Le ministre de l’Éducation, Mahend Gungapersad, a réuni les chefs d’établissement des zones 2, 3 et 4 au Mahatma Gandhi Institute (MGI) hier pour passer en revue la question de l’indiscipline et du Bullying à l’école. Il a invité ces derniers à ne pas s’enfermer dans leurs bureaux et à s’intéresser à ce qui se passe dans chaque coin de leurs établissements. Il a également mis l’accent sur l’autonomie, indiquant qu’ils ne doivent pas attendre des directives du ministère pour agir.
Après une première rencontre avec les chefs d’établissement de la zone 1, la semaine dernière, Mahend Gungapersad a réuni ceux des zones 2, 3 et 4. Des recteurs et assistants-recteurs des collèges d’État, ainsi que les Head Masters et Deputy Head Masters des écoles du gouvernement et de la Roman Catholic Education Authority (RCEA), étaient présents. Il a d’abord indiqué qu’il était lui-même dans leur situation avant d’accéder à ses nouvelles responsabilités. « J’ai eu un long parcours dans l’éducation, d’abord comme enseignant à partir de 1994, et en 2003, j’étais le plus jeune recteur à l’époque », ajoute-t-il.
Tout ceci pour dire qu’il comprend parfaitement les difficultés auxquelles ils sont confrontés chaque jour. « Gérer une école est très compliqué de nos jours. Les enfants ont changé, la société a changé. La société s’attend à ce que l’école soit parfaite, mais l’école n’est que le reflet de la société », soutient-il.
Le ministre a invité les chefs d’établissement à prendre le temps de comprendre ces changements dans la société. « La structure familiale est fragilisée de nos jours. Il y a beaucoup de violence, dont la violence verbale, à l’intérieur même de la famille. Sur les réseaux sociaux, c’est encore pire. Il y a des gens qui croient qu’ils peuvent dire ce qu’ils veulent sur qui ils veulent. Si vous ne comprenez pas cela, vous ne pourrez pas gérer les problèmes avec les enfants », poursuit-il.
Il ajoute que c’est la responsabilité du ministère d’équiper les responsables d’établissements pour faire face à ces situations. « Mais vous devrez également faire les efforts nécessaires, autrement, quel type de société aurons-nous dans dix ans ? Quel héritage voulez-vous laisser ? Les Policies ne serviront à rien si vous n’en êtes pas imprégnés et si vous ne faites pas le suivi », fait-il comprendre.
Mahend Gungapersad est d’avis qu’il faut en finir avec le Blame Game et que chacun doit se demander ce qu’il peut faire. Il a précisé que les chefs d’établissements ont maintenant l’autonomie pour agir. « Les défis sont grands devant les comportements violents et la consommation de substances illicites. La semaine dernière, il y a eu une bagarre dans un collège privé et un élève a été gravement blessé et admis à l’hôpital. Au premier trimestre, dans une académie, une fille et un garçon ont été retrouvés allongés par terre après avoir consommé des substances… » révèle-t-il.
Il a ainsi invité les recteurs à quitter leurs bureaux et à s’intéresser à ce qui se passe dans chaque coin de leur établissement. « Je sais que certains aiment le confort du bureau, mais il faut bouger. Si vous faites cela, vous allez apprendre beaucoup de choses. Comment savoir par exemple si les enseignants sont en train de suivre le syllabus ? » prévient-il en citant le cas d’un enseignant ayant donné un Assignment à ses élèves pendant qu’il était sorti téléphoner pendant 50 minutes. « Il y a des personnes comme cela, mais il y a aussi ceux qui sont dévoués et qui pourront vous aider. Entourez-vous de personnes de bonne volonté pour vous épauler dans cette tâche ? » laisse-t-il entendre.
Parlant du Bullying, il fait ressortir que, souvent, cela commence à la maison. « Nous dénonçons le Bullying à l’école, mais il faut savoir que le Bullying existe aussi au sein des familles. Entre parents et enfants ou entre frères et sœurs. Surtout, il ne faut pas oublier qu’un enfant qui a été bullied, va reproduire le même modèle par la suite », concède-t-il.
Le ministre Gungapersad s’attend à voir les responsables d’établissement organiser des activités spéciales le 4 mai à l’occasion de la Journée internationale contre la violence et le Bullying à l’école. Et ce, afin de sensibiliser sur la question.
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RÉACTIONS
Amitranand Kumar Gunoo (Shrimati Indira Gandhi SSS) : « Nous ferons de notre mieux »
« Le message du ministre est clair et net. Il a fait appel pour que tous les recteurs, administrateurs et autres personnes concernées apportent leur contribution pour venir à bout de ce problème d’indiscipline et de bullying. Son approche nous encourage à aller de l’avant.
En tant que recteur, je peux vous garantir que la majorité d’entre nous travaille d’arrache-pied pour empêcher des dérapages à l’école. Nous sommes conscients qu’il faut œuvrer pour une meilleure société dans l’ensemble.
