- Le ministre Bhagwan : « Un projet pilote pour 10 écoles primaires et 10 écoles secondaires des Plaines Wilhems, WeCycle Ltd se chargeant de la collecte et du processus de recyclage »
Nos modes de consommation doivent évoluer : c’est le message lancé lors de la Journée mondiale du recyclage, célébrée, hier, par PIM Ltd sur son site de production au Quay D. PIM représente une solution complète pour le recyclage et la valorisation du plastique. L’entreprise a choisi d’agir pour promouvoir l’utilisation responsable des plastiques et a même pris des décisions allant à l’encontre des stratégies commerciales traditionnelles afin de protéger la planète. Elle encourage l’éco-conception et la seconde vie des déchets plastiques, en misant notamment sur la sensibilisation et la formation. Plusieurs entreprises collaborent avec sa filiale, PIM Recycling Ltd, pour des solutions de recyclage de leurs produits qui redonnent vie à leurs déchets.
PIM Limited a accueilli dans ses locaux une trentaine d’acteurs du secteur du recyclage, collecteurs de déchets et ONG, à l’occasion de cette journée du recyclage. Cela a permis de souligner l’engagement de PIM Limited et de sa filiale PIM Recycling Ltd, ainsi que de renforcer le plaidoyer pour le développement d’une filière de recyclage mauricienne forte et pérenne.
Les invités ont pu découvrir non seulement les installations de PIM, mais aussi les produits et services d’autres recycleurs, notamment une plaque de béton à base de déchets plastiques recyclés. Cette innovation, développée par MS Engineering en collaboration avec PIM Recycling, consiste en la transformation de déchets plastiques en flakes pour créer un béton à la fois résistant et isolant.
Cette démarche représente une avancée non-négligeable pour l’industrie de la construction à Maurice. L’entreprise a également annoncé deux projets pour 2025 : la mutualisation d’un camion de collecte de déchets plastiques en partenariat avec Sofap, Maurilait et la startup Green Impact, ainsi que son soutien à la visite du navire laboratoire Plastic Odyssey à Maurice. Les visiteurs ont aussi pu découvrir le camion Green Impact.
Cette journée spéciale a créé un espace de dialogue direct entre les acteurs du secteur et les représentants du gouvernement, permettant à chacun de partager ses réussites et ses difficultés. PIM Recycling Ltd, lancée en mars 2024, dispose actuellement d’une capacité de broyage de trois tonnes de déchets plastiques par jour et ambitionne de traiter plus de 800 tonnes d’ici à 2026.
Cette initiative s’inscrit dans une démarche plus large de l’entreprise, qui a cessé dès 2016 la production de pailles et de petites cuillères en plastique. Eric Corson, Chief Executive Officer de PIM, a fait état de la participation active de l’entreprise à l’élaboration de la Roadmap sur l’économie circulaire et sa récente intégration au Plastic Committee du gouvernement.
Emplois verts
L’entreprise plaide pour un soutien accru aux opérateurs locaux développant une expertise dans le recyclage et la valorisation des déchets. Elle s’appesantit sur le fait que le recyclage ne devrait pas être une contrainte, mais une opportunité de créer des emplois verts, de développer des compétences locales et de préserver l’environnement mauricien pour les générations futures.
Pour sa part, le ministre de l’Environnement, Rajesh Bhagwan, a évoqué son engagement à travailler en étroite collaboration avec le ministère de l’Éducation pour plusieurs initiatives novatrices visant à transmettre une culture environnementale à l’école. « L’une de ces initiatives est la collecte de vieux papiers, de livres, de cahiers, de journaux et de cartons dans les écoles pour les recycler localement en plateaux d’œufs et en papier kraft. Nous lançons un projet pilote pour 10 écoles primaires et 10 écoles secondaires dans la région de Plaines Wilhems, WeCycle Ltd se chargeant de la collecte et du processus de recyclage. » L’objectif est de favoriser le sens de la responsabilité environnementale chez les élèves et de faire du recyclage une habitude quotidienne.
Le coût de la pollution
Le ministre a souligné la gravité actuelle du problème de la pollution plastique, déclarant que si la tendance actuelle de consommation et d’élimination du plastique se poursuit, les océans contiendront plus de plastique que de poissons d’ici 2050. « En outre, des études indiquent que nous consommons environ 5 g de microplastiques par semaine, soit l’équivalent d’une carte de crédit. De plus, la pollution plastique coûte aux industries telles que la pêche et le tourisme un montant estimé à 2 500 milliards USD par an, » a expliqué Rajesh Bhagwan.
En 2023, la quantité totale de déchets solides générée à Maurice était de 539 086 tonnes, ce qui représente une augmentation annuelle moyenne de 2,5 % au cours des 10 dernières années. La plupart des déchets solides sont enfouis à Mare-Chicose, un site déjà saturé.
Par ailleurs, 46 % des déchets domestiques produits à Maurice sont recyclables, ce qui démontre un fort potentiel pour le recyclage. Actuellement, le taux de recyclage à Maurice est d’environ 4-5 %, bien qu’il existe plus de 30 entreprises enregistrées auprès du ministère pour le recyclage ou l’exportation de produits recyclables.
Shirin Gunny, CEO de l’Association of Mauritian Manufacturers, a invité tout le monde à « changer son regard sur ce qui – trop souvent – est considéré comme un déchet. » Elle est revenue sur la nécessité de protéger les zones sensibles et affirmé que « le recyclage, l’économie circulaire et la revalorisation des déchets sont des piliers d’une industrie de l’avenir. »
Elle a ajouté qu’il fallait cesser de voir le recyclage comme une contrainte, tout en saluant les efforts des recycleurs locaux. « Être un recycleur, c’est être un manufacturier, un acteur qui produit, transforme et innove. Un recycleur crée des emplois verts et propose des solutions pérennes », dit-elle encore.
Elle a appelé à une collaboration accrue entre Maurice et La-Réunion sur les enjeux environnementaux, avant de lancer cette question à l’assistance : « Pourquoi envoyer nos déchets à l’autre bout du monde alors que nous pouvons les transformer ici ? Nous avons tout pour réussir : les compétences et la volonté. Nous sommes prêts à relever ces défis. »