Économie bleue : La “Mauritian Oceanographic Expedition” lancée à St-Brandon

« Je dois avouer que l’économie bleue demeure encore un concept très vague pour beaucoup d’entrepreneurs et de membres du public. En effet, c’est un concept évolutif et multidisciplinaire qui englobe certaines activités historiquement connues, soit le secteur de la pêche, mais aussi des secteurs plus innovants et avant-gardistes comme la biotechnologie marine », affirme Sudheer Maudhoo, le ministre de l’Économie bleue, des Ressources marines et de la Pêche, à Rivière-Noire, lors du lancement officiel de la Mauritian Oceanographic Expedition, qui comporte que des compétences mauriciennes, à Saint-Brandon.

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Le ministre fait ressortir que l’économie bleue regroupe ainsi un ensemble d’activités humaines qui, d’une part, organisent, de manière intégrée, équitable et circulaire, la production, la distribution, l’échange et la consommation de biens et de services issus de l’exploitation des ressources aquatiques (pêche, biotechnologies et énergies alternatives, entre autres) ou de l’utilisation des supports que constituent les milieux aquatiques (transport maritime et tourisme balnéaire). Et, d’autre part, celles qui concourent à améliorer l’état de santé des écosystèmes aquatiques en instaurant des mesures de protection et de restauration.

« L’économie bleue englobe beaucoup de concepts, dont l’eau douce, les énergies alternatives, le tourisme, mais la pierre angulaire reste et doit rester la notion de durabilité et de protection de nos écosystèmes ainsi que la création d’aires marines protégées, le tout dans un contexte général de changement climatique, afin de ne pas répéter les erreurs du passé et de construire notre résilience climatique », affirme Sudheer Maudhoo.

Le ministre a remercié le gouvernement français à travers Florence Caussé-Tissier, ambassadrice de France à l’île Maurice, qui, par le biais de l’Agence Française de Développement, a fourni l’assistance nécessaire à Adapt’action, pour permettre de définir la vulnérabilité de Maurice. « Avec le changement climatique, la restauration de nos lagons demeure une priorité pour le gouvernement » , avance-t-il.

Le ministre Maudhoo a rappelé que son ministère a lancé plusieurs mesures pour restaurer les lagons dont entre autres l’interdiction d’y jeter l’ancre pour protéger nos coraux, le moratoire sur les nouveaux permis de pêche à la senne, le recensement des lagons avec 25 millions d’alevins, le développement et la modernisation des flottes de pêche artisanales, la formation des pêcheurs artisanaux qui devront apprendre à se réinventer dans un contexte difficile.

L’université de Maurice, avec la collaboration des ONG, est activement engagée dans la restauration des récifs. L’International Union for Conservation of Nature, avec le soutien d’une série d’ONG, planche déjà sur la restauration des récifs en partenariat avec le secteur privé. Il fait comprendre que la microfragmentation sera bientôt une réalité.

De son côté, l’Institut océanographique de Maurice a formé 105 pêcheurs dans la culture de coraux, soit la pépinière de coraux, la transplantation et le suivi, dans les régions de Quatre-Sœurs, Grand-Gaube, La-Gaulette et Bel-Ombre.

Fort de cette expérience, le National Environment and Climate Change Fund a entamé une deuxième phase du projet sous l’Assistance Scheme for Coral Farming and Fish Breeding pour un montant de Rs 25 millions. Trois cents pêcheurs seront concernés, notamment à Belle-Mare, Bel-Ombre, Le Morne et Grand-Gaube.

« Je me suis aussi attelé à développer le secteur du tourisme de croisière et des services offerts aux bateaux commerciaux croisant dans notre région, même si ces initiatives demeurent un défi pour moi. Il nous faut aujourd’hui sortir des sentiers battus, nous lancer vers l’avenir en innovant et en développant de nouveaux secteurs pour nous permettre de relever notre économie de façon différente, inclusive, durable, et construire de nouveaux piliers. L’économie bleue représente cette opportunité qui permettra à notre économie de rebondir et de grandir, en diversifiant nos activités et en utilisant, de façon durable, les ressources que la nature nous a données », poursuit le ministre.

La Zone économique exclusive (ZEE) du pays s’étend sur 2,3 millions de kilomètres carrés. Au vu de la taille de cette ZEE inexploitée, Maurice a tout le potentiel pour devenir un acteur majeur dans le secteur des ressources naturelles marines.

Selon le ministre, les pays africains ont des minerais et les pays arabes l’or noir. Tandis que Maurice dispose de sa ZEE pour rivaliser avec les autres. « C’est pour cette raison, que je trouve inacceptable que nous soyons toujours dépendants de l’importation des fruits de mer, qui représente plus de 60% de notre consommation locale », indique-t-il.

Dans ce contexte, le ministre Maudhoo a félicité Nancy Brochu, présidente d’Oceanyka et Vassen Kauppaymuthoo pour cette première expédition océanographique 100% mauricienne vers Saint-Brandon. « Cette activité permettra à nos jeunes de prendre connaissance du potentiel réel de l’économie bleue comme secteur innovateur, avec l’implication de nouvelles générations d’entrepreneurs écoresponsables et des chercheurs qui nous permettront de travailler d’un commun accord, en faisant équipe avec le gouvernement, les ONG, la population et les autres membres du secteur privé, pour la construction de cet édifice, pierre par pierre », souligne-t-il.

D’autre part, André Pouilles-Duplaix, directeur de l’Agence régionale pour Maurice et les Seychelles (Agence France de Développement), est d’avis que le lancement de l’expédition marine de recherche relative sur la biodiversité à Maurice est une étape essentielle dans la vie du projet.

« Cette expédition constitue, en effet, un des piliers de la mise en place de plateformes de dialogue autour de la biodiversité à Maurice, au même titre que le projet de recherche mené par le Pr Vincent Florens et son équipe de l’université de Maurice. Les résultats scientifiques attendus doivent permettre d’alimenter lesdites plateformes multi-acteurs avec pour ambition d’aider les décideurs publics à opérer leurs choix d’investissements ou de réglementations de manière sereine », déclare-t-il.

En tant que Hotspot mondial de la biodiversité, Maurice a la responsabilité de prendre les mesures nécessaires en termes de protection, de conservation et de restauration de la biodiversité et ce, de manière urgente. Le préalable, a-t-il souligné, est de disposer d’informations fiables de sorte à informer les décideurs. Il a cité les trois principaux aspects qui seront couverts par l’expédition scientifique pilotée par Vassen Kauppaymuthoo et l’équipe de chercheurs embarquée. D’abord, une caractérisation de la richesse en matière de biodiversité du plateau des Mascareignes, le chiffrage du potentiel de séquestration carbone du plus grand herbier au monde. Et enfin, une évaluation des services écosystémiques que rend l’océan.

« Ceci doit notamment permettre d’identifier les zones prioritaires et de faire des recommandations en matière de gestion pour étendre les aires protégées qui constituent aujourd’hui moins de 1% de la zone économique de Maurice » fait-il comprendre.
Afin de documenter l’expédition, des moyens de communication ont été mis à disposition d’Oceanyka pour filmer les principales en vue de sensibiliser public ainsi que les sphères publique et privée. L’AFD a aidé financièrement Business Mauritius pour ce projet de recherche. La France, à travers l’AFD, souhaite continuer d’accompagner Maurice à la fois dans le dialogue de Politiques publiques et citoyennes, mais aussi dans les projets qui participent à une plus grande résilience de la République de Maurice.

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