École familiale de l’Ouest : la voie pour sortir des sentiers battus

La directrice Nicole Burzoo:  « Notre mission : aider les jeunes de 14 à 18 ans à se former afin d’être mieux préparés pour affronter le milieu professionnel »

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Il y a 15 ans de cela, l’École familiale de l’Ouest (EFO)  sortait de terres à Pierrefonds dans les locaux de Medine avec seulement 18 élèves . Aujiurd’hui, elle en compte 75, venant de Chamarel, Baie-du-Cap, Case-Noyale mais la majorité vient de la région de Bambous.
Nicole Burzoo, la directrice de l’EPO, indique que maintenant ils sont issus de Beau-Bassin, de Rose-Hill, du Foyer Père-Laval et d’autres Shelters. Ils apprennent les mathématiques, les Social Studies, l’anglais, le français, l’informatique et l’agriculture.
L’objectif de ce centre de formation professionnel qui se situe à l’arrière de la cour de l’église Saint-Sauveur, à Bambous, était de former des jeunes de l’Ouest de 14 à 18 ans « hors du circuit scolaire ». Une quinzaine d’étudiants sont actuellement en stage dans différentes entreprises de la localité évoluant dans le secteur de l’hôtellerie, le bâtiment, la mécanique, la coiffure et au sein de l’agriculture.

Nicole Burzoo affirme : « étant une association regroupant des familles, l’École familiale de l’Ouest, comme l’indique son nom, contribue à la formation des parents pour qu’ils exercent leurs droits à l’éducation, l’orientation et la formation professionnelle des jeunes. Nous sommes affiliés à l’Adolescent Non Formal Education Network (ANFEN) qui s’occupe des élèves ayant des difficultés. Les élèves que nous accueillons rencontraient des difficultés dans leurs anciennes écoles. Le niveau parfois trop élevé les désavantage, ils ont besoin d’un programme adapté et d’une attention particulière car les enfants viennent de différents milieux sociaux. »

Les enfants sont répartis en trois niveaux différents. Dans la classe du niveau 1, certains découvrent leur nouvel environnement, ils ont un niveau basique et l’enseignant reprendra les bases, leur apprendra à calculer correctement, à améliorer leur français et leur anglais. « Nous utilisons différents moyens. Le but est d’être amusant et éducatif à la fois pour qu’ils retiennent l’essentiel », fait ressortir Nicole Burzoo.
Le deuxième niveau est en rapport avec les visites d’études : aider les élèves à découvrir les entreprises dans lesquelles ils seront appelés à suivre leurs stages. Et troisièmement une fois que l’élève aura atteint 16 ans il ira en stage d’observation. « Notre mission : aider les jeunes de 14 à 18 ans à se former afin d’être mieux préparés pour affronter le milieu professionnel », souligne la directrice de l’EPO.
L’école propose donc une approche inclusive en mettant l’accent sur cette nouvelle manière de faire tout en favorisant l’émancipation personnelle de chaque élève. En plus, l’EFO offre chaque jour un petit-déjeuner aux élèves. Ce sont des ex-employés de la Mauritius Commercial Bank qui ont assumé cette responsabilité ; ils offrent des bananes, du fromage et du lait. Ils le font en toute discrétion. Des gestes qui font chaud au cœur.

« Moments difficiles et de joie »

« Nous avons traversé des moments difficiles. Mais ils ont été très vite oubliés par la joie partagée avec les anciens et nouveaux élèves que j’ai accompagnés tout au long de leur parcours scolaire. Je n’ai pas seulement partagé avec eux ma connaissance et mon expérience, j’ai beaucoup appris, découvert de grandes qualités chez les parents et les élèves. Nous nous respectons mutuellement. Je dois dire que depuis j’ai commencé à travailler ici, chaque matin, j’éprouve une immense joie car je me dis que j’ai un grand défi à relever », confie cette mère de trois filles dont deux se trouvent au Canada et une à Maurice.

« Je me suis forcée à apprendre et à épouser le langage des jeunes, leur style pour mieux comprendre leur réalité qui n’est pas toujours facile. Que de moments de bonheur ! Ces jeunes m’ont fait découvrir la simplicité » ajoute-t-elle avec une satisfaction à peine dissimulée.
Elle n’oubliera jamais cette élève de 15 ans, orpheline, qui louait une maison avec son frère dès qu’elle avait commencé à travailler après une formation à l’EFO. « J’ai été témoin de son dévouement, de sa force, sa persévérance pour sortir dans la situation difficile dans laquelle elle se trouvait. Je la cite souvent comme exemple », confie-t-elle alors que dans l’enceinte de l’église de Saint-Sauveur s’est transformée en une authentique cour de récréation avec des émèves comme dans les autres institutions scolaires de l’ile.

