’année 2025 est décisive, car ils prendront part à leurs examens de fin de cycle. La bonne humeur et la joie des retrouvailles étaient tout de même au rendez-vous hier.
Accolades et embrassades. Éclats de rire et bonne humeur. Ces scènes de joie dans les rues de Curepipe, hier, témoignent bien que la rentrée des classes n’a pas été un fardeau pour les étudiants. L’assemblée du matin a tout de même été une occasion pour les responsables d’établissement de réitérer quelques règles et, surtout, appeler à la responsabilité de tout un chacun. Chloé, qui fréquente un collège confessionnel, explique : « La rectrice nous a indiqué les règles concernant le téléphone portable. Chez nous, le téléphone était déjà interdit en classe. Si on vous attrape avec, c’est confisqué… »
Elle ne cache pas toutefois qu’elle a recours à son téléphone par moments pendant la récréation : « Je ne fais rien de mal. Je peux envoyer un message à mes parents ou consulter des posts sur Facebook. Mais c’est vrai qu’il ne faut pas abuser non plus. »
Et que pense-t-elle d’une éventuelle interdiction du téléphone portable à l’école ? La jeune fille plaide pour la responsabilisation. « À mon avis, ce n’est pas parce qu’on interdit le téléphone portable qu’il n’y aura pas de problème à l’école. Il faut apprendre aux jeunes à être responsables. » Elle ajoute que dans une ère dominée par la technologie, le téléphone se révèle très utile pour les devoirs également.
Neha, qui entame sa dernière année d’études dans un collège d’État, abonde dans le même sens. Elle précise que de toute façon, le téléphone portable est interdit en classe. « Ce qui serait bien, c’est que les enseignants donnent le bon exemple. On ne peut demander aux élèves de ne pas utiliser le téléphone alors que l’enseignant, lui, passe son temps sur son téléphone », fait-elle ressortir.
Josh, qui est entré en Grade 12, a démarré sa journée avec détermination. « Cette année j’aurai les examens de HSC. Bizin met enn serye. Pour cela, j’ai pris des résolutions. J’ai débuté ma journée en me réveillant à 5h du matin pour aller courir. Je me sens en forme pour attaquer cette nouvelle année », confie-t-il.
Au niveau des administrations, la rentrée a été préparée bien à l’avance. Les responsables se disent satisfaits du mood dans le secteur actuellement. « La rentrée s’est bien passée. Il y a un nouveau mindset et le personnel est en train de collaborer pour que nos élèves en profitent pleinement », avance Ramdass Ellayah, manager du collège Bhujoharry.
Il témoigne également de l’intérêt des parents et des enfants pour les Foundational Programme in Literacy and Numeracy Skills, qui remplace l’Extended Programme. « Beaucoup d’enfants sont venus pour ce nouveau programme, même s’ils avaient l’option de rester à l’école primaire pour refaire le PSAC. Toujours est-il que les parents ont émis le souhait que leurs enfants puissent quand même prendre part au PSAC cette année. Nous avons un nouveau système et nous allons tous coopérer pour que nos enfants s’épanouissent et développent leur potentiel. Ce qui est plus important, c’est qu’il n’y aura pas d’échec. Je sens que les élèves sont plus rassurés à ce sujet. Ils retrouvent leur self-esteem », met en exergue Ramdass Ellayah.
D’après lui, ce sont autant de signes qui démontrent que la sérénité est de retour à l’école. De même pour le recrutement des enseignants, qui a pu se faire plus facilement avec le changement survenu dans les critères. « Il y a toujours des manquements au niveau de certaines matières, particulièrement dans ce qu’on appelle les Scarcity Areas. La raison étant qu’il n’y a pas beaucoup de personnes formées dans ces domaines. Par exemple, il ne sera pas évident de trouver un enseignant de musique », indique-t-il.
Pour ce qui est de l’utilisation du téléphone portable, Ramdass Ellayah déclare que l’heure est à la sensibilisation. « Nous avons fait appel à la collaboration des élèves et des parents. Nous avons sensibilisé nos élèves sur l’utilisation du téléphone portable et nous avons demandé de l’éteindre et le mettre dans le sac quand ils arrivent à l’école. Cela, jusqu’à nouvel ordre », dit-il.