Le ministre a aussi dit qu’il va Empower les recteurs. Maintenant il faut espérer que le côté administratif relevant des autres personnes va aussi suivre, surtout en ce qui concerne l’application du protocole. De notre côté, nous ferons de notre mieux. »
Vikash Ramdonee (United Deputy Rectors and Rectors Union) : « L’autonomie ne doit pas rester qu’une parole »
« Je n’ai pu assister à la réunion pour des raisons de santé, mais de manière générale, je voudrais souligner deux points concernant l’indiscipline. D’abord la question de l’autonomie. Il n’est pas facile pour nous, recteurs de collèges d’État, d’appliquer des sanctions.
Je prends un exemple : récemment, il y a eu une bagarre à la gare de Quatre-Bornes entre deux groupes de filles, venant d’un collège confessionnel et d’un collège d’État. La direction du collège confessionnel a agi et a renvoyé les filles concernées, mais la direction du collège d’État ne peut prendre une telle décision. Pourtant, les deux collèges sont financés des fonds publics, mais l’un a la liberté d’agir et l’autre pas.
J’ai vécu cela personnellement dans l’affaire du RCC. On m’a accusé de n’avoir pas pris des sanctions, mais est-ce que je pouvais en prendre ? Je sais que le ministre est en train de faire beaucoup d’efforts, mais il y a des murs autour de lui. L’autonomie ne doit pas rester qu’une parole. Ceux qui gèrent l’administration doivent appliquer la parole du ministre et nous dire ce que nous pouvons faire.
Le deuxième point que je souhaite aborder et qui devient préoccupant, c’est la question des pratiques religieuses à l’école. Je souhaite que le ministère émette une circulaire à ce sujet pour nous informer de ce qui est autorisé ou pas. Nous sommes dans un État laïc, mais il y a des recteurs qui se retrouvent face à des pressions de la part de certains groupes. Nous devons savoir comment réagir face à cela, surtout qu’il s’agit d’une question très sensible. Il faut une directive claire pour que tout ne retombe pas sur les épaules du recteur. Je peux assurer le ministre que l’Union lui donnera tout le soutien nécessaire pour cela. »
Lakshmee Ramsurrun (vice-présidente de l’UDRRU) : « Davantage de psychologues dans les écoles »
« La rencontre d’hier était motivante dans le sens où le ministre a démontré qu’il est au courant des difficultés auxquelles nous avons à faire face et il nous soutient. Nous sommes tous sur le même bateau et nous devons agir ensemble pour trouver des solutions. Je mettrai l’accent sur l’importance des psychologues dans nos écoles. Ceux qui sont là font déjà un bon travail, mais ils ne sont pas assez nombreux. Il en faudrait au moins un par établissement, voire un pour deux établissements, afin qu’il y ait un suivi régulier.
Dans le même esprit, je suis pour la réduction du Workload des enseignants engagés dans le School Care and Counselling Desk afin qu’ils soient plus disponibles. Parfois, on peut avoir quatre à cinq cas à gérer par jour. Pour ce qui est de l’autonomie, c’est bien que le ministre nous fasse confiance, mais parfois, il est difficile pour nous d’agir, par rapport aux paramètres légaux. C’est pour cela que l’intervention de la Brigade pour la protection des mineurs est importante, pour nous dire dans quelle direction aller. Certains recteurs ont émis le souhait qu’il y ait des amendements à la Children’s Act. De même, pour certains cas, nous n’avons pas suffisamment de formation dans le domaine concerné. Parfois, un psychologue ou un Social Worker est plus adapté. »
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La police et la Santé concernées
La rencontre avec les recteurs a aussi vu la participation de la police à travers la Brigade pour la protection des mineurs, ainsi que du ministère de la Santé. Les policiers sont intervenus sur leurs rôles et pour expliquer de quelle manière ils peuvent aider dans le combat contre l’indiscipline.
Les officiers du ministère de la Santé ont élaboré notamment sur la gestion des épidémies en milieu scolaire. Il a ainsi notamment été question de la prévention contre le chikungunya, qui est d’actualité.
Une frustration certaine
De nombreux chefs d’établissements sont repartis du MGI déçus. Ils étaient venus avec leurs petits carnets pensant qu’ils allaient pouvoir partager leurs idées. Mais tel n’a pas été le cas. « Nous sommes venus voir un show. Le ministre a fait son discours, ses officiers ont fait les leurs, mais nous, personne ne nous a écoutés. Il n’y a pas eu d’interactions », déplorent-ils.
De plus, l’anecdote du ministre concernant une étude qu’il a menée sur les sujets de conversation dans le Staff Room, dans le cadre de son Master, il y a des années, n’a pas été bien accueillie non plus. Selon lui, il avait été observé que le principal sujet de conversation chez les femmes était la belle-mère, suivi des recettes. Chez les hommes, le sujet privilégié était les twiyo lekours…