TÉMOIGNAGES

Père Sylvio Lodoïska, curé de la paroisse

« L’empreinte du père Serge Ah-Kong »

« Lorsque nous parlons de l’EFO, nous n’avons pas le droit d’oublier le père Serge Ah-Kong, décédé deux ans de cela. Un jour, il avait raconté son combat pour que l’école Saint-Léon de Quartier-Militaire ne ferme pas ses portes. Cet établissement avait été fondé pour éduquer des enfants issus de familles pauvres, avait-il l’habitude de rappeler.
« Il y a trois écoles techniques à Maurice qui portent l’empreinte du père Serge Ah-Kong, l’école EFO à Bambous, l’école technique René Verbruggen à Souillac et à Quartier-Militaire. Il avait toujours cru qu’il faut donner une seconde chance aux élèves qui sont hors circuit, aux enfants. Il disait toujours que chaque enfant a sa propre histoire et son propre vécu. »

Fabien Raffaut (adjoint au recteur à l’EFO)

« Transmettre des valeurs aux jeunes »

Fabien Raffaut, adjoint au recteur à l’EFO depuis voilà cinq ans, a fait ses débuts avec le sport pour entraîner les élèves. « Nius ne pouvons tout avoir dans la vie. Mais je suis fier d’avoir permis à un bon nombre d’élèves de décrocher un emploi après avoir obtenu de bons résultats à la suite de beaucoup d’efforts. »
L’adjoint fait aussi la liaison entre les entreprises et les élèves en stage. Il accompagne les parents d’élèves dans leur cheminement avec les élèves. « Je dois dire que cette école m’a fait vivre des expériences formidables, m’a permis de découvrir les grandes qualités des élèves et de transmettre des valeurs aux jeunes. »

Le père de Jonathan Sophie

« Mon fils gagne bien sa vie aujourd’hui »

Jonathan Sophie, dont le père est enseignant de musique, fréquente lui aussi l’EFO. Alors âgé de quelques mois, raconte le père de Jonathan, ce dernier avait un gros problème de santé, faisait le va-et-vient entre l’hôpital et la clinique. Par la suite, il avait été inscrit pour sa scolarité secondaire au collège SSS de La-Gaulette.
Ayant dû s’absenter plusieurs fois à cause de complications de santé, Jonathan Sophie était contraint de rester à la maison. « Un matin, j’ai croisé en cours de route Nicole Burzoo, la directrice de l’EFO, je lui ai fait part de mes soucis avec Jonathan. Elle m’a conseillé de venir l’inscrire au sein de cet établissement scolaire. Le lendemain, je me suis rendu à l’EFO.», se souvient-il.
Jonathan y avait opté pour des cours en mécanique. À force de persévérer, il a fini par entreprendre un stage comme mécanicien chez ABC Motors. Après avoir travaillé pendant quelque temps, « Jonathan a été affecté à Phoenix où il s’est spécialisé dans la mécanique automobile ; et mon fils gagne bien sa vie aujourd’hui », déclare-t-il avec la fierté d’un père comblé.
Marié et père d’une fille, Jonathan, âgé aujourd’hui de 27 ans, ne compte que sur lui pour subvenir aux besoins de sa petite famille. « Je suis très reconnaissant envers Nicole Burzoo, la directrice de ce centre professionnel. Je n’arrêterai jamais de la remercier», avouera le père tut reconnaissant.

D’autres exemples

de réussite

Lucas Maryapa, qui fréquente l’EFO, a suivi un stage de six semaines dans la serre de Gros-Cailloux. Il s’intéresse depuis très jeune à la culture hydroponique : « J’ai l’intention de me mettre à mon compte. J’ai commencé à comprendre les techniques de cette culture, je vais persévérer parce que je crois que c’est un secteur qui promet beaucoup. »
Patrick Résidu, superviseur chez UBP, a un garçon et une fille. Tous deux ont fréquenté l’EFO. Naomie, âgée de 21 ans, a suivi un stage chez Marion Coiffure. Son fils Ezekiel est un employé de SOFAP en tant que spécialiste en peinture.
Naomie a continué à travailler chez un coiffeur à Cascavelle et s’est lancée ensuite dans la manucure et la pédicure : « Je suis très fier de sa performance dans ce domaine. Elle gagne facilement sa vie en étant complètement indépendante. Je suis fier du progrès accompli par mes deux enfants grâce à l’EFO. Nous n’allons pas cesser de remercier Mme Burzoo et tout le personnel de l’école qui se dévouent pour nos enfants. »

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