Responsabiliser avant tout
La même approche a également été adoptée dans les collèges d’État, indique Harrish Reedoy, président de l’United Deputy Rectors and Rectors Union (UDRRU) : « J’ai demandé aux parents qui sont venus pour l’admission en Grade 7 de ne pas donner de portables à leurs enfants quand ils se rendent à l’école. Maintenant, de manière générale, s’il y a des enfants qui ont leur portable avec eux, nous demanderons qu’ils les éteignent et les conservent dans leurs sacs. »
Il ajoute que c’est une approche adoptée par les recteurs, en attendant que le ministère vienne avec des Regulations à ce sujet. « Je sais qu’ils sont en train de travailler sur un protocole et nous allons l’appliquer quand ce sera prêt. Pour le moment, c’est compliqué de ramasser 700 à 1 200 portables chaque matin et les redistribuer après les classes. Il y a aussi un aspect sécurité à prendre en considération », devait affirmer le président de l’UDRRU.
Autrement, la rentrée s’est bien passée, concède Harrish Reedoy. Et ce, avant d’ajouter : « Nous avons le personnel adéquat, sauf dans une ou deux matières, et le ministère devra faire appel aux Supply Teachers rapidement. La situation est différente à 2024, où il y avait un manque aigu d’enseignants. 570 éducateurs ont été recrutés l’année dernière. »
Au niveau de la distribution des manuels également, la situation est sous contrôle, ajoute-t-il. « Il y a encore des manuels qui manquent, certes, mais c’est mieux que l’année dernière. » Ici, également, les parents n’ont pas boudé les Foundational Programme in Literacy and Numeracy Skills. « Nous avons eu une dizaine d’élèves au Camp-de-Masque State College. De manière générale, je note que la majorité des élèves qui n’ont pu obtenir le minimum requis au PSAC ont opté pour ce programme. »
Les élèves des Grades 8 et 9 ayant commencé leur parcours dans l’Extended Programme seront aussi appelés à intégrer ce nouveau programme. Sauf ceux de Grade 9+, qui préparent déjà les examens du National Certificate of Education (NCE). Il s’agira du dernier groupe d’étudiants EP qui prendront part à cet examen. D’ailleurs, l’avenir du NCE lui-même sera débattu lors des prochaines Assises de l’éducation en avril prochain.
Le Camp-de-Masque State College fait également partie des établissements où la Technology Education Stream était proposée sur une base pilote. Harrish Reedoy confie que les dix élèves dans cette filière poursuivent leur parcours et prendront part au National School Certificate cette année. Il plaide toutefois pour que les Specimen Papers soient préparés rapidement afin que les élèves et éducateurs concernés puissent s’aligner sur la formule d’examen : « J’avais demandé cela depuis l’année dernière. C’est important d’avoir ces Specimen Papers, car cela permet aux éducateurs de préparer les Model Papers et aux élèves de pratiquer », dit-il encore.
50% de cet examen est basé sur un portfolio que les élèves doivent réaliser pour démontrer les compétences acquises au cours de leurs deux années d’études dans cette filière. La Technology Education Stream ne sera pas renouvelée à la prochaine année scolaire.
Par ailleurs, les élèves et le personnel du Camp-de-Masque State College ont reçu la visite surprise de deux personnalités hier matin. Il s’agit du ministre de la Technologie, de la Communication et de l’Innovation, Avinash Ramtohul, et du député Reza Saumtally, tous deux de la circonscription de Grande-Rivière Sud-Est/Montagne-Blanche (No 10). Ils ont offert des présents aux élèves et discuté avec le personnel. Ils ont également promis leur soutien aux activités du collège.
Le transport scolaire joue les trouble-fête
Mauvaise surprise pour une centaine d’élèves de Montagne-Blanche et Olivia qui fréquentent le Camp-de-Masque State College. Ils ont attendu en vain le bus scolaire hier matin. Les parents ont ainsi alerté la direction de l’école. Renseignements pris auprès de la National Land Transport Authority (NLTA), il s’avère que le propriétaire du bus individuel en question a fait savoir la veille qu’il n’allait plus offrir les services du transport scolaire.
Une situation que déplore Harrish Reedoy, qui invite les autorités concernées à revoir le système : « Ce n’est pas possible qu’une personne qui a un contrat pour le bus scolaire décide du jour au lendemain d’arrêter le service. Cela perturbe la vie scolaire. Ces élèves ont dû prendre deux bus pour venir à l’école. Un pour aller d’abord à Flacq, puis un deuxième pour venir à Camp-de-Masque. »
Sans compter, ajoute-t-il, que le responsable doit répondre aux questions des parents pour quelque chose qui n’est pas sous son contrôle. Si la NLTA a pu donner l’assurance qu’un autre autobus a été désigné pour le transport scolaire sur cette route à partir d’aujourd’hui, Harrish Reedoy souhaite que de tels inconvénients ne se reproduisent plus.