Dans le cadre des dix ans de Dukesbridge, Rishi Nursimulu, compositeur, fondateur de l’établissement et qui y enseigne aussi a lancé, jeudi matin ,la chanson Ansam, destinée à sensibiliser les jeunes à la violence. Cette chanson a réuni 500 enfants venant de différentes écoles de Maurice dont les collèges Lorette, MGI et autres, main dans la main, avec ceux des élèves de Dukesbridge, les pieds dans l’océan formant une chorale géante et chantant d’une seule voix Ansam. Le but : diffuser à grande échelle un message de lutte contre la violence.
On sent dans la voix de Rishi Nursimulu l’étendue de ses émotions. Comme enseignant, il se dit concerné par la montée de la violence qui prévaut dans de nombreuses écoles à Maurice. « J’ai ressenti ce besoin d’agir. Pour moi, il est inconcevable de chanter “As One people as one nation” et de voir des enfants se livrer à des altercations déplorables. »
Ce n’est pas la première fois que ce sujet préoccupe cet enseignant. Tous les ans, il se fait un devoir de proposer un thème pour générer une prise de conscience auprès des élèves. En 2023, il avait proposé le thème “Happy 23”, qu’il avait écrit et qui avait été porté par la voix de Laura Beg. Le but, explique-t-il, était de faire prendre conscience aux élèves qu’être heureux est aussi bon pour la santé.
Pour 2024, cet enseignant a décidé de se concentrer sur un thème fort, l’unité, placé sous le hashtag #TogetherMorein2024. La chanson étant un véhiculeur de mots, Rishi Nursimulu a donné de la couleur et la texture à la chanson Ansam pour que les enfants comprennent qu’il ne faut pas se laisser intimider face au bizutage. « À travers Ansam, le but de ma démarche est de faire chaque enfant prendre conscience qu’ils sont maîtres de leur destin et qu’ils ont ce pouvoir de ne pas se laisser intimider par les autres. »
Il évoque, au passage, son sentiment de satisfaction face à l’écho de ces paroles qui ont été porteuses d’espoir pour les élèves. « J’ai été heureux de les entendre expliquer avec leurs mots d’enfant cette chanson après l’avoir chantée. Cette réappropriation du texte à travers leur propre regard est intéressante. La musique est plus qu’un divertissement, mais en parallèle une forme d’éducation alternative. En faisant participer les élèves à ce combat contre la violence, on leur donne aussi une voix pour défendre les droits des victimes. »
Si Rishi Nursimulu a écrit les paroles et la musique de Ansam, Geraldo Pierre, musicien parent d’élève de Dukesbridge, a arrangé la maquette musicale. « Ma femme Shannon et nos trois garçons ont travaillé sur les harmonies vocales avant d’enseigner la chanson à nos 200 membres du personnel et aux 1 500 enfants de l’école Dukesbridge. Murvin Clélie a ajouté sa voix sur la maquette. »
Pari réussi
Faire porter haut le message d’Ansam, le défi était pressant et le pari réussi. Rishi Nursimulu n’a pas hésité à s’entourer d’une pointure musicale en la personne de Murvin Clélie (The Prophecy). Ce dernier a souvent collaboré avec Dukesbridge lors de la collaboration entre élèves et avec d’autres chanteurs de la trempe de Laura Beg, Jason Heerah. « Cette collaboration avec Murvin Clélie apporte une dimension unique aux paroles profondes du texte “Ansam” que j’ai écrit. The Prophecy compte plusieurs fans et tout cela a contribué pour donner une grande dimension à ce projet. »
Rishi Nursimulu insiste que tout ne repose pas sur le vivre-ensemble à Maurice. « Ce n’est pas le fait d’être de différentes cultures et origines qui fait de nous une nation unie. La véritable unité repose avant tout sur une mutuelle acceptation, et non par le simple fait qu’on puisse se détruire par la violence. Pour être “ansam, enn sel lepep, enn sel nasyon”, il faut arrêter la violence, autrement unité et solidarité ne sont que de vains mots. » Rishi parle de prise de conscience et se dit confiant qu’un enfant est porteur d’un beau message, car dit-il, « l’enfant a cette capacité de rêver d’une île Maurice paisible et c’est cela qui peut faire avancer les choses ».
Pour les dix ans d’existence de l’école Dukesbridge, Rishi Nursimulu évoque avec fierté « ce meilleur » cadeau d’anniversaire inespéré. « Sur un plan personnel, voir 500 enfants de toutes ces écoles formant une cohorte géante pour d’une seule voix entamer le morceau “Ansam”, cela démontre qu’à travers nos chansons, nous pouvons transformer notre nation. Et ce, par le biais des voix d’enfants, car à travers eux, c’est l’avenir de notre pays qui s’exprime. J’invite les médias à faire connaître la chanson “Ansam” qui exprime ce véritable sens de vivre-ensemble comme un seul peuple, une seule nation désireuse de mettre un terme à toutes les formes de violences sans indistinction. »
Rishi Nursimulu formule un souhait : « Faisons de cette chanson un hymne qui résonne dans le cœur de tous les Mauriciens, qu’ils soient ici ou d’ailleurs Plus ils l’entendront, plus ils croiront en la possibilité d’une nation unie et seront plus attentifs à mettre fin à la violence. »