« L’indiscipline dans les écoles est un problème multisectoriel. » C’est en substance ce qu’a déclaré le ministre de l’Éducation, Mahen Gungapersad, au terme d’une rencontre avec les différents Stakeholders de la société civile, dont des représentants de l’Éducation publique et privée, de la Child Development Unit, de la force policière, de la RYC, mais aussi de la Santé, hier à Phoenix. Ces représentants ont tenté de cerner le phénomène grandissant de l’indiscipline dans les écoles, tout en proposant des solutions. Et ce, en amont des Assises de l’Éducation, qui se tiendront en avril prochain.
Au vu des récents cas de violence et de harcèlement en milieu scolaire, le ministère de l’Éducation a tenu à prendre le taureau par les cornes en conviant les principaux concernés. « C’était une réunion très positive, et nous avons constaté que ce problème d’indiscipline ne concerne pas que le ministère de l’Éducation, mais aussi d’autres institutions », affirme Mahen Gungapersad. « Nous pensons d’ailleurs inviter un représentant de l’Attorney General’s Office pour nous aider à mieux comprendre les lois existantes afin d’y apporter des changements pour protéger nos enfants. Par exemple, si un collégien a des substances illicites dans son sac, est-ce qu’un enseignant peut le fouiller ? La réponse est non, car seul un policier peut le faire. C’est pour cela que nous devons bien comprendre le système légal assurant les droits des enfants », poursuit le ministre.
Il soutient que dans l’immédiat, le ministère peut compter sur le soutien de la force policière, des Educations Psychologists et des parents. « Nous devons d’ailleurs empower ces officiers et ces enseignants qui essaient de mettre de l’ordre là où il faut et quand il faut à l’intérieur et à l’extérieur de l’école. »
Mahen Gungapersad a également partagé son souhait de mettre en place une structure pour parler de la responsabilité des enfants à l’école. « Et pour cela nous demandons le soutien des parents. Nous devons aussi pouvoir rencontrer ces derniers pour les sensibiliser », avance-t-il. Pour le ministre de l’Éducation et ceux présents à la rencontre, « dorénavant, lorsque nous parlerons d’indiscipline, il faudra aussi voir du côté des autres secteurs, des autres autorités, et pas uniquement du ministère de l’Éducation, car il s’agit d’un problème multisectoriel ». Il a aussi affirmé que la sensibilisation demeure une des mesures à prendre pour contrecarrer l’indiscipline et la violence en milieu scolaire.
Le ministre Gungapersad estime que cette indiscipline est souvent causée par plusieurs facteurs, dont l’éclatement de la cellule familiale, la Peer Pressure, ou encore de mauvais exemples. À cet effet, il situe l’importance de responsabiliser les parents. « Les parents et les grands-parents sont les plus grands éducateurs pour un enfant. Ce sont ceux qui vont inculquer les valeurs à leurs enfants. Malheureusement, l’absence de parents ou ceux qui donne le mauvais exemple font que les enfants, à leur tour, reproduisent ce qu’ils voient chez eux à l’école ou avec leurs camarades de classe. » Hormis les parents, il a aussi évoqué la responsabilité des enfants eux-mêmes, concédant que ces dernières années, l’accent a été mis sur les droits, et non pas sur les devoirs des enfants.
Concernant l’utilisation des réseaux sociaux par les jeunes, le ministre en prône une utilisation responsable. « Nous avons tous vu la vidéo de deux jeunes gens sur les réseaux sociaux, et j’ai de suite informé le Dr Moonesamy, qui est allé les voir. Ils ne réalisent pas l’impact que cela peut avoir sur l’enfant et, d’ailleurs, je peux vous affirmer que ces deux jeunes ont été bien affectés. Heureusement, ils ont reçu le soutien psychologique nécessaire. Ces gens qui filment ne se rendent pas compte de la gravité de ce qu’ils font et des dégâts que cela peut causer sur l’enfant », fait-il ressortir. Il a par ailleurs indiqué qu’un comité interministériel, présidé par le Deputy Prime Minister, Paul Bérenger, a été institué pour se pencher sur le problème des réseaux sociaux et des jeunes.
HT
Dr Ismat Nawoor (ministère de la Santé)
« Beaucoup à apprendre des personnes âgées,
pas juste des professionnels »
« Je suis là comme professionnel, mais aussi en tant que parent. Nous devons aussi aborder ce problème avec un autre regard, et pas uniquement avec celui d’un professionnel, car ce problème nous concerne tous, et c’est pour cela que cette plateforme est importante pour sensibiliser la masse. Nous avons actuellement une population vieillissante, mais nous devons le dire, par exemple, moi, j’ai grandi avec les valeurs que mes grands-parents m’ont inculquées. Ils nous ont montré qu’elle était la ligne rouge à ne pas franchir. Malheureusement, ce que nous voyons aujourd’hui est effrayant, et je pense que nous devons voir comment nous pouvons solliciter l’aide des personnes âgées pour qu’elles puissent partager leur expérience de la vie avec nos jeunes. Les enfants ont beaucoup à apprendre, et pas que des professionnels, mais surtout des personnes âgées. »
Karuna Chooramun (Child Development Unit)
« Nous ne râterons pas le coche cette fois »
« Nous avons eu l’occasion de partager sur ce problème, qui concerne tous les ministères. Et aujourd’hui, nous parlons tous d’une même voix pour dire qu’il nous faut un programme travaillé par plusieurs départements dans l’intérêt de nos enfants. Il est vrai que nous voyons ces derniers temps des choses difficiles, chagrinantes, avec des jeunes qui tombent dans des fléaux, mais je ne suis pas fataliste et je pense que nous pouvons mieux faire. Et c’est un bon commencement, nous ne raterons pas le coche, et nous devons trouver les ressources, valoriser les compétences locales et internationales pour résoudre ce problème. Car au final, nous voulons que nos enfants soient aimés de tous, de leurs camarades, de leurs parents et de la société. »
Acting Superintendent Hurry Hosanee (Rehabilitation Youth centre) :
« Pour ces jeunes qui agissent mal, il y a une loi pour eux »
« Ces derniers temps, nous voyons des jeunes dans différentes écoles qui ne respectent pas leur supérieur et même leurs amis. Il est temps de changer tout cela pour les conscientiser, pour leur dire fermement d’assumer leurs responsabilités lorsqu’ils agissent mal. Ils doivent comprendre que l’on ne peut pas tout faire sans qu’il n’y ait des conséquences. Donc, il est bon de modifier la loi pour ce type de délinquance dans les collèges et dans les espaces publics. On doit dire à nos jeunes : si to pe fote, ena lalwa pou twa. Car les jeunes de nos jours prennent le mauvais chemin. Il y a un abus et ce n’est pas correct. Il faut absolument trouver des solutions. »