- Maurice ordonne une enquête préliminaire sur le naufrage
- Des associations de l’environnement interpellent les autorités réunionnaises: « Il n’y a pas de petite pollution »
- 10 des 11 marins sont déjà rentrés à Maurice
Le gouvernement mauricien a pris la décision d’instituer une enquête préliminaire sur le naufrage du pétrolier mauricien à La Réunion jeudi dernier en plein cyclone tropical Batsirai. Cette enquête sera présidée par le capitaine Hubert Noël, Principal Nautical Surveyor, et aura pour assesseur le capitaine Asiva Coopen, Deputy Director of Shipping du ministère de tutelle.
Entretemps à La Réunion les travaux s’activent pour le renflouage du Tresta Star avec en toile de fond une fronde des associations de protection de l’environnement qui déclarent qu’il « n’y a pas de petites pollutions ».
10 des 11marins sont par ailleurs rentrés au pays mercredi dernier.
La conséquence la plus spectaculaire du passage de Batsirai dans l’océan Indien a, sans doute, été l’échouement du pétrolier-souteneur mauricien, le Tresta Star, qui s’est encastré dans la nuit du 3 ou 4 février sur la côte sud-est de La Réunion, au Tremblet, au niveau d’une coulée volcanique qui avait atteint la mer en 2007. Les 11 hommes d’équipage du souteneur, qui appartient à la filiale mauricienne du groupe indien Shiny Shipping and Logistics, ont heureusement pu être secourus.
Bien que toutes les assurances avaient été données par les autorités locales, des traces de fuel ont été repérées aux alentours du point d’impact du bateau. Elles correspondraient à des résidus de cargaisons antérieures, selon la préfecture de La Réunion, mais les associations de l’environnement de l’île-sœur ne l’entendent pas de cette oreille et ont interpellé les autorités françaises, en faisant bien comprendre qu’il « n’y a pas de petite pollution », et ont même manifesté sur les lieux de l’accident.
Manif des associations de
protection de l’environnement
En effet les 8,000 litres de mazout qui se trouvaient dans les cuves du pétrolier Tresta Star ses sont volatilisés sur les côtes réunionnaises. Trois associations de protection de l’environnement, ATTAC, Extinction Rebellion et Greenpeace ont interpellé l’État français quant aux solutions mises en œuvre pour réduire au minimum toute pollution de l’île à la suite de cette catastrophe. . Les autorités déclarent accepter cette « petite » pollution puisque, le gazole de propulsion, léger et volatile, devrait se disperser sans risque « majeur » pour l’environnement.
Les associations de l’environnement de l’île-sœur n’en démordent pas et se demandent si La Réunion est prête, au niveau sécurité environnementale, à faire face à une éventuelle marée noire, comme ce fut le cas pour Maurice avec le Wakashio.
S’appuyant sur des revendications légitimes et déterminées des militants de XR Extinction Rebellion, Attac et Greenpeace ont manifesté avec des panneaux appropriés auprès du bateau échoué.
L’une des questions majeures est de savoir comment et pourquoi le bateau s’est retrouvé, en plein épisode cyclonique, aussi loin des côtes mauriciennes, au mépris des règles de sécurité pour les marins à bord.
Les associations de l’environnement de la Réunion estiment avoir le droit d’interroger les autorités sur les responsables de cette mise en danger du littoral et de l’environnement réunionnais, ainsi que sur le financement des réparations des dégâts.
Que faisait le bateau dans
les eaux réunionnaises ?
Enfin, si ce bateau avait fait le plein de carburant quel est le plan de dépollution qui est prévu à La Réunion ?
De même la question de la politique de la prévention des risques de marée noire à La Réunion a été posée. Dans ce contexte, le ministère de la Mer de France a dépêché un inspecteur pour étudier les circonstances qui ont conduit à cet accident.
Ainsi, les marins ont été emmenés à s’expliquer sur leur présence dans les eaux réunionnaises. Ils ont expliqué que leur bateau de 74 mètres, dédié à l’avitaillement des cargos, est de construction récente et n’avait pas eu le temps de regagner sa base de Port-Louis à l’approche du cyclone. Surpris par la trajectoire de Batsirai, ils ont perdu le contrôle du Tresta Star qui voyageait à vide et a commencé à dériver en direction de l’île-soeur, avant de s’échouer. L’armateur a aussitôt envoyé à La Réunion une équipe de spécialistes du sauvetage de navire et un remorqueur est arrivé au niveau de Tresta Star, lundi dernier. En attendant, 10 des 11 membres de l’équipage sont rentrés à Maurice, mercredi dernier et sont en auto-isolement au Seamen Hostel, après que l’un d’eux ait été testé positif à l’aéroport international SSR. Un onzième marin n’avait pas été du voyage car il avait, lui, été testé positif au Covid-19 à La Réunion.
Les travaux de pompage
ont commencé
Devant cette montée de protestation, la préfecture de la Réunion a émis, mercredi dernier une interdiction provisoire de la circulation maritime, du stationnement, de mouillage, de la pratique des activités nautiques, aquatiques ou sportives et les mises à l’eau d’embarcations aux abords du lieu où s’est échoué le Tresta Star. Entretemps, il a été établi que le pompage des cales, qui se sont remplies d’eau de mer, était une nécessité absolue avant toute tentative de remettre le bateau à flot.
Étant donné les circonstances de l’échouement du Tresta Star, le bouger de sa position actuelle s’annonce difficile. L’expertise menée sur le navire mauricien montre qu’il présente des fragilités, notamment au niveau de la coque. Une brèche de trois mètres a été repérée dans le compartiment des machines et la structure est profondément atteinte. Si elle ne fait pas craindre de rupture, son remorquage semble, toutefois, compliqué. Il apparaît que le navire est profondément touché et que les rochers qui ont percé la cale rendront sa sortie difficile.
L’opération de pompage a débuté jeudi sur le Tresta Star, où le carburant a été transféré par hélicoptère sur le remorqueur Vasileios. Ainsi, les investigations dans les parties immergées du navire ont pu débuter vendredi. Sans compter que le Salvage Master va constater l’état de la coque pour proposer des solutions de colmatage. Entre-temps, le nettoyage des déchets sur le navire se poursuit. Les pneus, cordages et pots de peinture, entre autres, sont évacués par hélicoptère dans de gros sacs. Cet exercice se poursuivra ce week-end.
Onze experts et deux remorqueurs ont été mobilisés pour éviter toute atteinte à l’environnement.La durée de ces opérations de pompage, débutées mercredi, est conditionnée à la houle et aux accès aux compartiments les plus éloignés du pont. Pour des raisons de sécurité et jusqu’à nouvel ordre, l’accès au site de l’épave est toujours interdit, que ce soit par voie terrestre ou maritime. Afin de ne pas entraver les opérations aériennes, les survols de drones sont également interdits. Et ce, dans l’attente que les opérations de renflouage soient terminées.