Post-NCE : Les recteurs invitent le ministère à communiquer sur l’Extended Programme

– Vikash Ramdonee : « Nous avons soutenu la réforme sur la base qu'il y avait un parcours pour les étudiants de l'EP, mais on n'entend plus rien à ce sujet »

Face au flou concernant l’avenir des élèves de Grade 9+ qui subiront l’épreuve du National Certificate of Education (NCE) ce mois-ci, le syndicat des recteurs monte au créneau. L’United Deputy Rectors and Rectors Union (UDRRU) demande ainsi à la vice-Première ministre et ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun, de communiquer ses projets pour les 2 500 à 3 000 jeunes qui arrivent au bout de leur parcours. Le plan initial de la réforme prévoyait que ceux, qui ne pourront rejoindre le Mainstream, devaient poursuivre des études techniques, menant à un SC Technical et un HSC Technical. Mais à ce jour, aucune indication tangible au sujet de ce  projet.

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Tout en étant à la tête d’une académie, Vikash Ramdonee se dit préoccupé par la situation des élèves en dernière année d’Extended Programme (EP). « En tant que secrétaire de l’Union et surtout du fait que nous avons soutenu la réforme, je crois qu’il est de mon devoir d’interpeller le ministère à ce sujet. Initialement, il y avait un parcours bien précis, mais à ce jour, nous ne savons plus où on en est », dit-il.

Il est d’avis que face aux inquiétudes dans le secteur, le ministère devrait communiquer en ce sens et préciser ses plans. Surtout que les résultats des Mock Exams sont plus qu’inquiétants. « Il y a un chiffre qui circule en ce moment, concernant le taux d’échec. Je ne m’alignerais pas dessus, je préfère attendre les résultats officiels après les examens du NCE. Cependant, le ministère doit, lui, être bien informé sur la situation », reconnaît-il.

Si tel est le cas, ajoute Vikash Ramdonee, que fait-on pour répondre à la situation? « Va-t-on baisser le niveau du NCE pour accommoder ces quelque 3 000 enfants ou va-t-on les laisser sur le pavé ? Je pose la question car je sens que nous avons une certaine responsabilité. Nous avons soutenu la réforme sur la base d’un projet. Nous avions l’assurance que ces enfants ne seraient pas laissés-pour-compte. Or, nous ne savons plus si ce projet est valable aujourd’hui. Le problème, c’est que le ministère ne communique plus », se demande-t-il.

Vikash Ramdonee fait comprendre que le plan initial de la réforme indiquue en principe que les étudiants en EP prennent les examens du NCE au bout de la quatrième année. Ceux qui parviennent à décrocher le minimum requis intégreront le Mainstream, tandis que les autres seraient dirigés vers des Vocational Training Centres. « Nous ne savons pas si ces centres sont prêts à accueillir les jeunes en janvier 2023, ni quel est le programme pour cette filière. Et je rappelle que nous ne sommes qu’à trois mois de cette rentrée », se demande-t-il.

Par la suite, les étudiants devaient progresser dans la filière technique jusqu’à intégrer Polytechnics Mauritius pour des études menant au niveau de  Diploma. « Lors de la présentation du plan de réforme, on avait évoqué un parcours vers un School Certificate Technical ou un Higher School Technical. Qu’est-il advenu de ce projet? En tant que partenaires de l’éducation, nous voulons savoir. Nous avons toujours espoir que la VPM va respecter son engagement, mais il faut communiquer. Cela éviterait sans doute un stress inutile»,  s’appesantit-il.

Vikash Ramdonee est aussi d’avis qu’il faudra faire le point sur l’Extended Programme suivant les résultats du NCE. « On a dépensé beaucoup d’argent, notamment pour la formation des enseignants, il semble qu’on n’a pas trouvé la bonne pédagogie. Si après dix ans un jeune n’a toujours pas appris à lire et à écrire pour pouvoir apprendre un métier, je crois qu’il faudra avouer que nous avons tous échoué. Les décideurs, mais aussi nous, pédagogues, y compris le SeDEC qui défend souvent son système. On ne pourra pas se réjouir parce qu’un enfant sur 10 aura réussi au NCE », reconnaît-il.

Le secrétaire de l’UDRRU se demande également ce qu’il est advenu des responsables qui devaient mener à bon port le projet d’Extended Programme. « Il y en a qui ont eu d’autres nominations ailleurs, sans avoir eu de comptes à rendre. Nous ne pouvons tolérer une telle chose. Ici, les enseignants sont en train de travailler dur, sans voir de résultats. Au final, nous sommes tentés de dire que l’EP n’est pas si différent du Prevoc. Et ce, en dépit de tout l’investissement dans ce secteur », concède-t-il.

Les éducateurs, ajoute Vikash Ramdonee, attendent de savoir quelle est la marche à suivre. Il souhaite que le ministère de l’Éducation réagisse face à l’urgence de la situation en ajoutant que « si 3 000 enfants se retrouvent sur le pavé demain, cela voudra dire qu’on va se retrouver avec une société malade. Cela m’inquiète en tant que pédagogue et j’espère qu’on va se mobiliser pour trouver une solution. »

Il souhaite que la VPM et ministre de l’Éducation ainsi que son état-major rencontreront bientôt le syndicat des recteurs, pour passer en revue la situation. « Il y a la question d’Extended Programme qui est une urgence, mais il y a aussi d’autres dossiers importants à discuter. À titre d’exemple, l’école avant le Covid et après n’est pas la même chose. Que fait-on pour le well-being des étudiants, pour leur santé mentale ? » suggère-t-il.

Il fait comprendre que les responsables d’établissements se retrouvent souvent, avec toutes sortes de pressions. « Vous avez des administrateurs qui se croient permis de vous donner des directives, alors que seule la ministre peut donner un ordre. D’autre part, il y a des parents qui décident de faire leurs enfants passer l’examen plus tôt et qui pensent que c’est à l’école de les préparer pour cela. Que fait-on alors des autres ? » proteste-t-il.

Ce sont autant de difficultés auxquelles les administrations des collèges doivent faire face de nos jours, conclut Vikash Ramdonee, qui invite le ministère à ouvrir le dialogue avec les recteurs.

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